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Wish vs la France : tout ce qu'il faut savoir sur cette affaire de déréférencement

En France, le site Wish a été déréférencé de Google et des principaux moteurs de recherche. Cela fait suite à une sanction prise par le ministère de l'Économie et des Finances. Pourquoi prendre une telle mesure contre Wish ? Que reproche Bercy à la plateforme d'e-commerce ? L'affaire va-t-elle s'arrêter ici ? Faisons le point pour avoir une bonne vision d'ensemble sur cet épineux sujet.

Wish, qu'est-ce que c'est ?

Basé aux États-Unis et filiale de la société ContextLogic, Wish a toujours été controversé. Le site est en effet connu pour les prix très bas qui y sont pratiqués, mais aussi pour le grand nombre de produits de mauvaise qualité qu'on y trouve.

Si le service existe depuis 2010, c'est surtout à partir de 2018 que Wish a commencé à se faire connaître par le grand public. Vous avez sans doute vu au moins une des nombreuses publicités à la télévision ou sur le web vantant les mérites de ce site d'e-commerce.

https://www.youtube.com/watch?v=NfFY8S1vsKQ

Dans ces clips promotionnels, plusieurs personnalités (surtout issues du monde du sport) se mettaient en scène en train d'acheter des produits sur Wish. Par ailleurs, la plateforme est également célèbre pour ses algorithmes qui suggèrent des achats qui se veulent finement adaptées à votre profil.

Ainsi, en 2018 déjà, l'association 60 millions de consommateurs dénonçait déjà les pratiques de Wish en estimant que la plateforme était « aux limites de la légalité ». Étaient alors déjà reprochés les réductions de prix douteuses et le manque de clarté des offres (parfois illustrées par une mauvaise image).

Qu'est-ce que la France reproche à Wish ?

Alertée par ce genre de signalements, la DGCCRF a ouvert une enquête sur Wish à partir de 2020. L'objectif était de tirer au clair les suspicions d'arnaques, fausses promos et contrefaçons sur le site. Sachez que l'acronyme DGCCRF désigne la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes, une administration sous tutelle du ministère de l'Économie.

Or, un an après, c'est justement ce même ministère de l'Économie qui a décidé d'appliquer des sanctions contre Wish, après le travail d'enquête de la DGCCRF.

L'organisme explique au Parisien qu'après avoir étudié 140 produits vendus sur Wish, « la plupart étaient non conformes, voire dangereux ». Exemple : 95 % des appareils électroniques passés en revue ont été jugés non conformes, c'est-à-dire qu'ils ne correspondaient pas à la description donnée par le vendeur ou qu'ils présentaient un défaut les rendant inutilisables.

Toujours sur les appareils électroniques, 90 % d'entre eux ont carrément été qualifiés de dangereux.

Que signifie le déréférencement de Wish ?

Pour les raisons évoquées ci-dessus, le ministère de l'Économie en France a demandé aux moteurs de recherche de déréférencer Wish. Cela veut dire que sur Google ou Bing, par exemple, plus aucun résultat de recherche ne redirige l'internaute vers le site sanctionné, même si la requête contient le mot « Wish ».

Pour vous rendre sur le site d'e-commerce, il faut taper directement l'adresse web dans la barre URL de votre navigateur. Pour Wish, il s'agit là d'un vrai coup dur, car énormément de personnes ont pris l'habitude de passer par Google pour accéder au site de leur choix.

Le site est donc toujours accessible en France, mais il va perdre beaucoup de trafic. Précisons par ailleurs que même l'application Wish a disparu du Play Store et de l'App Store.

Quelle est la réaction de Wish ?

Le bras de fer entre Wish et le gouvernement français s'annonce intense. Le site d'e-commerce s'est rapidement fendu d'un communiqué pour nier les accusations et annoncer un recours juridique pour faire annuler la sanction française que la firme estime « illégale et disproportionnée ».

« Chez Wish, nous nous efforçons de proposer la meilleure expérience client et l’une de nos préoccupations principales est de mettre à disposition des produits de qualité pour nos utilisateurs », lit-on dans l'article de blog. L'entreprise affirme aussi investir « dans un large éventail de programmes conçus pour attirer et récompenser les vendeurs qui proposent des articles de qualité, et limiter la visibilité de ceux qui proposent des articles de qualité moindre ».

En outre, en tant que plateforme de marché (market place), elle estime n'avoir « aucune obligation légale d'effectuer des contrôles sur les 150 millions de produits proposés à la vente sur notre site web ». Cette ligne de défense risque cependant d'être mise à mal. En effet, en Californie, un tribunal a récemment estimé qu'Amazon était responsable de tous les produits vendus sur son site.

Est-ce que la France a le droit de sanctionner Wish de la sorte ?

En face, le ministre Bruno Le Maire veut montrer sa détermination et compte poursuivre en justice les moteurs de recherche qui ne déréférencient pas Wish. La décision de Bercy s'appuie d'ailleurs sur une volonté de « mettre en œuvre pour la première fois en Europe les nouveaux pouvoirs de protection des consommateurs en ligne prévus par le droit européen et transposés en France dans le code de la consommation (article L. 521-3-1) », lit-on dans le communiqué officiel (PDF). C'est dans ce cadre-là que « peut ainsi être ordonné, pour les cas les plus graves, le déréférencement ou le blocage d’accès à un site ou une application, ou encore le blocage d’un nom de domaine ».

Malgré cela, selon La Lettre A, cette sanction du gouvernement pourrait être censurée par le Conseil constitutionnel. Il faudra donc patienter encore un moment avant de savoir si la demande de déréférencement de Wish par la France est légitime ou non.