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Nextbit Robin, un des projets Android les plus ambitieux

Nextbit, souvenez-vous de ce nom. La jeune entreprise va lancer un smartphone nommé Robin, au design atypique et aux caractéristiques communes. Derrière ce smartphone aux allures d'un jouet Playschool, on retrouve une dream team formée avec des profils en or : Google, Apple ou encore HTC. Toute cette matière grise a entamé une réflexion sur les problèmes rencontrés par les utilisateurs, et voici la première étape de leur solution : le Nextbit Robin. J'ai eu l'occasion de discuter avec un entrepreneur de renom, Matthaus Krzykowski, représentant de Nexbit à Berlin lors de l'IFA, mais j'ai également pu prendre en main une des premières maquette du Robin, et de l'interface "first cloud" en cours de développement.

 

Hi Ulrich (...) you may to take a look at the Nexbit phone

Samedi 5 septembre, je pensais en avoir terminé de l’IFA à Berlin. Contrairement aux autres séjours, j’avais prévu de découvrir Berlin avec les collègues, ce que je n’avais jamais fait malgré ma dizaine de voyages sur place. 14h18, je reçois un SMS, « Hi Ulrich, I got your cell from Thibaut Rouffineau. He thought you may to take a look at the Nexbit phone. Am at IFA today ». Nexbit, Nexbit… Une aventure que je suis depuis le début de l’année comme l’ensemble de la presse tech. Après quelques échanges, nous nous donnions rendez-vous dans une boulangerie allemande, dimanche 6 septembre, 10h30, trois heures avant d’embarquer pour un retour à Paris. Après une courte nuit, l’esprit pas très clair, je franchissais la porte de la fameuse boulangerie à 10h42. Cette histoire commence là.

Sur la table, côte à côte, un Nextbit Robin et un Nexus 5 blanc. Du calme, il s’agissait de la première version du Nexus, dans tous les cas nous n’étions pas là pour ça. La personne en face de moi n’était pas membre à proprement parler de l’équipe de Nexbit, « personne de Nexbit n’est à Berlin, ils sont tous à San Francisco en ce moment, je suis un ami de Tom, le cofondateur et CEO. Il m’a proposé de rencontrer une dizaine de journalistes, J’ai découvert son projet il y a 12 mois, et j’ai emporté avec moi un appareil, je peux répondre à une grande partie de vos questions »Très bien, commençons par parler du design et de l’ergonomie de l’appareil.

 

Robin, une conception rectangulaire qui cache de subtils détails

Le Robin possède un design atypique, il est composé entièrement de polycarbonate (du plastique, quoi) avec une forme parfaitement rectangulaire et lisse. « Il y a un an, Tom a placé une vingtaine de smartphones sur une table, ils se ressemblaient tous ». Des courbes, l’utilisation de métal et de verre, des bords biseautés, des coloris noir ou blanc, « ils ont décidé de ne pas faire dans le conventionnel ». Ils n’ont pas tout à fait tort. C’est un constat que l’on fait tous les jours, les smartphones se ressemblent et se comparent trop facilement. Pour se différencier, il a recruté une pointure : Scott Croyle, ancien designer chez HTC. Jusqu’en mars dernier, il était en charge du développement du Windows Phone 8X.

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L’esprit derrière Nextbit n’a rien de nouveau, « Chez Nextbit, ils veulent discuter directement avec les utilisateurs finaux, nous vendons directement nos produits, et nous engageons une discussion pour améliorer le produit, avec un processus itératif où la priorité est donnée aux utilisateurs ». Xiaomi, Honor, OnePlus… C’est la dimension « sociale » que l’on retrouve dans les marques à succès, avec une forte construction de marque sur les réseaux sociaux et dans l'engagement communautaire. En raison de sa petite taille, Nextbit peut se permettre d'être plus flexible que ses concurrents, c’est sûrement un de ses atouts à faire valoir pour le démarrage de cette aventure.

L’appareil que j’ai dans les mains n’est pas un produit final, il s’agit d’un prototype non fonctionnel, conçu pour valider le design et l’ergonomie de l’appareil. La forme peut paraître très brute, géométrique, et vraiment simple aux angles carrés, néanmoins elle grouille de détails, et son toucher doux efface assez rapidement cette première impression brutale.

Comme vous pouvez le remarquer sur les photos, la symétrie est un point subtil, mais très présent. Dans la conception du Robin, les bordures au-dessus et en dessous de l'écran sont identiques, de la même hauteur, et les positions des caméras sur chaque côté de l'appareil se font écho. Bien entendu, tout cela peut être discutable, mais c’est plutôt rassurant de savoir que chaque élément de la conception a été soigneusement pensé. Cela évite de tomber sur des aberrations, que l’on retrouve bien trop souvent sur les produits de la plupart des constructeurs chinois.

