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Test du Sony A7S III : le nouveau champion de la vidéo

Longtemps leader incontesté dans le domaine des hybrides plein format, Sony est aujourd’hui fortement concurrencé et, dans le domaine de la vidéo, les assauts de Canon et Panasonic notamment se sont faits très rudes ces derniers mois. Après avoir régné sans partage sur ce secteur, il était donc devenu impératif pour le fabricant japonais de renouveler son A7S II dont la sortie remontait à près de 5 ans. Voyons donc si cette troisième mouture de la série S, dédiée à la vidéo, est au niveau des attentes suscitées par une fiche technique très prometteuse.

Fiche technique du Sony A7S III

Ce test a été réalisé à partir d’un exemplaire fourni par la marque.

Une prise en main agréable et efficace

Comme avec l’ensemble de la gamme Alpha 7, cette troisième version du modèle S propose une prise en main à la fois rassurante et agréable. La coque est en effet intégralement métallique et est recouverte d’un revêtement antidérapant à la fois agréable et efficace autour de la poignée, de la trappe dédiée aux cartes mémoires et du repose-pouce profilé sur la face arrière.

Le gain de quelques millimètres de profondeur au niveau de la poignée par rapport à la version II est très appréciable : il offre un réel gain de confort, notamment pour les utilisateurs aux grandes mains, en influant très peu sur l’encombrement général. Globalement, le Sony A7S III reprend les formes des autres boitiers de la gamme. Sans surprise, il est donc doté de dimensions à la fois contenues pour un boitier full frame et suffisantes pour assurer un maniement agréable et efficace (129 mm x 97 mm x 81 mm environ du côté poignée pour 700 g avec carte et batterie).

L’écran arrière, inclinable verticalement sur la version précédente, devient totalement orientable grâce à un montage sur rotule. Dans le cadre d’un usage vidéo, et dans une moindre mesure en photo, cette évolution constitue un réel apport qualitatif à l’usage. C’est d’autant plus vrai que ce module de 7,5 cm de diagonale doté d’une définition de 1,44 million de points permet désormais de choisir la zone de mise au point ou le sujet à suivre par simple contact tactile.

Côté connectique, l’A7S III est également bien pourvu. On peut ainsi noter la présence d’une sortie casque et d’une entrée micro au format mini-jack 3,5 mm, d’une sortie HDMI et de prises USB-C et micro-USB.

L’appareil est également pourvu d’une griffe porte-accessoire optimisée dans sa communication avec le matériel Sony et il peut communiquer avec des périphériques externes via le Bluetooth (ex : smartphone, ordinateur ou tablette).

Un excellent viseur

Comme sur l’ensemble des hybrides, le viseur est électronique. Ce système a ses avantages (simulation de l’exposition, de la balance des couleurs, assistants divers…) et ses inconvénients (latence lorsque la luminosité chute, appréciation souvent complexe de la netteté…). Ici Sony a sorti le grand jeu, car le viseur de l’A7S III est celui qui propose la plus grande définition du parc actuel avec 9,44 millions de points et un rafraîchissement maximal de 120 images par seconde.

Il est par ailleurs très confortable grâce à un grossissement de 0,90 x et à un dégagement oculaire de 21 mm. Les porteurs de lunettes apprécieront. Fluide, très bien défini et confortable, son usage reste agréable, même quand la luminosité est réduite (et c’est pourtant un aficionado des belles visées optiques qui écrit ces lignes).

Un pilotage bien pensé et largement paramétrable

L’ergonomie de la gamme A7 tend à se stabiliser avec l’expérience, mais quelques évolutions bienvenues sont néanmoins à signaler. Un joystick fait en effet son apparition sur la face arrière et, après plusieurs générations de boitier, Sony permet enfin une large exploitation des capacités tactiles de l’écran. Il m’a certes fallu paramétrer l’appareil dans ce sens, car par défaut la navigation tactile dans les menus par exemple était désactivée, mais c’est possible.

Après bien des critiques, Sony a également fait évoluer l’organisation des menus. Sur ce genre de boitier, qui propose un nombre de fonctions vertigineux, la question est essentielle. Le choix opéré ici par le fabricant de fonctionner avec des onglets verticaux successifs colorés facilite réellement la navigation. On applaudit des deux mains car, à mes yeux, c’est là une des rares améliorations réelles constatées, tous fabricants confondus, ces dernières années. Certes les menus restent touffus, c’est la loi du genre, mais la « simplicité » de navigation et de recherche est ici grandement accrue et avec un peu d’habitude on retrouve ses petits assez facilement.

