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Fairphone, bon plan ou galère ? Des utilisateurs témoignent

« J'ai pris un Fairphone pour des raisons écologiques, et j'espère humanitaires », « j'étais dans une démarche écologique, de réparabilité », « je voulais payer le vrai prix des choses »... À une époque où l'écologie s'invite tous les jours dans le débat public, où l'indice de réparabilité prend de plus en plus de place dans l'achat d'un objet tech, les raisons qui peuvent motiver de nombreux consommateurs à faire l'achat d'un téléphone ultra réparable peuvent paraître de plus en plus audibles. En l'occurrence, entre 370 000 à 400 000 Fairphone, tous modèles confondus, ont été vendus dans le monde depuis le lancement de la marque.

Les Fairphone, quelle que soit leur version, sont généralement un peu en retard sur le reste du marché. Quiconque est tenté d'en acheter un se retrouve obligé d'arbitrer entre la qualité de son téléphone et ses convictions. La question cruciale est donc : à quel point est-ce qu'on abandonne quelque chose en utilisant un Fairphone ? Mieux encore, est ce qu'on y gagne ?

Pour mieux comprendre, nous sommes allés à la rencontre de celles et ceux qui se sont laissé tenter et ont acheté un Fairphone 1, 2, 3 ou 3 Plus. Le Fairphone 4 étant encore récent, nous n'avons pas trouvé d'acheteur de ce modèle.

« C'est du costaud »

Le sentiment de robustesse revient dans de nombreux témoignages que nous avons récoltés. « Si je compare avec tous mes autres portables dans ma vie, où j'angoissais de les abimer, là j'ai une confiance totale dans sa solidité », indique Marion Leclerc, acheteuse d'un Fairphone 3 Plus en juin 2021. « La coque est hyper bien adaptée, elle empêche toute chute sur l'écran. J'ai un travail qui m'oblige à beaucoup le sortir et c'est assez tranquillisant », précise la jeune femme.

Marie Mabille, acheteuse d'un Fairphone 3, abonde : « l'écran n'est pas du tout abimé, on sent que c'est du costaud. » Pour la militante écologiste en AMAP, garder son téléphone le plus longtemps possible est un vrai défi personnel. « C'est même une expérience qu'on tente, voir jusqu'où on peut aller », sourit-elle.

Peut-on vraiment le réparer ?

Bien sûr, la durabilité du Fairphone repose grandement sur la promesse qui entoure ce téléphone pas comme les autres. Selon la marque, on peut théoriquement le réparer en cas de pépin. Mais est-ce vrai ? Selon la plupart des utilisateurs que nous avons interrogés, la promesse semble respectée.

En témoigne Florent Maurin par exemple, acheteur du Fairphone 1 : « Il était vraiment super ! Je l'ai cassé, ouvert et réparé plein de fois, pour mon plus grand plaisir. Malheureusement, une fatigue générale et une absence de mise à jour de l'OS m'ont forcé à en changer, mais j'ai pu le garder presque 4 ans quand même. »

Philippe-Emmanuel Caillé, 1er adjoint chargé de la transition écologique à Bois-Guillaume (76), est lui aussi passé plusieurs fois par la case réparation. « Là-dessus c'est très bien. Changer la coque, la batterie... ça se fait rapidement. Ils ont tenu leur promesse. » Et le prix ? Plusieurs interrogés se rejoignent sur un point : « c'est un coût, mais ce n'est pas excessif, surtout si on devait faire la même chose avec un Apple ou un Samsung. » « Ça me coûte moins cher que de changer de téléphone », juge Marion Leclerc.

L'échec du Fairphone 2

Alors, tout va bien dans le meilleur des mondes ? Pas totalement. Déjà, les Fairphone ne se valent pas tous. Pour resituer la gamme, le Fairphone 4 vient tout juste de sortir, et il y a eu avant quatre modèles, les Fairphone 1, 2, 3 et 3+. Au milieu de tout cela, il y a un mouton noir sur lequel tous s'accordent : le Fairphone 2 n'était vraiment pas une bonne affaire.