Autre exemple, même si le cadre du smartphone est rectangulaire, la plupart des éléments sont circulaires, comme les boutons, on retrouve un peu partout ce motif. À un détail près, le bouton de déverrouillage. C’est également un moyen de déverrouiller le smartphone avec son empreinte digitale, quand vous tenez le smartphone avec la main droite, le bouton se trouve sous le pouce.

À l’arrière se trouve une plaque de métal, qui agit comme un bouclier contre les décharges électrostatiques pour le capteur d'empreintes digitales latéral, mais il intègre également une découpe invisible pour accueillir la puce de radio NFC. Je vous encourage à lire le dossier de The Verge consacré au design du Robin, ils ont pu interroger directement Croyle Scott.

Enfin, le Robin adopte des couleurs aux antipodes de beaucoup de smartphones aux couleurs flashy, qui ont l’avantage d’être moins ennuyeuses, à mon avis. Évidemment, aucun smartphone ne peut contenter tout le monde, des compromis existent et des choix sont pris. Comme on me l’a répété à plusieurs reprises, « c’est un ensemble complexe de compromis ».

 

Les caractéristiques, une série de compromis mûrement réfléchie

La discussion s’est poursuivie rapidement autour des caractéristiques techniques. Un écran de 5,2 pouces en définition 1080p (Full HD), du Qualcomm Snapdragon 808 épaulé par 3 Go de RAM, un capteur photo de 13 mégapixels à l’arrière, de l’USB Type-C comme connecteur et une batterie de 2680 mAh.

L’ensemble de ces caractéristiques a été mûrement réfléchi. Par exemple, l’architecture choisie est un Snapdragon 808. Elle a été préférée aux architectures MediaTek dont les sources des pilotes sont très difficilement accessibles, ce qui peut empêcher toute intégration profonde et empêcher le l’implémentation et le déploiement de mises à jour, mais aussi au Snapdragon 810, dont la chauffe est un problème remarqué, ce qui permet à l’équipe Nextbit de plus librement pousser le SoC dans ses retranchements grâce à la maturité de la plateforme et de ses pilotes.

Autre exemple, le capteur photo à l’arrière est un Samsung ISOCELL, un capteur que l’on retrouve sur le Doogee F3, et l’Oppo R7. Avec une ouverture de l’objectif f/2,2, et la possibilité de capturer des vidéos en 4K. Par contre, le Robin ne proposera pas dans un premier temps d’option pour capturer des clichés en RAW, car ils n’ont pas les ressources pour supporter les API Camera2 de Lollipop. Bien sûr, il ne faudra pas s’attendre à la qualité d’un Galaxy S6 ou d’un G4, néanmoins pour 300 euros, le résultat sera décent.

 

Nextbit OS, "cloud-first"

Puis, vint le moment de parler du logiciel. Comme vous allez le voir, le développement de l’OS se fait sur des Nexus 5, sûrement l’appareil le plus répandu chez les développeurs, qui a l’avantage d’avoir une vraie maturité. De plus, le Snapdragon 800 et 2 Go de RAM vont garantir un socle minimum pour les performances. Vous comprenez maintenant pourquoi un Nexus 5 s’est glissé sur les photos de l’interface.

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Mike Chan, c’est le CTO (comprenez, Directeur Technique) et co fondateur de Nextbit. Il a été un des ingénieurs clés chez Apple, puis Google. Encore une personne au CV en or. Il fallait bien ça pour Nextbit, le challenge qu’ils se sont donné est énorme.

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Quel est le constat de Nextbit ? Tous les smartphones ont des limitations, et les deux principales limitations sont l’autonomie et l’espace de stockage. Pour l’autonomie, il y a évidemment des solutions, mais cela n’a pas été au cœur des réflexions de Nextbit. C’est plutôt l’espace de stockage, et la solution est connue de tous : le cloud.

La mémoire disponible est limitée, de 8 à 128 Go. Certains téléphones vous permettent d'utiliser des cartes microSD, néanmoins peu les utilisent, et les fabricants ont tendance à ne plus intégrer cette caractéristique. Le système le gère mal, même si Marshmallow devrait améliorer ça, enfin la fiabilité des cartes microSD n’est pas à toute épreuve. Gare à la perte de données.

Les anciens employés de Google pensent que le nuage est la réponse. Pour le Robin, ils promettent tout simplement qu’il ne manquera jamais de stockage. Il ne proposera pas une quantité infinie de stockage, mais s’appuiera plutôt sur un système de stockage dans le cloud pour décharger des photos, des vidéos, des fichiers, et même des apps Android. En réalité, tout ce qui est hébergé sur votre smartphone.

