Razer Phone et le 120 Hz, l’argument marketing de trop ?

 

Le Razer Phone possède une caractéristique assez unique dans le monde de la téléphonie : un écran avec un taux de rafraîchissement de 120 Hz. Qu’est-ce que cela signifie ? A quoi ça sert ?

Le Razer Phone intègre un écran d’une diagonale de 5,73 pouces en technologie LCD IGZO et définition QHD, une dalle fournie par le japonais Sharp qui a la particularité de monter jusqu’à 120 Hz en taux de rafraîchissement. Ce n’est pas le premier appareil mobile à intégrer un écran de ce type. L’iPad Pro (2017) mais aussi le Sharp Aquos R possèdent déjà un écran 120 Hz.

Le gaming PC a été précurseur sur cette technologie

La fréquence de rafraîchissement ou le taux de rafraîchissement n’était pas un sujet important dans le secteur de la mobilité jusqu’à l’arrivée du dernier iPad, les gamers étaient globalement les seuls consommateurs à s’y intéresser. Certains moniteurs PC proposent d’ailleurs un taux de rafraîchissement à 240 Hz. L’offre de moniteurs PC se vantant d’offrir toujours plus de fluidité et de réactivité n’est pas récente. D’ailleurs, les dernières dalles 240 Hz, sont fabriquées par AU Optronics. Cette entreprise a jeté son dévolu sur la technologie TN. Au passage, ils ont sacrifié contraste et angles de vision sur l’autel de la rapidité.

Personnellement, j’ai vécu le passage de 60 à 144 Hz lorsque j’ai changé de PC. C’était flagrant, deux fois plus d’images par seconde améliore sensiblement l’expérience de jeu avec moins de saccades et une plus grande réactivité. Evidemment, davantage d’images par seconde demande d’avoir dans la bécane le matos capable de faire tourner les jeux à autant d’images par seconde.  En attendant des écrans 240 Hz, les écrans 120 Hz se sont démocratisés : un jeu qui affiche 120 images par seconde à 120 Hz semble être à des années lumière du même jeu sur un écran classique 60 Hz.

L’écran de l’iPad Pro (2017) a convaincu les technophiles

L’iPad est passé cette année au 120 Hz avec une dalle IPS LCD. Sur l’iPad, ProMotion améliore la qualité d’affichage et réduit la consommation d’énergie en ajustant automatiquement le taux de rafraîchissement de l’affichage pour qu’il corresponde au mouvement du contenu. Il suffit de lire quelques tests de journalistes tech pour comprendre l’impact de cette technologie sur l’expérience utilisateur.

Elle peut passer de 45 Hz à 60 Hz à 120 Hz selon ce qu’elle vous voit faire. Si cela ne vous parle pas le moins du monde, c’est bien normal. Et pourtant, c’est, à nos yeux, l’une des évolutions technologiques pour les écrans les plus importantes de ces dernières années. 

C’est aussi, malheureusement, l’une des évolutions les plus difficiles à montrer. Vous rigoliez déjà quand on vous affichait les images splendides des DVD sur des publicités avant les cassettes VHS ? Vous rigoleriez également si nous tentions de vous montrer l’effet d’un écran 120 Hz si vous le regardez sur un écran 60 Hz. Concrètement, tout revient à une question de fluidité : entre votre pointeur qui va d’un emplacement A à un emplacement B, un écran 120 Hz va afficher sa position 120 fois par seconde.

Si vous scrollez rapidement sur votre écran (qui est a priori un écran 60 Hz, la norme la plus répandue), vous allez voir une sorte de traînée apparaître : pendant le scroll sur un article, les polices deviennent floues.

Vous pouvez également regarder ce gif qui compare le rafraîchissement jusqu’à 60 Hz (il vous suffira d’imaginer le double).

Cet effet que vous pouvez constater est en fait présent à chaque fois que quelque chose s’anime à l’écran, que ce soit le redimensionnement d’une fenêtre, le changement de position du pointeur de la souris ou un jeu vidéo.

On parle donc d’un confort d’utilisation amélioré : aucun artefact ne nous dit « ce n’est pas réel ». D’ailleurs, Wikipédia nous apprend par exemple que 100 Hz est la fréquence minimale requise pour qu’une personne épileptique ne fasse pas de crise : plus on monte dans les fréquences de rafraîchissement, plus on s’approche d’un mouvement réel.

Pour se différencier

Razer peut donc se différencier là : les utilisateurs verront directement la différence quand ils repasseront sur un écran 60 Hz. Si vous êtes un jour passé d’un écran 60 Hz sur votre PC à un écran 120 Hz, vous savez exactement de quelle sensation nous parlons. On notera également l’introduction d’une technologie nommée Ultramotion et développée en collaboration avec Qualcomm : l’idée est de pouvoir synchroniser le GPU et l’écran, Razer évoque un mode « NVIDIA G-Sync » avancé. En pratique, cela semble être un mode assez similaire à ProMotion d’Apple.

En attendant notre test, difficile de pronostiquer sur l’intégration de Razer. Il faut également que le système Android puisse suivre : on ne parle seulement de monter le nombre d’images par seconde sur quelques jeux, la plupart des jeux sont bloqués à 30 ips pour garantir une expérience suffisante sur la grande majorité des smartphones. Les navigateurs Web pourront-ils profiter également du 120 Hz ? Les animations en Material Design ? Impossible de le dire aujourd’hui. En attendant le test, vous pouvez retrouver notre prise en main du Razer Phone à cette adresse.

Le pari de Razer et d’Apple, sur le 120 Hz, pourrait être gagnant. De notre côté, on espère la généralisation de cette technologie rapidement — notamment sur les smartphones.


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