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Test du Fairphone 3+ : le Fairphone 3.1

Le 27 août 2020, Fairphone a présenté un nouveau smartphone, un an jour pour jour après le Fairphone 3. Paradoxal, de la part de ce fabricant militant pour une téléphonie mobile plus responsable, et notamment pour une réduction des déchets électroniques, par un ralentissement du renouvellement des smartphones, par les consommateurs, mais aussi par l'industrie.

Toutefois, ce nouveau smartphone n'est pas le Fairphone 4, mais le Fairphone 3+, une "version améliorée" du Fairphone 3. Il s'agit ni plus ni moins que d'un Fairphone 3 avec de nouveaux appareils photo, un nouveau haut-parleur et davantage de plastique recyclé.

Rappelons que les Fairphone sont des smartphones modulaires. Ceci permet à leurs propriétaires de les réparer eux-mêmes, mais aussi de les améliorer, deux mesures contribuant à prolonger leur durée de vie et donc à réduire leur impact environnemental. Les deux modules des nouveaux appareils photo sont d'ailleurs vendus séparément afin que les propriétaires de Fairphone 3 puissent mettre à niveau leurs appareils. Le Camera+ Module est vendu 60 euros, 10 euros plus cher que le Camera Module qui est maintenu au catalogue. Le Top+ Module, qui comporte également un microphone amélioré, l'écouteur et quelques capteurs (luminosité et proximité ?), est vendu 35 euros, 5 euros plus cher que le Top Module, également maintenu.

Jusqu'au 1er octobre 2020, la paire est lancée à 70 euros au lieu de 95 euros, une promotion qui nous semble elle aussi paradoxale, puisqu'elle est susceptible de déclencher des achats compulsifs, ou d'inciter des utilisateurs qui ne font pas de selfie à mettre à niveau deux modules au lieu d'un seul.

Fairphone en profite pour lancer un "programme de modules circulaires" : les utilisateurs qui remplacent un module peuvent le renvoyer gratuitement au partenaire de Fairphone, l'entreprise bretonne Cordon Electronics, qui réutilise les modules fonctionnels ou réparables pour réparer des Fairphone 3, et recycle les autres.

Le haut-parleur amélioré en revanche est réservé au Fairphone 3+, tout comme le taux de plastique recyclé porté de 9 à 40 %. C'est pourquoi le capot translucide, qui reflétait la transparence et l'ouverture de l'entreprise, est désormais opaque.

Le Fairphone 3+ reconduit par ailleurs tout le reste, notamment la puce Qualcomm Snapdragon 632. Bas van Abel, le fondateur de Fairphone, nous répondait il y a un an qu'elle était « à l'épreuve du temps pour les années à venir ». Eva Gouwens, la CEO, nous explique aujourd'hui qu'une nouvelle puce impliquerait une nouvelle carte mère, un nouveau logiciel, un nouveau téléphone en somme, alors qu'elle estime qu'une « variante » comme le Fairphone 3+ « souligne en réalité leur engagement en faveur de la longévité ».

https://www.frandroid.com/marques/fairphone/627589_pour-le-fondateur-de-fairphone-un-smartphone-doccasion-peut-etre-une-bonne-option

Fiche technique du Fairphone 3+

Ce test a été réalisé avec un Fairphone 3+ qui nous a été prêté par la marque.

Design : le prix de la modularité

Bouleversons exceptionnellement le plan de nos tests en revenant brièvement sur toutes les choses qui n'ont pas évolué entre le Fairphone 3 et le Fairphone 3+, ou peu.

Pour commencer, on retrouve le conditionnement singulier du Fairphone 3 : le smartphone est vendu sans chargeur ni câble de recharge, pour inciter les acquéreurs à mutualiser un chargeur, mais avec un mini tournevis Phillips #00, permettant de le démonter pour le réparer ou le moderniser. On peut remplacer la batterie sans outil, pour 30 euros, l'écran en dévissant 13 vis, pour 90 euros, puis quatre modules, vendus 20 à 60 euros chacun. La carte mère et le châssis auquel elle est fixée ne sont toujours pas réparables. Des écouteurs complètent l'emballage en France, conformément à une loi visant à réduire l'exposition aux ondes.

https://www.youtube.com/watch?v=XmcpbpxdVbE

On retrouve aussi et surtout le design du Fairphone 3, avec un écran LCD Full HD+ de 5,65 pouces dans l'air du temps, mais avec des bordures comme on n'en fait plus. C'est le prix d'une conception modulaire, mais le Fairphone 3+ perd une spécificité qui pouvait faire la fierté de ses utilisateurs : le capot translucide qui servait de faire-valoir est désormais opaque. Le capteur d'empreinte digitale est toujours aussi haut, le haut-parleur toujours aussi facilement obstrué et le vibreur toujours aussi grossier comparé au "haptic feedback" des iPhone et de certains smartphones Android.