« Assez vite après mon achat, on ne m'entendait plus quand je téléphonais, j'ai donc pensé qu'il fallait changer le module du bas », explique Julien Sanchez, 28 ans. « Je l'ai remplacé, mais ça n'a pas réglé mon problème non plus. Je n'ai donc pas été satisfait : tout le principe du Fairphone, pouvoir changer les pièces pour avoir un téléphone durable, n'a pas fonctionné pour moi. »

Même le minimum ça coince

Pourtant le jeune prof de SES n'avait pas de grandes attentes non plus : « Tout ce que j'attends d'un téléphone, c'est une batterie qui tient au moins la journée et pouvoir appeler, envoyer des messages et aller sur internet. Le problème, c'est que ces fonctions élémentaires fonctionnaient mal. » Il cite pour exemple « une batterie très faible, un micro pour appeler qui ne fonctionnait rapidement plus et que je n'ai pas réussi à changer, un téléphone qui sonnait environ une fois sur deux quand on m'appelait... »

Philippe-Emmanuel Caillé s'est lui aussi cassé les dents sur le deuxième modèle. Il a constaté une « usure très rapide de la batterie du fait de mises à jour et des plantages intempestifs du téléphone. Il rebootait tout seul, j'ai perdu des données sur une carte SD. » Bref, rien n'allait.

Précisons toutefois que la mauvaise expérience du Fairphone 2 semble avoir été bien rattrapée par la suite. Personne ne s'est plaint de ce type de souci sur les modèles suivants chez nos témoins.

La photo déçoit

Autre point auquel il faut se préparer si vous envisagez l'achat d'un Fairphone : la photo revient souvent dans les motifs de déception. « Il est vraiment très bien, sauf pour la photo. Là c'est vraiment pourri », jette Marion. « Je n'ai pas posté sur Instagram depuis que je l'ai. En clair, si j'étais tiktokeuse, je n'aurais pas pu prendre ce smartphone », plaisante-t-elle.

Marie Mabille, ne se revendique pas non plus Tiktokeuse, mais elle regrette son Samsung d'avant : « je n'ai pas apprécié de découvrir la mauvaise qualité de mes photos après l'achat. Elles sont correctes, mais niveau luminosité, il a fallu que je bidouille en installant des applications. »

Thibault Dambrine, acheteur d'un Fairphone 3, envisage pour sa part de tirer pleinement parti du côté modulaire des Fairphone. « J'envisage de prendre le module photo du Fairphone 3+ (équipé d'un meilleur capteur) pour pouvoir améliorer ce point. Ainsi je pourrais me remettre à niveau à peu de frais et sans changer l'entièreté de l'appareil. » Avec n'importe quelle autre marque, cet utilisateur aurait dû changer de téléphone, un bon point pour la firme néerlandaise.

Pourquoi payer plus cher ?

À l'arrivée, tous ceux qui ont tenté l'aventure Fairphone, en dehors des malchanceux du Fairphone 2, apparaissent satisfaits de leur achat. Ils conseillent même volontiers la marque à leurs amis et proches. Ce alors même qu'ils ont versé une somme bien au-dessus du marché pour s'équiper et qu'ils s'accordent sur les désagréments photographiques de la formule. « Ce sont des machines de milieu de gamme au prix du haut de gamme », souligne justement Florent Maurin.

Il n'y a pas de mystère derrière ce consensus : tous se rejoignent pour dire qu'ils en retirent de leur achat une vraie satisfaction, que ce soit sur les plans éthiques, politiques ou psychologiques.

« Le plus important pour moi, c'était de payer le vrai prix des choses », explique Philippe-Emmanuel Caillé, « Si vous voyez une pomme à 0,99 euro le kilo, il y a quelque chose qui ne va pas dans la chaîne, rémunération, traitement massif qui pollue, exploitation, etc. »

Le plus vertueux à l'exception de tous les autres

Julien Sanchez abonde : « Même si je pense qu'il faut être nuancé sur la portée politique des choix de consommation, on peut dire que je considérais ça comme un acte militant. J'estime que les prix bas de ce que nous achetons sont supportés par d'autres, au niveau environnemental ou en termes de conditions de travail. » Même son de cloche du côté de Florent Morin, qui ajoute : « Tout est sous-évalué pour pousser à la consommation. Il n'y a qu'à voir les conditions d'extraction des minerais ou du travail dans les usines pour s'en convaincre. Alors bien sûr le Fairphone n'est pas parfait, mais c'est, à ma connaissance, d'assez loin le plus vertueux en la matière. »

Pour certain, comme Marion Leclerc, l'acte d'achat du Fairphone lui-même revient à faire bouger les lignes. Elle explique qu'acheter un « Fairphone permet de solidifier la marque. Nous, on donne des sous pour aider à améliorer le prototype, et à force, cela donne des versions de plus en plus viables. En plus d'avoir un téléphone durable, on sait qu'on a participé à un truc qui fait bouger les choses. » Pour la jeune femme, acheter Fairphone revient presque à « participer à un financement participatif façon Tipee ou Ulule. » Une logique gagnant-gagnant donc, qui pourrait aussi expliquer le succès de la firme néerlandaise.