Une erreur dans le texte ?

C'est le bon endroit pour nous l'indiquer !
Attention, ce formulaire ne doit servir qu'à signaler une erreur. N'hésitez pas à utiliser la page de contact pour nous contacter ou nous faire part de vos suggestions. Merci.

Etape 1

Cliquez sur les paragraphes contenant des erreurs !

Play Store : pourquoi Google est poursuivi par 36 États américains ?

Pas moins de 36 États américains ont décidé de déposer une plainte contre Google. Selon eux, la firme de Mountain View se livre à des pratiques monopolistiques pour maintenir sa position dominante sur le Play Store. La plainte évoque autant la distribution d'applications, que le traitement des paiements in-app.

Pourquoi un monopole

D'aucuns diront que parler de monopole à propos du Play Store peut paraître absurde, étant donné que Google laisse les marques qui commercialisent des smartphones Android installer leur propre store, comme le Galaxy Store chez Samsung par exemple.

Toutefois, pour appuyer son argumentaire, la plainte évoque des documents internes à Google qui démontrent la domination du Play Store. Par exemple, celui-ci distribue « plus de 90 % de toutes les applications Android aux États-Unis. Aucune boutique d'applications Android concurrente ne détient plus de 5 % du marché »Ainsi, « les applications qui ne participent pas au Google Play Store perdent l'accès aux quelque 130 millions d'appareils Android aux États-Unis. »

La plainte continue en indiquant qu'Android est « le seul système d'exploitation viable disponible sous licence pour les fabricants d'appareils mobiles qui commercialisent et vendent leurs appareils aux consommateurs américains ». Alors de fait, Google « dispose d'un pouvoir de monopole durable sur le marché et d'une influence considérable sur les fabricants d'appareils mobiles et les développeurs d'applications Android. »

Pour appuyer le fait qu'il est très difficile de concurrencer Google, le texte mentionne les exemples célèbres des tentatives vaines de Microsoft et Amazon de créer un OS concurrent.

Toujours selon les plaignants, Android ne serait « open source que de nom ». En juillet 2020, « plus de 99 % » des téléphones utilisant un système d'exploitation mobile sous licence étaient alimentés par Android.

Et le sideloading ?

La principale différence souvent évoquée entre iOS et Android, c'est que sur l'OS de Google, il est possible de pratiquer le sideloading -- qui désigne le fait de télécharger des apps en dehors du store officiel.

L'action en justice indique que Google, même s'il autorise le sideloading sur Android, impose des barrières gênantes et des messages d'avertissement qui dissuadent les utilisateurs de profiter de cette fonctionnalité.

La plainte souligne d'ailleurs que Google a justement mis en place le Play Protect, le système qui scanne les apps sur Android pour vérifier si elles sont dangereuses, et qu'un tel système protège les utilisateurs. Un document interne qui étudie les risques du sideloading est d'ailleurs sollicité par les plaignants. Celui-ci constate que les applications potentiellement dangereuses sont présentes sur « seulement 0,08 % des appareils qui utilisent exclusivement Google Play » et sur « 0,68 % des appareils qui ont installé des applications en dehors de Google Play ».

En clair, Android exagérerait les risques de sideloading avec ses demandes d'autorisation pour l'installation d'une app ne venant pas du Play Store selon les plaignants.

Les conséquences concrètes

Pour les 36 États à l'origine de la plainte, les consommateurs et les développeurs d'app sont les principales victimes. Selon un principe en économie qui veut qu'une concurrence saine amène les prix à baisser, la plainte explique que les consommateurs payeraient davantage du fait de ces pratiques monopolistiques. Ils ont même un nom pour ça : la « supracompetitive commission ».