Afin de simplifier l’accès aux principaux réglages, la touche « Fn » fonctionne par ailleurs toujours comme un « quick menu » et on retrouve en plus de nombreuses touches personnalisables. Enfin, cerise sur le gâteau, ces touches peuvent être paramétrées différemment en mode photo ou vidéo afin de permettre un pilotage au plus près des besoins et habitudes de chacun et des situations. Le soin apporté à la diversité des usages est donc bien réel et du point de vue ergonomique cet A7S III est un modèle du genre.

Un boitier très efficace en condition de faible luminosité

Comme pour la génération précédente, Sony a fait le choix d’une définition limitée à 12 mégapixels afin de favoriser la sensibilité et la dynamique des images plutôt que la définition. Ce choix, cohérent pour un boitier orienté vers les vidéastes experts et des pros attachés à l’importance de ces paramètres plutôt qu’à la course aux pixels, est la signature de la gamme A7S. Le fabricant annonce une plage dynamique de 14 IL en photo (Raw) et 15 IL en vidéo avec l’emploi du codec le plus gourmand.

Au capteur CMOS sont adjoints deux processeurs de traitement d’image et l’ensemble donne de très bons résultats comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous, réalisée à 6400 iso avec un codec assez léger (les vidéos d’illustrations ont été tournées en full HD 4:2:0 8 bits au débit de 50 Mb/s afin de limiter la compression opérée par YouTube lors de la mise en ligne) :

https://www.youtube.com/watch?v=iO0YkuD8k60

À 25 600 iso il y a du bruit dans les ombres, néanmoins la valeur est encore largement exploitable (avec un parti pris esthétique certes assumé), par contre à 51 200 on atteint clairement certaines limites et même les hautes lumières sont bruitées.

https://www.youtube.com/watch?v=dUJ1d8mC7VM

En photo, les résultats sont également très bons. Les fichiers présentés ici sont issus de développements avec les réglages par défaut du logiciel partenaire de Sony (Capture One). Pour un tirage A4 (voire une double page presse type reportage qui accepte le grain), les valeurs de 25 600 et 51 200 sont encore acceptables, du point de vue de la dynamique comme du bruit. Les valeurs supérieures sont à réserver aux cas désespérés ou aux sorties de plus petite taille.

Des formats vidéo pour (presque) tous les gouts

Chez Sony, la série S est dédiée aux vidéastes experts et professionnels. Après les très belles performances des générations précédentes, qui surclassaient sans conteste la concurrence, les sorties du S1H de Panasonic et de l’EOS R5 de Canon ont très sérieusement mis à mal cette domination sans partage.

Sony était donc sommé de réagir et propose ici une grande variété de possibilités jusqu’à la définition UHD (souvent improprement appelée « 4K ») à la cadence maximale de 120 images par seconde, qui permet donc de réaliser des ralentis x4 (à 30 images/s). L’A7S III permet également, comme la génération précédente, d’enregistrer en Log (un format très « plat » inexploitable directement, permettant de conserver un maximum d’information pour la postproduction).

Pour les professionnels, la principale évolution concerne cependant la possibilité d’enregistrer directement sur carte selon des taux de compression très variés. Le boitier permet ainsi d'enregistrer sur carte avec taux de compression extrêmement faible en 60p, 4:2:2 avec un échantillonnage couleur de 10 bits (soit 1,07 milliard de nuances colorimétriques théoriquement possibles) avec le codec X AVC S-I 4K, un dérivé du H.265 créé pour l’UHD.

Pour les experts, il faut signaler deux limitations lors d’un enregistrement sur carte mémoire :

Pour faire simple, on dispose là encore d’un maximum d’informations destinées à favoriser la qualité d’image en elle-même, les possibilités en postproduction ou pour réaliser des vidéos HDR (ce qui n’a d’intérêt qu’avec les écrans compatibles). Profitons-en pour signaler que, contrairement aux pratiques douteuses de Panasonic avec le S1H, il n’est pas nécessaire de payer un supplément pour disposer de l’ensemble des possibilités offertes par le boitier.

Pour parvenir à ce niveau de performance, l’usage de cartes CFExpress de type A est impératif (pour un usage plus standard en full HD 4:2:0 8 bits, l’A7S III est également compatible avec le format SD). Ces cartes très rapides de toute dernière génération sont aujourd’hui onéreuses et leur capacité est encore limitée. Vu le poids des fichiers générés, l’A7S III est heureusement doté de deux slots compatibles.

Comme sur tout bon appareil vidéo expert ou professionnel, l’usage de proxys (version allégée du fichier principal) est également disponible pour alléger les opérations de montage. Les experts pourront d’autre part choisir entre une compression inter-image (par séquence) ou intra (chaque image est indépendante des autres) selon leurs besoins.

Pour les plus pointilleux, l’enregistrement externe en Raw 16 bits est également possible via la connectique (aucune carte de format compact n’est à ce jour assez véloce pour enregistrer un tel niveau de débit).