L'écran aussi méritait une mise à jour, mais notre sonde a obtenu sensiblement les mêmes mesures : excepté une luminosité maximale correcte d'environ 500 cd/m² et un taux de contraste de 1500:1 dans la bonne moyenne des écrans IPS, on retrouve effectivement des couleurs trop froides, à 8500 K et, surtout, une mauvaise fidélité des couleurs, avec un delta E de 6,5. Un meilleur score que celui du Fairphone 3 testé il y a un an, mais qu'on attribue davantage à des écarts dans la production des écrans et dans nos mesures qu'à une véritable amélioration.

Plus que jamais, nous vous encourageons à lire ou à relire notre test du Fairphone 3, si vous souhaitez davantage de contexte et de détails concernant les revendications environnementales et sociales de Fairphone, ou concernant l'ergonomie de ce smartphone.

Photo : du mieux, mais un traitement à revoir

Entrons maintenant dans le vif du sujet : les nouveaux appareils photo. Concrètement, le nouveau module dorsal repose sur un capteur Samsung Isocell GM1 (S5KGM1), un capteur d'une diagonale de 8 mm (dite 1/2 pouce) et d'une définition de 48 mégapixels à matrice tetracell (4 photocellules par pixel), délivrant -- obligatoirement -- des photos de 12 mégapixels. Il équipe d'autres smartphones d'entrée de gamme, comme l'Oppo A72 ou le Xiaomi Redmi Note 9. Concernant l'objectif, les métadonnées des fichiers indiquent une ouverture f/1,8 et une longueur focale de 3,56 mm, ce qui équivaut d'après nos calculs à un 19 mm. Mais les clichés ne paraissent pas si grand-angle, un recadrage est certainement appliqué.

Le Fairphone 3 a démontré, s'il le fallait, l'importance des algorithmes : il reposait effectivement sur le même capteur que les Google Pixel 3, alors parmi les smartphones les plus doués en photo, mais il en était très loin. Fairphone a étendu sa collaboration avec ArcSoft, éditeur de logiciels multimédias (TotalMedia Theater) reconverti dans le traitement d'image au service des fabricants, afin d'ajouter une fonction de détection de scène aux fonctions HDR et de suivi d'objet.

Mais les résultats sont mitigés. Pour commencer, le processeur d'images (ISP) intégré au Snapdragon 632 est conçu pour prendre en charge un seul capteur d'une définition maximale de 40 mégapixels. Même si les spécifications du capteur indiquent qu'il "sort" des images de 12 mégapixels, on suppose que c'est l'ISP du Snapdragon qui traite les 48 mégapixels. Pour preuve, le smartphone met un peu plus de 2 secondes à traiter chaque image. Et s'il n'y a pas de délai significatif entre le déclenchement et la capture, il faut attendre que l'image soit traitée pour refaire une photo.

Concrètement, le nouvel appareil photo dorsal a fait des progrès en matière de netteté, de dynamique et de bruit, et produit ainsi des photos convenables, surtout de jour. Malheureusement, les clichés subissent un traitement assez grossier. Les photos subissent un lissage agressif du bruit puis une accentuation excessive de la netteté. Résultat : les textures sont diluées et les images ont parfois un rendu pictural (notamment sur la végétation, par exemple sur nos photos de plage).

La plage dynamique a bien augmenté, mais l'appareil privilégie excessivement les hautes lumières et amplifie le contraste, si bien que certaines zones sont anormalement sombres, voire totalement noires. Nous avions déjà relevé ces derniers problèmes sur le Fairphone 3. Le lissage fonctionne bien en revanche sur les photos de nuit en lumière artificielle, le bruit chromatique prononcé du Fairphone 3 a disparu (voir nos photos de voiture dans un parking souterrain).

Le mode portrait fonctionne au petit bonheur la chance, comme souvent sur les smartphones à un seul module. Faute d'une intelligence artificielle dopée au big data de Google, ce qu'assumait Bas van Abel l'année dernière, le Fairphone 3+ détache assez grossièrement le sujet de l'arrière-plan et tombe dans tous les pièges (montures de lunettes, protubérances, etc.). Certains éléments du premier plan sont souvent floutés par erreur, et inversement.

Le nouvel appareil photo frontal repose quant à lui sur un petit capteur de 16 mégapixels et sur un objectif f/2, et profite visiblement du même processus de traitement, avec les avantages et les inconvénients précités.

On retrouve enfin l'application appareil photo inspirée de celle des iPhone, qui dénote sur Android et dont le menu de paramétrage, complet, est toujours aussi mal traduit. Certains réglages sont même incompréhensibles, comme la fonction de réduction de bruit des vidéos, qui propose les options "de", "vite" et "haute qualité".

En somme, les appareils photo du Fairphone 3+ font l'affaire pour partager des photos souvenirs avec des proches sur WhatsApp ou Instagram, à consulter sur des écrans de smartphones. Comme avec le Fairphone 3, on sent que ces capteurs ont du potentiel, mais il faut améliorer le traitement.

