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#MWC2015 : balade chez les titans, de la réalité virtuelle aux montres connectées

L’Islande. Je survole les plaines verdoyantes de la petite île au nord du globe, à bord d’un hélicoptère. Coupure. Je suis au bord d’une rivière, flottant dans le vide au-dessus d’une cascade, je sens le vent frais et l'air de la campagne. Coupure. Des touristes regardent la côte derrière moi, perché à quelques dizaines de mètres de hauteur au-dessus de l’océan. Coupure. Je suis dans un siège sur le stand Samsung et j’ai le dernier Gear VR sur la tête.

 

Syndrome post-réalité virtuelle

Dans quelques années, il est à peu près sûr que l’on ajoutera au manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux une sorte de syndrome post-réalité virtuelle. Aujourd’hui, la technologie est loin d’être prête : l’œil voit encore les pixels, les couleurs sont souvent saturées et on peut apercevoir un effet de tearing, une déformation de l’image en mouvement, qui vient gâcher le sentiment d’immersion. Et pourtant, l’expérience est déjà intense.

Depuis quelques mois, Samsung travaille avec Oculus pour son Gear VR, un casque de réalité augmentée qui doit recevoir un appareil de la gamme Galaxy pour fonctionner. Celui de cette année, présenté au MWC, accueille bien volontiers les nouveaux smartphones haut de gamme de la marque, Galaxy S6 en tête. Ce smartphone que l’on connaît déjà par cœur est équipé d’un écran AMOLED défini en 2560 x 1440. C’est lui qui nous intéresse tout particulièrement car c'est lui qui, dans le noir du Gear VR, illuminera votre champ de vision.

Après le voyage relaxant en Islande, Samsung propose d’essayer un jeu de combat spatial. La première expérience est un échec cuisant : je cherche désespérément à tourner et mon vaisseau ne fait que des mouvements brefs de gauche à droite. Direction le soleil et la fin de vie. L’astuce ? Il fallait utiliser la rotation du siège sur lequel j’étais assis pour le piloter. Pas évident, d’autant que cela signifie qu’un siège de bureau de ce genre sera nécessaire pour que le Gear VR prenne toute sa puissance et puisse être utilisé sans aucun autre périphérique de commande. Une fois le coup de main pris, l’expérience est plaisante mais vite lassante : on bouge avec le corps, on vise avec la tête, on tire en touchant le bouton sur la droite du casque. Contrairement à ce que l’on a tendance à penser depuis trop longtemps, la réalité virtuelle n’exploite pas son plein potentiel dans les jeux vidéo qui demandent trop d’attention et de précision pour être vraiment agréables à contrôler.

Non, ce qui est vraiment bluffant, c’est quand le casque nous transporte ailleurs. Le mode cinéma intégré par Samsung simule par exemple plusieurs salles : un véritable cinéma, une pièce de taille moyenne rappelant un home cinema bourgeois ou encore, une rangée de sièges sur la Lune. Regardez en face, vous voyez un écran de plusieurs dizaines de mètres, comme au ciné. Maintenant, regardez autour de vous. C’est là que l’effet réalité virtuelle entre en jeu : vous êtes vraiment dans ce nouvel espace. Votre cerveau ne comprend plus rien. La faible luminosité des lieux permet d’avoir des textures très réalistes. J’avais ce cornet de pop corn à côté de moi, ce sol en marbre sous moi, je voyais la Terre derrière la toile. Par instinct, on cherche à toucher les accoudoirs inexistants.

Et cet effet qui aurait pu être magique s’il n’était pas scientifique est possible grâce à un smartphone haut de gamme. En se relevant du siège, on tombe d’ailleurs sur plusieurs rangées des deux déclinaisons de l'appareil, le S6 et le S6 Edge. Les iPhone 6 de Samsung sont de beaux produits. Une sorte de sans faute dans une stratégie défensive, peu ambitieuse, qui ne ravira pas les fans de la marque, mais qui saura parler au grand public.

Le choix de la diffusion des couleurs de la coque est intéressant : il ne s’agit pas de métal coloré, mais d’une couleur obtenue par la réflexion de la lumière. Cela donne donc des teintes colorées plutôt que de gros blocs criards. Le système d’exploitation embarqué a l’air d’avoir été, lui aussi, un poil épuré pour se concentrer sur les fonctions principales, à savoir les communications, le web et l’appareil photo. Samsung ne met pas en avant 36 000 gadgets comme les autres années : c’est un produit plus sobre et plus solide. À tous les sens du termes d’ailleurs, puisque le constructeur affirme qu’il ne se cassera pas lors d’une chute, grâce à son dos en Gorilla Glass. On attend de voir les tests pulluler sur Youtube.

