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#MWC15 : Dans les premières lueurs de l'aube à la découverte de Blackphone, Oral B et Ford

Imaginez un flot de milliers de personnes se rendant au même endroit, par le même métro et la même gare. Imaginez-les en train d’entrer dans un immense centre de conférence divisé en huit halls de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés, autant de forteresses accueillant à peu près toutes les marques liées de près ou de loin à la mobilité. Fermez les yeux, vous êtes au Mobile World Congress.

Edge Of Innovation

Et nous y sommes aussi depuis les premières lueurs de l'aube. En passant les tourniquets de sécurité, on s’aperçoit très vite que le salon n’a pas beaucoup changé : les grands constructeurs ont réservé les emplacements les plus proches des escalators pour maximiser l’attention des journalistes. Cette année, Huawei fait face à Samsung, comme si la guerre entre les géants asiatiques se menait sur tous les fronts, des produits jusqu’au choix du lot réservé pour les exposer. Rien n’a été laissé au hasard dans ce temple où les marques cherchent, par tous les moyens de communiquer mieux que leurs concurrents pendant une semaine.

Neuf heures sonnent, et c’est Silent Circle qui ouvre la journée, en marge de l’événement de Nokia. Silent Circle, c’est une société suisse dans laquelle tout le monde a un accent américain et où l’un des dirigeants est un ancien des Navy SEAL. Visiblement remonté contre les gouvernements et les hackers (Nord-Coréens sans aucun doute), la société a choisi de créer un smartphone qui serait, enfin, sécurisé. Il permettrait aux entreprises de ne pas subir les mêmes affronts que Sony Pictures et aux journalistes de ne pas avoir à mettre leur vie en danger au moment de transmettre des informations sensibles.

Mike Janke, qui ressemble de loin à Chris Kyle, l'American Sniper de Clint Eastwood, le clame haut et fort : « nous ne faisons pas de selfy stick, nous ne faisons pas d’écrans courbés, nous faisons des smartphones sécurisés. » La vanne touche juste : le public de journalistes sait à quel point la confidentialité des données a été l’une des grandes questions de l’année qui vient de se terminer et qu’elle ne se résoudra pas en faisant l’autruche. Les industriels, de leur côté, préféreront à n’en pas douter un écosystème sûr à une catastrophe comme celle qu’a connu Sony fin décembre 2014.

Mais de quel produit parle-t-on ? Silent Circle affirme que si la sécurité des données est un problème complexe, la seule réponse adéquate passe par une maîtrise complète de tout l’écosystème lié au smartphone : hardware, software et services tiers. Par exemple, vous aurez beau mettre une « couche de sécurité » sur votre appareil, si le système d’exploitation que vous utilisez n’est pas sécurisé et que vous êtes une cible, cela ne fait aucun doute que l’on arrivera à retrouver les informations que vous cherchez à cacher. La société cherche donc à proposer un ensemble de prestations, qui vont du smartphone au service de communication crypté.

 

Blackphone up

Avec son Blackphone 2 et sa tablette Blackphone +, Silent Circle contrôle le hardware. Les appareils sont construits, d’après Bill Conner, CEO de la firme, dans des usines chinoises dont les chaînes de production sont contrôlées par des employés de Silent Circle. Une fois sous scellé, le smartphone peut être envoyé à son futur propriétaire, qu’il soit un particulier ou une entreprise.

Il découvrira alors un système d’exploitation nommé PrivatOS, développé par deux noms de la sécurité informatique : Phil Zimmermann, qui n’est rien d’autre que le créateur du protocole de cryptage PGP et Jon Callas, créateur du Full Disk Encryption d’Apple. Le système d’exploitation, entièrement crypté à partir d’une clef qui n’est détenue que par l’utilisateur est fondé sur la virtualisation : l’appareil « duplique » le système d’exploitation pour chaque utilisation. Vous pourrez donc avoir une interface cryptée pour tout ce qui touche à votre entreprise et une deuxième interface, cryptée différemment, pour votre usage personnel. Les deux sont hermétiques.

c_blackphone2 - copie

Cela permet également de créer des interfaces ad-hoc, nommées Silent Spaces, pour des occasions : créez une interface avec les fichiers et applications nécessaires à une présentation de votre enquête à votre rédacteur en chef et détruisez-la immédiatement après votre rendez-vous. PrivatOS embarque aussi un logiciel nommé Silent Meeting qui permet de faire des appels groupés entièrement sécurisés. Du côté des services enfin, Silent Circle propose des forfaits VoIP, SMS ou transferts de fichiers, cryptés eux aussi, pour les gens qui ne voudraient pas changer de système d’exploitation.