Fairphone avait annoncé « une série de mises à jour » pour le Fairphone 3, mais on les attend toujours. L'entreprise tient généralement ses promesses, mais compte tenu de ses ressources limitées, les délais sont parfois surprenants. Par exemple, elle vient seulement de lancer la mise à jour vers Android 10 pour le Fairphone 3, évoquée dès sa présentation il y a un an. En attendant, les bricoleurs peuvent espérer un portage de l'application Google Camera des Google Pixel, qui réalise des prouesses sur certains smartphones tiers.

Haut-parleur : plus puissant, pas moins criard

Passons brièvement sur la deuxième nouveauté du Fairphone 3+ : son nouveau module haut-parleur, promettant un son amélioré, plus fort et plus net. Nous n'avons pas pu mesurer les haut-parleurs des deux Fairphone 3, ni les écouter tour à tour, mais nous pouvons témoigner que le nouveau haut-parleur est puissant. En réalité, le nouveau module est compatible avec le Fairphone 3, mais le gain provient d'un nouvel amplificateur sur la carte mère du Fairphone 3+.

Toutefois, le son est toujours dépourvu de graves, il est criard, si bien qu'écouter de la musique sur haut-parleur est désagréable. Le volume était déjà suffisant pour regarder une vidéo à bout de bras, donc on ne considère pas que le nouveau haut-parleur soit vraiment un progrès. Pire, un défaut que nous avions relevé sur le Fairphone 3 n'a pas été corrigé : le volume minimal du haut-parleur est anormalement élevé pour passer un appel dans un environnement calme. Heureusement, il ne nous semble pas que ce nouveau haut-parleur plus puissant ait amplifié le phénomène.

Android totalement stock

La troisième et dernière nouveauté du Fairphone 3+ est qu'il est livré avec Android 10. Le Fairphone 3 fut lancé avec Android 9, mais la mise à jour vers Android 10 est désormais disponible. On retrouve un Android totalement "stock". La petite équipe de développeurs de Fairphone s'est de nouveau contentée de combiner AOSP (Android Open Source Project), les pilotes Snapdragon et les services Google nécessaires à la certification.

Les seules spécificités sont l'application appareil photo précitée et trois fonds d'écran personnalisés. Certains restes, comme le module de fonds d'écrans animés sans aucun fond d'écran animé, ont été retirés depuis le lancement du Fairphone 3, mais on retrouve le son de notification "Pixie Dust" datant d'Android 2.x. Il y a quelques défauts comme l'absence d'espace entre l'horloge et le nom de l'opérateur, qu'on peut heureusement masquer, ou comme le nom des applications presque systématiquement tronqué. Signalons aussi qu'à l'insertion d'une carte SIM Prixtel connectée au réseau d'Orange, toute la panoplie d'applications Orange, qui n'est pas destinée aux clients de Prixtel, a automatiquement été installée. On peut fort heureusement les désinstaller (et pas seulement les désactiver).

Fairphone promet toujours 5 ans de mises à jour d'Android et de mises à jour de sécurité, et on s'attend à ce que ces petits problèmes cosmétiques soient rapidement corrigés.

Performances : kif-kif

Le Fairphone 3+ a exactement la même carte mère que le Fairphone 3, donc les scores dans les benchmarks sont identiques à plus ou moins 2 %, ce qui correspond à la marge d'erreur d'un test à un autre.

La mise à jour vers Android 10 ne lève malheureusement pas les réserves que nous soulevions avec le Fairphone 3. On retrouve notamment le retard tactile perceptible et le poling rate insuffisant qui semblent alourdir le défilement de longues pages web ou de longues listes (contacts, emails…). Les performances modestes des 64 Go de mémoire interne eMMC causent toujours des délais d'une demi-seconde lors du premier chargement de certains éléments d'interface (écran d'accueil, clavier virtuel) et des applications, mais tout est parfaitement fluide et réactif une fois qu'ils sont chargés dans les 4 Go de mémoire vive LPDDR3.

En somme, le Fairphone 3+ ne convient pas à ceux qui veulent jouer aux derniers jeux ou faire du multitâche intensif, mais il convient très bien à ceux qui font un usage modéré de leur téléphone, pour utiliser toutes sortes de services en ligne et échanger avec leurs proches.

Autonomie : kif-kif

Le Fairphone 3+ n'évolue pas non plus en matière de recharge et d'autonomie. Dans le cas d'usage précité, il tient très facilement une longue journée. Mais pas deux… à moins que l'on achète une seconde batterie, pour la modique somme de 30 euros, et qu'on intervertisse à mi-chemin, ce qu'aucun autre smartphone ou presque ne permet de faire en 2020.

Compatible Qualcomm Quick Charge 3.0 et USB Power Delivery, la batterie de 3000 mAh et de 11,55 Wh du Fairphone 3+ passe de 0 à 50 % en 50 minutes et de 0 à 100 % en 1 h 45 min.

Où acheter le Fairphone 3+ ?

Le Fairphone 3+ est proposé à 469 euros sur le site de la marque, ou chez certains revendeurs comme Boulanger par exemple.