Bref il ne manque pas grand-chose, si ce n’est un mode 4K DCI (le « vrai » 4K utilisé pour le cinéma). Vu les performances globales de l’A7S III, cette absence est difficilement compréhensible et nous invitons Sony à y remédier via une évolution de firmware, car certains modèles concurrents, comme le Canon EOS R5, offrent cette possibilité. Vu la configuration d’un environnement technique général dans lequel même la diffusion UHD est à ce jour loin d’être majoritaire sous nos latitudes, l’absence d’un mode 8K ou assimilé (inaccessible à l’A7S III vu la définition du capteur) ne me semble par contre pas réellement problématique.

Un module AF efficace en photo comme en vidéo

De nombreuses possibilités d’enregistrement des images, c’est bien. Néanmoins, un appareil de captation n’est vraiment utile sur le terrain que s’il est en mesure de répondre aux besoins pratiques de ses usagers. Et là encore, l’A7S III répond présent. La principale difficulté lorsqu’on filme avec un appareil à grand capteur est la maîtrise du point, car, toutes choses égales par ailleurs, plus le capteur est grand, plus la profondeur de champ est réduite. Ici le module autofocus est très efficace en photo comme en vidéo. La détection du sujet peut se faire automatiquement ou par simple contact tactile sur l’écran et son suivi est très bien assuré.

https://www.youtube.com/watch?v=C6rGTs-wNLo

Lorsque la sensibilité baisse, le module AF est encore capable d’accrocher les sujets comme on peut le voir sur la vidéo ci-dessous réalisée à 25 600 iso :

https://www.youtube.com/watch?v=9GRfAv46r0Q

Même avec l’emploi du très beau 135 mm f/1,8 G à pleine ouverture, des conditions très exigeantes pour le module AF, les résultats sont très bons à la vitesse rafale maximale de 10 images/s.

La fonction désormais bien connue de détection du visage est sans surprise très efficace, et c’est tant mieux. Attention cependant à penser à la désactiver quand on souhaite suivre un sujet autre qu’humain ou animal, car, en cas d’oubli, il se peut que l’autofocus accroche prioritairement un visage si l’objet à suivre se trouve à proximité.

Les transferts de points ainsi réalisés via le module AF entre deux plans fixes n’ont certes la même douceur que ceux réalisés manuellement par les pros. Cependant, le résultat reste très satisfaisant et évite une trop grande brutalité.

https://www.youtube.com/watch?v=rQSt8LtRl_M

Une stabilisation 5 axes efficace

En photo comme en vidéo, les stabilisations sur 5 axes sont très largement répandues et font désormais partie des incontournables. Lors d’un usage vidéo à main levée, elle est aujourd’hui indispensable, car, comme on le voit dans les trois vidéos suivantes, sa vocation n’est pas d’assurer une stabilité parfaite, mais bien d’éviter les saccades violentes liées aux micromouvements de l’opérateur.

En plus de la stabilisation traditionnellement présente dans la gamme, l’A7S III propose un mode « actif » dont la vocation est de lui adjoindre une stabilisation électronique. Le principe en est simple : on se donne une réserve de pixels autour de l’image utile (moyennant un recadrage) qui servent à compenser par calcul du processeur un peu plus les mouvements parasites. Si la volonté d’offrir une option supplémentaire est louable, je préfère dans le cadre d’un usage standard conserver l’ensemble du champ, car le module de base est déjà efficace. Après, tout dépend des conditions d’utilisation.

https://www.youtube.com/watch?v=OBC2MJneIQg

https://www.youtube.com/watch?v=sjwLrHenAKs

https://www.youtube.com/watch?v=u3mBKQPbf8M

En photo, la définition limitée du capteur permet de descendre à main levée plus bas qu’avec les boitiers de très haute définition. Une fois le stabilisateur enclenché on gagne en pratique 1 IL 2/3 (ex : on obtient les mêmes résultats au 1/15e de seconde qu’au 1/50e à main levée). Le module fonctionne donc bien, mais sa nécessité est moins impérieuse qu’avec les boitiers dotés de capteurs très définis : stabilisation enclenchée, j’ai obtenu des résultats très proches dans des conditions analogues avec l’A7S III qu’avec l’A7R IV de 61 Mpix. Une fois le module désactivé, la différence entre les deux appareils saute par contre aux yeux : lorsqu’on examine les fichiers à 100 % sur un écran il faut alors monter au 1/125e avec le boitier haute définition pour atteindre les mêmes résultats qu’au 1/50e avec l’A7S III.

Prix et disponibilité du Sony A7S III

Le Sony Alpha 7S III est déjà disponible dans le commerce. Le boitier est proposé sans objectif au prix de 4200 euros.