Une réponse adaptée à une demande croissante des entreprises qui commencent à comprendre les besoins d’investir dans une infrastructure complètement sécurisée et qui n’ont plus BlackBerry pour les aider. L’ancien monstre de la téléphonie est clairement dans le collimateur de Silent Circle : son nom a été cité une dizaine de fois. Tirer sur un blessé ? Peut-être, dans la mesure où les entreprises et administrations se sont depuis quelques années massivement tournées vers Apple et Android pour ré-équiper leurs parcs mobiles.

Pour autant, dans le secteur de la sécurité avant tout, on trouve peu de concurrents qui prennent autant leur mission à coeur que Silent Circle. Dans les allées du MWC, on peut croiser Lockphone, qui semble avoir la même approche mais dont les méthodes paraissent bien faiblardes en comparaison. Extrait de conversation :

— Bonjour, pouvez-vous m’indiquer quelles sont les protocoles de cryptages utilisées par vos smartphones ?

— Il s’agit d’un bouton dans les paramètres à activer pour qu’un pont soit fait entre deux utilisateurs possédant un Lockphone. (sic)

— Et où sont construits vos appareils ?

— En Chine.

Voilà l’intégralité du pitch, ce qui n’est pas pour rassurer le particulier que je suis — difficile dans ces conditions d’ouvrir un débat sérieux avec une entreprise. Silent Circle pourrait donc avoir un marché à saisir.

 

Connecte-moi un mouton

C’est dans les salons comme celui-là que l’on voit à quel point le marché est énorme. D’une allée à l’autre, on passe des sujets les plus fondamentaux et graves aux problématiques les plus futiles. Par exemple, saviez-vous qu’aujourd’hui, votre brosse à dent peut être connectée ? Oral-B est présent cette année au MWC pour montrer à quel point le brossage de dents peut se projeter dans le futur, au même titre que les voitures volantes et les jetpacks. La compagnie n’a pas fait les choses à moitié et propose un test grandeur nature, dans une reconstitution de salle de bain.

La brosse à dent se connecte en bluetooth à un smartphone et va transmettre des informations à une application chargée d’analyser les données : durée du brossage, pression sur les dents avec la brosse, efficacité des passages dans les différentes zones etc. Comme nous sommes encore à l’ère du web social, vous pourrez partager vos scores de brossage de dents sur les réseaux. L'appareil entre clairement dans la tendance actuelle des objets connectés et s’inscrit plus précisément dans le suivi de la santé. On ne peut pas reprocher à Oral-B de tenter des choses et le constructeur s’en sort plutôt bien : l’application est clean et réactive et le suivi est intéressant.

En faisant un demi tour, c’est sur Babolat que l’on tombe, venu présenter sa raquette connectée, qui va suivre votre entraînement, faire un historique de votre progression et vous donner des conseils pour vous perfectionner. Tout le challenge technique aura été de faire une raquette traditionnelle, aussi légère que les raquettes non connectées et répondant aux normes de la discipline pour que les professionnels puissent l’utiliser. D’ailleurs, le fabricant annonce avec un sourire que Nadal utilise cette raquette au quotidien.

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Quelques dizaines de mètres plus loin s’enchaînent les montres connectées, que l’on trouve un peu partout sur le salon, tant est si bien qu’on arrête d’y faire attention. La société suisse MyKronoz présente ses nombreux modèles, allant du bracelet connecté à la montre. Ici aussi, tout est fait en Chine, « comme Apple », s’entend-on dire souvent, pour ne pas que cela sonne comme un aveu de faiblesse.