L'idée est qu'une « perte de la concurrence entre les plateformes de paiement » les empêche de proposer « des commissions nettement inférieures, ainsi que des fonctions de paiement, un service client et une sécurité des données améliorées. »

Côté développeurs, la plainte s'attaque à l'obligation de passer par Google Play pour payer des achats in-app. Cette obligation aurait deux conséquences. La première, assez directe, serait que « certains consommateurs potentiels... renoncent aux achats in-app, ce qui entraîne un manque à gagner ».

La seconde affirme que, les développeurs n'ayant pas accès aux informations de paiement, cela « empêche les développeurs de rechercher, de développer et de mettre sur le marché de nouvelles applications innovantes, ce qui entraîne un manque à gagner supplémentaire pour eux et une diminution de l'innovation et du choix pour les consommateurs ».

Google aurait songé à soudoyer Samsung

Google aurait mis en place une série de mesure pour s'assurer qu'un concurrent potentiel du Play Store ne devienne pas trop important. La plainte évoquent cinq « catégories de comportements anticoncurrentiels par lesquels Google a entravé la concurrence dans la distribution d'applications Android et les achats in-app. »

Dans les grandes lignes, il est d'abord reproché à Google d'obliger les constructeurs de smartphones qui souhaitent utiliser Android à signer des accords, appelés des Accords de distribution d'applications mobiles (MADAs). Ceux-ci les obligeraient à ne pas modifier l'OS sur la question du sideloading, obligeant donc les constructeurs à maintenir les messages d'alerte lorsqu'on télécharge un store ou une app en dehors du Play Store.

De plus Google, n'autorisant pas la publicité sur son moteur de recherche et sur YouTube pour des applications qui ne sont pas présentes dans le Play Store, la possibilité pour des développeurs d'évoluer en dehors du magasin de Google semble bien compromise.

Google serait même allé jusqu'à tenter de payer Samsung (sans préciser la nature du paiement ou s'il s'agissait d'un accord) pour convaincre le géant sud-coréen de limiter la compétition du Galaxy Store. Google aurait voulu faire du Galaxy Store une « marque blanche » pour le Play Store, c'est-à-dire que Samsung passerait par l'infrastructure de Google Play - y compris Google Play Billing - tout conservant la vitrine Galaxy Store.

La réponse de Google

Google a répondu dans un post sur son blog, par la voix de Wilson White, son directeur principal de la politique publique. La firme de Mountain View rappelle à nouveau que « Android est open source » et que tout le monde peut télécharger des applications à partir d'un magasin d'applications concurrent ou directement à partir du site web d'un développeur et qu'Android n'empêche pas le sideloading.

Wilson White enchaîne ensuite en disant que les constructeurs de smartphones peuvent préinstaller des magasins d'apps sur les appareils Android. Cependant, il ne répond pas sur le cas du Galaxy Store que Google aurait empêché de prendre trop d'ampleur selon les plaignants.

Autre point abordé : les pertes supposées des développeurs face à l'obligation de passer par le système de paiement de Google. Là, la firme de Mountain View nous sort sa plus belle langue de bois en expliquant que les développeurs peuvent communiquer avec les clients en dehors de l'application pour leur faire part d'une offre à moindre coût ou de la disponibilité de l'application sur une boutique concurrente. Nous savons tous que très peu d'utilisateurs sont concernés.

À l'instar d'Apple qui se défend souvent en invoquant son rôle dans la création d'une économie entière autour des apps, Google tente d'expliquer que malgré les accusations d'empêcher les développeurs d'app de gagner autant d'argent qu'il le devrait sur le Play Store, ces derniers auraient remporté « plus de 80 milliards de dollars par le biais de Google Play en février 2020. »

Étant donné qu'il s'agit d'une plainte provenant du secteur public, Google veut aussi faire jouer la corde sensible de l'embauche : « l'économie des applications Android, y compris Google Play, a contribué à créer près de 2 millions d'emplois américains. »

https://www.frandroid.com/marques/google/990185_google-veut-tuer-les-apk-ce-qui-va-changer-pour-le-play-store-et-android