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StopCovid : pourquoi les Français sont-ils si frileux ?

Hier (27 mai 2020), le Premier ministre Édouard Philippe confirmait le lancement officiel de StopCovid le 2 juin. L’application de traçage fait donc partie intégrante de la phase 2 du déconfinement. Pourtant, les Français ne semblent pas prêts à l’adopter.

Selon une étude réalisée par CARVEA Consulting et OPINEA du 30 avril au 4 mai 2020 (échantillon de 1004 participants âgés de 15 à 75 ans représentatif de la population française), 45 % des Français n’approuvent pas le dispositif de traçage. Pire, 23 % le rejettent totalement.

Intimité et efficacité : l’équation complexe

Parmi les principaux freins à l’adoption de StopCovid on trouve la perte de l’intimité et de la vie privée chez 57 % des sondés. Ce chiffre grimpe même à 70 % chez les plus jeunes. Cédric O. a beau expliquer que la pédagogie rassurera les citoyens, le sondage ne confirme pas ces dires. En effet, si l’on explique qu’un traçage numérique pourrait sauver plusieurs dizaines de milliers de vies et plusieurs centaines de milliers d’emplois, 16 % de la population préfère quand même protéger son intimité et sa vie privée. C’est dire si la défiance est grande.

La question de l’efficacité de l’application est aussi très largement remise en question. StopCovid pourra être installée « sur la base du volontariat » rappelait Nicole Belloubet lors du vote à l’Assemblée nationale. Et d’ajouter que les données seraient utilisées de manière temporaire, comme l’avait demandé la CNIL avant de donner son feu vert. À ce sujet, Mounir Mahjoubi, député LREM et ex-secrétaire d’État au Numérique, déclarait :

Par ailleurs, le sondage révèle que 49 % des Français considèrent qu’une solution comme StopCovid devrait être imposée à la population. C’est à n’y rien comprendre. D’un côté, les citoyens se méfient du dispositif, de l’autre ils veulent qu’elle soit obligatoire. Cette question relève d’un « dilemme orwellien » résumait Damien Abad, député LR, au moment des débats au Parlement. « En réalité, ces applications ne fonctionnent que dans les pays (…) où elles sont obligatoires. Donc soit elles sont inutiles, soit elles sont liberticides ».

Les expériences à l’étranger révèlent que les dispositifs comparables à StopCovid n’ont pas forcément aidé dans la lutte contre le coronavirus. « En Islande, l’application déployée très tôt a été téléchargée par 40 % de la population (…), mais les autorités avouent qu’elle a eu un rôle négligeable dans la lutte contre le Covid-19 » explique Stéphane Peu (Gauche démocratique et républicaine) à nos confrères du média Les Jours. À Singapour, pays pris pour exemple à ce sujet, le gouvernement a abandonné son application optionnelle et « rendu la version 2 obligatoire et bien plus intrusive ».

Pour l’heure, il est donc difficile de se projeter sur l’avenir de StopCovid. En réalité, ce sont les Français qui décideront de son dessein. S’ils l’adoptent en plus des gestes barrières et du dépistage, alors son efficacité pourrait être prouvée. Dans le cas contraire, elle pourrait bien connaître le même sort que ses homologues étrangères.