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Ces montres conçues en Suisse font tout ce que l’on peut attendre d’une montre connectée : analyse du sommeil, notifications, compteurs de pas etc. Le fondateur de la société a eu cette idée en lisant une tribune du président de Swatch, qui disait que le secteur de la montre connectée était un faux secteur et ne méritait pas l'attention de sa vénérable compagnie. Il a alors voulu faire de MyKronoz le Swatch de la montre connectée : des montres peu onéreuses, respectant certains standards de fabrication et déclinées en plusieurs modèles. Quand on évoque avec lui Withings, le constructeur français de l’Activité, il évoque rapidement les problèmes de solidité de la Pop et affirme qu’ils préparent, de leur côté, une montre plus chic que les modèles très typés sports proposés aujourd’hui. Nous attendons de voir.

On s’étonne aussi de trouver la marque Guess dans un salon dédié aux nouvelles technologies, mais elle, comme tant d'autres, a des montres à présenter. Difficile de s’emballer pour autant : elles sont simplement des « appareils à notification » et des micros bluetooth pour jouer aux agents secrets. Pas de fonctionnalités pour les sportifs, pas d’analyse du sommeil : le strict minimum est assuré et la marque souhaite probablement capitaliser sur son image pour vendre ses produits en Europe et aux États-Unis.

 

Les vélos de Ford

La meilleure surprise vient pourtant d’un constructeur que l’on croirait périphérique de prime abord mais qui est intégré aux problématiques de la mobilité depuis bien longtemps : il s’agit de Ford. Sur le salon, Ford présente ses ModeMe et ModeMe Pro, deux vélos électriques sur lesquels peuvent s’accrocher des iPhone. Le premier modèle est un appareil conçu pour les particuliers : il a tout d’un vélo électrique un brin augmenté, sur lequel, en un clin d’oeil, vous pourrez regarder votre trajet ou l’état de votre batterie.

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Relié à votre smartphone, l’appareil vous guide grâce à des vibrations dans le guidon, à droite ou à gauche, selon la position de la prochaine rue que vous devrez emprunter pour rejoindre votre destination. Une vibration d’alerte est également configurée pour signaler une voiture trop proche de vous que vous n’aurez pas eu l’occasion de repérer.

Le modèle pro est tout aussi bien équipé mais a en plus la particularité de répondre à une demande professionnelle du marché de la livraison. Combinez-le avec un fourgon connecté Ford et vous aurez une base opérationnelle pour livrer des produits dans un quartier, par exemple. Le vélo se replie entièrement pour venir se loger à l’arrière du véhicule et vous pouvez programmer plusieurs courses depuis votre point de départ. Une fois que vous êtes arrivé à votre premier checkpoint, le GPS passe automatiquement au point suivant et commence à vous guider.

Retournez au bercail pour recharger les batteries ou plier de nouveau le vélo pour aller desservir un autre quartier. La combinaison des deux pourrait faire fureur dans les villes ou certains quartiers sont exclusivement réservés aux piétons et permet à une petite entreprise de pratiquer très rapidement la livraison à petite échelle sans avoir à investir dans des dizaines de véhicules plus gros.

Troisième pied de cette stratégie dédiée aux vélos par un constructeur historique de voitures : le module Ford pour collecter des données sur les cyclistes et leurs usages de la route. Ford compte proposer ce petit module qui s’attache à n’importe quel cadre à des constructeurs de vélos et à des agglomérations.

Les données collectées pourront servir à orienter les politiques publiques locales et à mieux comprendre les besoins en infrastructure dans des zones géographiques précises. Une excellente idée qui marie les nouveaux comportements urbains aux nouvelles technologies tout en prenant en compte la problématique environnementale : un challenge à la fois économique et éthique pour un constructeur automobile.

Demain, le jour se lèvera sur un salon qui aura connu toutes ses grosses annonces. L'occasion de passer sur les stands des géants et de voir si les portes-étendards de cette année sauront convaincre.