L’autre amélioration peu tape à l’oeil mais diablement efficace au quotidien concerne la batterie. En plus de la recharge sans fil qui évite de s’emmêler avec les câbles, Samsung a fait un beau travail sur la charge : il suffit de 80 minutes au S6 pour être à 100 % de batterie, connecté au chargeur classique. 10 minutes de charge avant de partir au boulot assureront 5 heures de batterie. Les deux appareils sont très cohérents et feront à n’en pas douter les compagnons idéaux du grand public. La courbure du Edge, si elle est assez jolie en pratique, reste anecdotique à l’usage : un effet de mode qui passera avec les années. Mais est-ce que Samsung jouit d’une image de luxe assez forte pour se couper d’une partie de ses acheteurs séduits, justement, par des alternatives réelles à Apple et non pas du Apple sous Android ? Les résultats opérationnels du troisième trimestre fiscal le diront.

Même si HTC est assez éloigné de Samsung dans sa philosophie, ce que l’on retient de lui a presque les mêmes couleurs sur ce MWC. Un smartphone qui ressemble à s’y méprendre à celui de l’an passé avec des innovations discrètes mais intelligentes et un casque de réalité virtuelle. Le HTC M9 est un produit de solidification de gamme. Pas d’excentricité, pas de risque, peu de changement. À la prise en main, on a l’impression très nette d’être en présence de son grand frère et à moins d’avoir utilisé ce dernier chaque jour pendant une année, on aurait bien du mal à distinguer les deux modèles. Le capteur photo rentre dans les rangs en affichant ses 20 mégapixels avec fierté. Les clichés pris sur le salon sont du plus bel effet mais il faudra attendre des tests plus poussés pour savoir s’il rivalise avec les meilleurs appareils intégrés aux smartphones récents, que ce soit chez Samsung, Sony et bien entendu, chez Apple.

 

Côté VR en revanche, c’est une grande surprise. HTC a travaillé en secret avec Valve pour construire un casque de réalité virtuelle qui n’a à peu près rien à voir avec la mobilité. « Valve avait le software et cherchait un constructeur avec qui travailler. Nos bureaux sont juste à côté à Seattle et comme nous avions l’expertise hardware, le deal s’est fait très naturellement ». Le casque de HTC, c’est pour l’instant une version développeur bardée de capteurs et équipée de deux caméras à l’avant (pour vous empêcher de vous prendre des murs). La définition de l’écran embarquée est de 1200 x 1080 pixels sur la version développeur mais le responsable de l’objet sur le salon nous assure que tout peut changer d’ici à la commercialisation du produit — et notamment le look qui vous fait passer aujourd’hui pour une mouche.

La commercialisation du produit est prévue pour la fin de l’année et une annonce bien plus conséquente sera faîte lors de la Game Developer Conference qui débute dans quelques jours. HTC a souvent construit du matériel de qualité et il est assez intéressant de le voir sous-traiter un produit pour un géant comme Valve : espérons que cette nouvelle alliance fera des étincelles.

 

Retour au calme

Réduisons le salon à ses caractéristiques les plus essentielles : il s’agit d’un ensemble de stands accueillant du matériel. Pour faire bonne impression, les stands jouent donc un rôle symbolique mais prépondérant. GoPro se la joue show avec de la musique trop forte, des tirages au sort et un animateur tout droit sorti du Club Med’. Huawei envoie ses avions en papier, symbole de l’imagination et de la légèreté, vers un Samsung qui joue la carte de l’espace privé, donnant à son stand des airs de loge de luxe. Microsoft a son DJ et HTC a ses danseurs. Et puis il y a Sony.

Sony, c’est le constructeur qui arrive à rendre apaisant quelques dizaines de mètres carrés dans un hangar arpenté toute la journée par des dizaines de milliers de personnes. L’espace Sony n'a pas de toit et les lignes de fuite de ses présentoirs et panneaux sont assez subtilement disposées pour créer un sentiment d’harmonie. Malgré le bruit, c’est calme. Le bois contraste légèrement avec le blanc cassé de la moquette et les matériaux translucides adoucissent la lumière des projecteurs nécessaires à l’exposition des appareils. Aucun d'eux n’est trop près d’un autre. La gamme Xperia forme une famille sous cloche de verre qui mène le regard vers l’immense logo Sony, sur le mur du fond.

C’est à en oublier qu’on est là pour y voir des appareils technologiques. Pourtant, hier, Sony a dévoilé sa tablette tactile Android, « la plus puissante du marché » affirme l’un des représentants de la marque sur place. Que cette sentence soit infirmée dans quelques jours par un autre constructeur, cela n’a pas d’importance : Android est maintenant mûr sur tablette et le système ne souffre pas du moindre ralentissement. Les applications installées et les démonstrations vidéos sont tout aussi fluides et agréables à utiliser.

