Call of Duty restera bien sur PS4 et PS5… au moins dans un premier temps

 

Jeudi soir, Phil Spencer a rassuré les joueurs PlayStation. Le patron de Xbox a promis que le rachat d’Activision Blizzard n’impacterait pas leur jeu préféré. Call of Duty restera disponible sur toutes les plateformes. Au moins, pour les jeux déjà prévus.

Call of Duty : Black Ops Cold War
Call of Duty : Black Ops Cold War // Source : Activision

C’est le jeu le plus populaire sur PlayStation depuis des années. L’an dernier encore, Call of Duty : Vanguard a fini l’année en tête des achats sur le PlayStation Store avec… Call of Duty : Black Ops Cold War à la 3e place.

Autant dire que l’annonce du rachat d’Activision Blizzard King par Microsoft a donné quelques suées aux joueurs PS4-PS5 dès lors persuadés que leur jeu préféré allait devenir une exclusivité chez le grand rival. Il n’en sera rien.

Respecter les « accords existants »

C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Phil Spencer sur Twitter mardi soir, histoire de rassurer Sony qui s’était ému de l’annonce historique :

« J’ai eu de bons entretiens avec les responsables de Sony cette semaine. Je leur ai confirmé notre intention d’honorer tous les accords existants au moment de l’acquisition d’Activision Blizzard et notre désir de laisser Call of Duty sur PlayStation. Sony est une partie importante de notre industrie et nous apprécions notre relation. »

« Des accords existants au moment de l’acquisition », mais après ? Comme toujours, Phil Spencer soigne parfaitement ses mots, notamment sur Twitter où chaque sortie s’apparente à une déclaration officielle. Celle-ci se veut aussi un moyen de mettre Microsoft à l’abri des accusations de comportements anticoncurrentiels qui pourrait bloquer le rachat, puisque l’entreprise ne ferme pas l’existant à son principal rival. Après, ce sera une autre affaire le temps venu.

Spencer sait qu’avec une franchise comme COD, il tient une épée de Damoclès sur les têtes des dirigeants de Sony. Faire du jeu de tir une exclusivité Xbox serait un coup très dur porté à son principal concurrent avec lequel Microsoft veut garder de bons rapports, notamment dans les négociations sur les serveurs Azure indispensables pour le cloud gaming futur de PlayStation. Si COD disparaissait de la plateforme sur laquelle il est le plus utilisé, et à laquelle il offrait du contenu souvent exclusif, rien qu’à lui seul, il pourrait entraîner une migration importante de joueurs vers Xbox.

Vers un rythme moins annuel ?

Mais, il se murmure aussi que Microsoft a d’autres projets pour Call of Duty et ce n’est visiblement pas de mettre tous les studios rachetés à la tâche d’un seul titre. Une bonne nouvelle en soi tant la franchise a aussi manqué de sang frais ces dernières années. Le rythme de sortie annuelle de COD pourrait alors être abandonné pour laisser davantage de temps au développement. Et ça, ce n’est pas non plus une bonne nouvelle pour Sony, même si le jeu reste multiplateformes.

Source : Activision

Mais lequel des trois studios qui se consacraient uniquement à la franchise (Treyarch, Sledgehammer Games, Infinity Ward) serait alors écarté et sans doute réorienté vers d’autres projets ? On mise sur Sledgehammer Games qui a montré davantage de créativité à chaque prise en main d’un titre (COD : Advanced Warfare avec Kevin Spacey en méchant, COD : WWII et son retour à la Seconde Guerre mondiale, COD : Vanguard avec notamment une héroïne et une campagne plus travaillée).

Relancer aussi d’anciens jeux populaires

Créer de nouveaux jeux pour enrichir le Xbox Game Pass est évidemment dans les projets avec ce rachat. Éviter de sortir un COD tous les ans pourrait aussi laisser de la place à d’autres créations maison. Car avec la trentaine de studios qui vont entrer dans la galaxie Microsoft, cela va se bousculer au calendrier à un moment. Surtout que le sang neuf vidéoludique n’est pas le seul objectif avec l’arrivée d’Activision Blizzard au catalogue.

Dans une interview accordée au Washington Post, Phil Spencer a également laissé entendre qu’il entendait relancer des franchises un peu oubliées détenues par Activision afin de faire grossir le réservoir de joueurs avec encore plus de diversité. Et de citer HeXen, Guitar Hero, King’s Quest et tant d’autres « que j’aime depuis mon enfance et que les équipes sont vraiment contentes d’avoir », a-t-il confié au quotidien.

Crash Bandicoot 4 // Source : Activision

Pour cela, dès que l’accord sera conclu, il va s’entretenir avec les développeurs des différents studios afin de juger des envies de chacun et des possibilités. Cela pourrait notamment lui servir à recentrer les activités d’un studio comme Toys for Bob, spécialisé dans les jeux plus familiaux (Crash Bandicoot 4, Skylanders, Spyro Reignited Trilogy, Madagascar), mais contraint de prêter main forte sur la franchise Call of Duty ces derniers temps.

D’autres challenges à venir

Phil Spencer ne le cache pas. Gérer l’émotion autour de Call of Duty est important, mais d’autres défis sont au programme pour remettre de l’ordre dans la maison Activision Blizzard. Le cas Bobby Kotick est pratiquement réglé et Microsoft espère après ça apaiser les tensions internes qui ont fait suite aux allégations de discrimination et harcèlement sexuel.

Et il y a aussi la syndicalisation de certains studios à prendre en compte et des discussions vont être ouvertes à ce propos. Auprès du Washington Post, Spencer a reconnu que le processus de rachat lancé fin 2021 « absorbait » aussi les défis sociaux d’Activision. « Nous avons passé du temps avec l’équipe d’Activision à examiner les incidents, à consulter les sondages des employés, puis à discuter avec eux de leur plan, à la fois des progrès qu’ils ont réalisés et de leur projet », explique-t-il tout en ajoutant que Microsoft ne se mêlerait pas de l’aspect juridique avant le rachat effectif, soit au plus tard juin 2023.

Phil Spencer, la patron de Xbox // Source : Xbox

Mais il y a aussi structurellement que Microsoft et Phil Spencer, à la tête de la future entité Microsoft Gaming, vont avoir du pain sur la planche. À l’instar du fonctionnement d’Ubisoft qui a des ramifications dans le monde entier, Xbox pourrait se diriger davantage vers un système large de petits studios, capables d’intervenir avec leurs points forts sur le développement de gros titres menés par les principales enseignes (Bethesda, Arkane, Blizzard, 343 Industries, Ninja Theory, Playground Games, Rare, etc.) pour, parfois, prendre le lead sur un projet occasionnel.

Satisfaire toutes ses stars sans faire de jaloux s’annonce là aussi comme un sérieux challenge pour la suite des opérations, sans oublier de verser tout le monde dans le fameux métavers gaming qui se dessine. Et là, on pourra savoir si les plus de 80 milliards de dollars déboursés par Microsoft ces dernières années font de l’entreprise le nouveau leader du jeu vidéo, ou le simple « 3e derrière Tencent et Sony » comme elle veut le faire croire. Pour ne pas trop s’enflammer sans doute…


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