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En plus de 32 Go de mémoire Flash, les acquéreurs du Robin repartiront avec 100 Go d’espace de stockage dans le cloud. Sans le dévoiler directement, on m’a fait comprendre que l’espace de stockage en ligne sera très rapidement illimité.

Pour faciliter la migration des données entre l’appareil et les serveurs de Nextbit, la partie logicielle doit être sacrément armée. Ils se sont donc basés sur Cyanogen OS, j’ai oublié de le mentionner, Tom Moss - CEO et co fondateur de Nextbit, ancien de Google et précisément, de l’équipe Android - est au board de Cyanogen Inc...

L’interface que vous voyez est donc très proche d’une interface pure d’Android, comme celle que l’on retrouve dans les produits Nexus. À quelques détails près, comme les icônes d’apps grisées. Ces apps sont dans le cloud, ce qui veut dire qu’elles ne sont pas stockées sur l’appareil directement. Les développeurs et éditeurs ont intégré l’API de Nextbit dans leurs APK pour pouvoir ajouter cette fameuse capacité. Lors du lancement d’une app « grisée », elle se chargera donc plus rapidement, mais n’occupera pas inutilement de l’espace sur votre mémoire. Le travail est énorme derrière.

Pour les données personnelles, on m’a rassuré rapidement. Aucune donnée personnelle n’est stockée sur les serveurs distants, elles restent sur l’appareil, sauf si c’est un choix de l’utilisateur. Comme le transfert des données, toutes les données sont cryptées, pendant l’échange et également pendant le stockage sur les serveurs.

Pour les photos et vidéos, la solution se rapproche plus de Google Photos, à quelques détails importants près. Vous pouvez choisir que vos photos soient automatiquement téléchargées sur le serveur distant de Nextbit, dans ce cas là, elles seront stockées dans le format natif, et sur votre appareil subsisteront des versions optimisées des photos. On a, encore une fois, insisté sur la façon dont est faite cette synchronisation, « c’est totalement transparent pour les utilisateurs ».

Le smartphone Robin pourra également libérer de l'espace sur demande, au lieu de demander à l'utilisateur de supprimer manuellement des fichiers ou des apps. Vous serez en mesure de transférer vos données et les sauvegardes sur d'autres appareils, ce qui devrait grandement améliorer les migrations de données en cas de changement de smartphone. Évidemment, j’ai posé la question sur la limitation qui me semblait la plus importante. Dans les pays occidentaux, Internet est accessible, avec des technologies de plus en plus rapides, qu’en est-il des pays en développement ? « La focalisation est, dans un premier temps, sur les consommateurs européens et américains ».

Curieusement, Nextbit ne compte pas faire payer l’espace de stockage sur ses serveurs. Pas de frais d’abonnement ni d’options d’achats intégrés. Le modèle d'affaires repose en très grande partie sur les bénéfices provenant de la vente de l’appareil. Ce qui est très curieux, et s’oppose aux discours entendus chez Xiaomi, par exemple.

Naturellement, j’ai rapidement posé de nombreuses questions sur l’évolution de la plateforme : Pensez-vous pouvoir lancer virtuellement des applications Android sur d’autres écrans ? Allez-vous proposer votre solution aux entreprises pour faciliter le déploiement d’apps ? Allez-vous optimiser le fonctionnement des apps ? Allez-vous distribuer votre application sur d’autres smartphones ? Travailler main dans main avec Google et Cyanogen Inc ? Mon interlocuteur s’est permis de simplement hocher la tête à chaque question, les réflexions viennent assez rapidement, et Nextbit a - semble-t-il - déjà des coups d’avance.

Mais le plus intéressant dans toute cette histoire, c’est que Nextbit compte régler trois problèmes avec ses produits. Le premier est la limitation de l’espace de stockage. Le deuxième et le troisième n’ont pas encore été dévoilés.

 

Des choses à prouver

Ce que j’aime dans cette aventure, c’est que Nextbit n’essaye pas de reproduire ce qui existe sur le marché, et cela sur toute la chaîne de valeur, du design de l’appareil aux fonctionnalités logicielles. Je suis curieux de voir ce que cela peut donner sur les différentes problématiques. En attendant, Google Ventures a investi dans la startup, et la campagne Kickstarter devrait battre des records.

Elle a démarré mardi dernier, et a atteint les 500 000 dollars demandés en moins de 48 heures, elle devrait rapidement dépasser le million et rejoindre la liste de gros succès sur la plateforme de financement par la foule. Pour 350 dollars, vous pouvez acquérir le Robin. La livraison est des premières commandes est prévue pour janvier, et on m’a assuré que tout était fait pour proposer Android 6.0 Marshmallow dès le début.