Mais on passerait sûrement à côté du raffinement de cette tablette Xperia Z4 si on se contentait de jouer avec son écran tactile. Il faut la prendre en main pour comprendre ce que Sony a voulu faire : un véritable objet physique qui réduirait la frontière entre l’usage virtuel et les commandes immanquablement matérielles. La tablette est entièrement moulée dans un plastique qui lui donne la légèreté d’un magazine, ce qui est assez perturbant quand on la prend en main pour la première fois : on s’attend à quelque chose de plus lourd.

De même, dans ce cas, « plastique » est loin d’être un gros mot réservé à l’entrée de gamme. Le traitement de la matière par Sony la fait passer pour une sorte de carton renforcé mais tout de même sensible à la pression, que l’on utiliserait pour la couverture d’un livre. C’est bien simple : rarement ai-je pu prendre en main un objet aussi élégant et agréable à utiliser. Un concurrent sans faille à l’iPad Air qui ravira ceux qui n’apprécient pas l’univers pommesque.

Sony a aussi pris le temps d’être à la mode en dévoilant une version bracelet chromé de sa montre connectée. Sans surprise, il s’agit de la même montre qu’avant : elle n’est pas fluide, a besoin d’être rechargée constamment et ne surveille pas votre sommeil. Elle vous permet pourtant, malgré ces limites, d’utiliser le Big Brother maison de Sony : une application qui, citation dans le texte, « vous permet de suivre toute votre vie ». La promesse est assez respectée pour être effrayante : Lifelog va récupérer tout ce que vous faites.

Déplacement, sport, travail, photographie, trajets en transports. Tout. Puis, l’application se charge d’ordonner cela sur une interface haute en couleur qui vous montre, jour après jour, heure après heure, ce que vous avez fait de votre vie. La fonctionnalité Insights, bientôt disponible, compare votre quotidien avec celui des gens autour de vous qui l’utilisent. Si vous êtes passionné par l’archivage de vos moindres mouvements, l’application va vous fasciner. Autrement, elle risque surtout de déclencher des crises de paranoïa nocturne sur la surveillance généralisée, le monde hyper-connecté et le futur de la civilisation.

La montre connectée : un objet trop en avance ?

Après le calme de l’espace Sony, on se risque à entrer sur les terres de LG, bondées de monde, bruyantes et, drame de la chaleur, plutôt malodorantes. Il s’agit de faire les bons mouvements techniques pour accéder au stand accueillant la LG Watch Urbane, la montre qui, de loin du moins, semble être la plus jolie du salon et attire le plus de monde. De près, c’est une toute autre affaire qui nous rappelle à quel point la technologie « montre connectée » n’a pas encore atteint sa maturité.

Certes, le constructeur a fait un effort sur le look : on a l’impression d’avoir une véritable montre sur le poignet et pas un jouet pour adolescent technophile. Ce qui ne l’empêche pas d’être grosse, lourde et plutôt cheap sur les finitions, quand on la regarde de près. N’est pas horloger qui veut et les marques du secteur de la technologie ont bien du mal à se faire à cette idée.

Alors oui, elle fait illusion et s’avère plus ou moins réactive dans ses contrôles, mais on a encore et toujours l’impression qu’il s’agit d’un work in progress, d’un objet qui n’aurait pas atteint son plein potentiel. Ce n’est peut-être pas la faute de LG, mais la faute de l’industrie toute entière d’avoir voulu à tout prix se lancer sur ce marché sans disposer des technologies suffisantes pour faire des objets non pas parfaits, mais au moins agréables en toute circonstance.

Tenez, prenez l’extinction obligatoire de l’écran pour économiser de la batterie. En pratique, c’est une catastrophe : on doit réactiver sa montre toutes les 3 secondes, à tel point qu’il en devient pénible de faire une photographie de l’engin allumé ou de lire un menu pour comprendre à quoi il sert. Sans parler du fait que sur un écran aussi petit, les mouvements sur l’écran tactile ne sont pas le moins du monde intuitifs : on doit souvent s’y reprendre à deux fois avant de réussir à faire ce que l’on souhaite. À 349 euros la montre, il est urgent d’attendre, mais ces modèles qui semblent déjà hyper avancés dans l’esprit des constructeurs n’augurent rien de bon pour le client : il faudra peut-être encore 3 ou 4 générations avant que l’on arrive à un objet numérique qui commence à faire véritablement ce qu’il promet.

Peut-être, en attendant l’évolution des capteurs, des écrans et des batteries, est-il plus judicieux de se tourner vers les firmes proposant de véritables montres qui tirent leurs fonctions connectées d’un smartphone auquel elles sont reliées. Notre Withings local a su montrer que c’était une voie intelligente à suivre ; d'autres pourraient vouloir s'en inspirer très bientôt.