Tests audio du Marshall London : les mélomanes et musiciens passeront leur chemin

 

Le Marshall London est le premier smartphone de la célèbre marque d’ampli londonienne. Plus exactement, c’est Zound Industries qui sous-traître la fabrication du smartphone dédié aux musiciens. Nous avons alors passé le smartphone sur notre banc de test audio pour le faire parler. Est-il vraiment fait pour les musiciens et mélomanes ? Pas si sûr…

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Marshall est un constructeur réputé d’amplificateurs, mais aussi de casques. C’est Zound Industries qui fabrique les casques ainsi que le tout premier smartphone de la marque : le Marshall London. À lire la fiche produit sur le site de la marque, le London est un smartphone tourné vers la musique. Pour se faire, il intègre deux sorties casque, une puce Cirrus Logic WM8281 réputée dans son domaine, ainsi que de nombreuses fonctionnalités logicielles dédiées. Avant un test complet, nous avons voulu faire passer le Marshall London sur notre nouveau protocole de test audio.

Le protocole est assez simple puisqu’il est constitué d’une carte son capable d’enregistrer en 24 bits à 192 KHz afin de mesurer l’ensemble des données utiles pour la partie audio d’un smartphone. Pour les plus curieux, notre choix s’est porté sur la Zoom UAC-2. Nous lisons les fichiers de test audio du logiciel RMAA depuis le smartphone (avec Voodoo Audio Measurements Player) et enregistrons le résultat avec la carte son depuis la sortie casque du téléphone. Il suffit ensuite de comparer le résultat avec les fichiers de référence RMAA pour analyser le comportement du téléphone sur sa partie audio. Nous testons également la latence, grâce à l’application Latency Test de Superpowered.

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Avant de plonger dans le vif du sujet, nous vous recommandons la lecture de notre dossier dédié à l’audio HD qui permet d’aborder certaines notions utilisées dans cet article.

Latence

Sur le site de Marshall, on peut lire que le London dispose d’une faible latence grâce à Lollipop. La latence est très importante dans le domaine de la musique et notamment pour la création musicale. En effet, il faut que l’écart de temps entre le moment où le son est joué et celui où il est entendu soit le plus faible possible. Prenons l’exemple d’une application permettant de jouer du synthé sur son smartphone. Si l’utilisateur n’entend pas le son quasiment en même temps que l’appui qu’il réalise sur une touche, il ne sera pas en rythme.

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Le chemin du son sur une Nexus 9

Malheureusement pour Marshall, le London est très mauvais dans ce domaine, avec une latence (ou un retard) de 88 ms. À titre de comparaison, la Nexus 9 sous Android 6.0 Marshmallow atteint environ 25 ms et un iPad ou un iPhone à 7 – 8 ms. On comprend alors mieux pourquoi les musiciens privilégient les appareils mobiles Apple pour la création musicale en mobilité ou en live.

192 KHz et 24 bits ?

Le Marshall London dispose d’une puce Cirrus Logic WM8281 permettant en théorie de profiter d’une résolution de 24 bits et d’un échantillonnage jusqu’à 192 KH. Mais dans les faits, le Marshall London se contente d’un échantillonnage de 48 KHz et d’une résolution de 16 bits. En effet, le système audio du smartphone est configuré pour fonctionner à une résolution de 16 bits et une fréquence d’échantillonnage fixe de 48 KHz. Il sera donc possible de lire des fichiers audio jusqu’à 192 KHz / 24 bits, mais le smartphone les fera sortir en 48 KHz / 16 bits. Cela signifie deux choses : les sons ne seront pas restitués en haute définition et ils seront resamplés, ce qui induira une légère variation par rapport au signal original.

Attention toutefois, nous ne faisons pas ici le procès du Marshall London. En effet, à notre connaissance, aucun smartphone ne parvient à sortir un flux audio à une fréquence supérieure à 48 KHz. Toutefois, certains smartphones disposent d’un traitement du signal intégralement avec une résolution de 24 bits. Pour rappel, un tel traitement permet de disposer d’une plus grande plage dynamique et donc d’avoir davantage de nuances de volume disponible pour chaque fréquence, très utile pour les écouteurs très sensibles dotés d’une grande isolation qui nécessitent de diminuer grandement le volume de sortie de l’appareil.

Marshall aurait donc au moins pu mettre en œuvre un encodage en 24 bits tout au long du traitement du signal. Si le DAC intégré est capable d’un tel traitement, on imagine que la partie logicielle mise en œuvre par Zound se limite à un encodage sur 16 bits.

 

Plage dynamique, rapport signal bruit

Notre carte son permet, entre autres, de mesurer la plage dynamique et le rapport signal bruit de la sortie casque. Deux valeurs permettant d’apprécier, en partie, les qualités audio du smartphone. La plage dynamique est le rapport entre le son le plus faible et le son le plus fort qu’un appareil peut reproduire. Le rapport signal bruit, quant à lui, fait référence à la qualité de la transmission. Plus il est élevé, et moins vous aurez de chances d’entendre des bruits de fond, comme le souffle.

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Sur le Marshall London, nous avons relevé une plage dynamique de 95 dBA. Pour rappel, l’encodage sur 16 bits ne permet pas de dépasser 96 dBA, nous sommes donc en présence d’une très bonne valeur, mais elle aurait pu être largement meilleure puisque sur 24 bits, il est possible de grimper à 144 dBA. Concernant le rapport signal bruit, nous avons relevé 106 dBA, ce qui est également une bonne valeur et évite donc d’avoir du souffle à faible volume. La réponse en fréquence est bonne et stable, malgré un coupe haut à 19 KHz. 48 HZ oblige, elle ne dépasse pas les 20 KHz.

 

Davantage de mesures à venir

Notre équipement est capable de mesurer davantage de valeurs comme la distorsion ou encore la diaphonie ainsi que la puissance de sortie des appareils. Pour le moment, notre protocole audio est en rodage et nous intégrerons au fur et à mesure ce type de mesure une fois que nous serons certains de leur fiabilité.

Marshall London : la déception

Au final, le Marshall London n’a rien d’un smartphone dédié aux musiciens ou mélomanes. On trouve des smartphones qui font mieux (notamment en termes de résolution 24 bits ou de la latence). Le Marshall London est donc un simple smartphone, et il faudra voir comment il se comporte dans un test complet, afin de savoir s’il vaut réellement son prix (499 euros) avec des composants qui font plutôt penser à un smartphone d’entrée voire milieu de gamme. On espère alors que Zound Industries mettre à jour le Marshall London afin de lui faire profiter des possibilités de la puce audio, à savoir le son sur 24 bits avec une fréquence d’échantillonnage de 192 KHz et surtout une latence beaucoup plus faible.

Le Marshall London dispose toutefois de fonctionnalités logicielles dédiées aux mélomanes, nous y reviendrons plus en détail lors du test complet. Celles-ci ne changent toutefois pas fondamentalement la donne.


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