Nissan Leaf First à 17 000 euros : la marque apporte quelques précisions
Nissan France s’est fendu d’un communiqué de presse dans lequel le groupe vante la grille tarifaire relativement basse appliquée à la dernière version de sa Leaf, la Leaf First. Mais un problème demeure : la cible visée. Après publication de notre article, la marque a précisé certains points.
Mise à jour avec droit de réponse : Nissan a réagi après publication de cet article. Vous trouverez la déclaration du constructeur en fin d'article. Notez aussi que ce papier a été initialement publié le 16 mai 2019 avec le titre « Nissan Leaf First à 17 000 euros : une campagne de communication incohérente ».
Introduite sur le Vieux Continent en 2011, la voiture électrique Nissan Leaf a depuis fait son bonhomme de chemin. Le constructeur japonais appartenant à l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a même réussi à s’imposer comme un acteur de poids sur le créneau de l’électrique. Et pour s’accaparer une part toujours plus importante du gâteau, la firme a mis en place une nouvelle offre exclusivement dédiée à l’Hexagone : la Nissan Leaf First.
Cette mouture reprend ainsi la batterie de 40 kWh installée sur la version Acenta, tout comme sa motorisation de 150 chevaux et ses équipements technologiques installés à son bord. Pour un prix, disons-le, abordable au regard des autres modèles concurrents : 16 990 euros. Un seuil atteint grâce aux nombreuses aides de l’État et de Nissan (détaillées dans ce communiqué de presse), qui n’a pas hésité à doubler la prime à la conversion prévue à cet effet.
Une prime à la conversion doublée, oui, mais...
Mais ce modèle First est loin d’être réservé à tous les Français : seuls les citoyens non imposables sur le revenu et parcourant plus de 60 km par jour peuvent en bénéficier, soit un total de 100 000 personnes selon les chiffres de Nissan. Un choix calqué sur celui du gouvernement, dont les nouveaux montants dédiés à la prime à la conversion sont entrés en vigueur le 1er janvier 2019. Si la démarche de Nissan reste louable, sa campagne de communication suscite des questions.
Le système d’impôt en France repose sur un principe simple : plus le revenu annuel d’un citoyen est élevé, plus son impôt le sera aussi. Comme le montre le barème d'impôt disponible sur Service-public.fr, toute personne située dans la tranche 9964 euros, ou moins, échappe à l’impôt sur le revenu. Une catégorie compatible, donc, avec les critères de Nissan.
Nissan France, déconnecté de la réalité ?
Pour simplifier notre raisonnement, nous nous cantonnerons à cette tranche, sans effectuer de simulation personnalisée (célibataire, en couple, avec ou sans enfants). Le fait est que Nissan cherche ici à vendre un produit dont le prix est presque deux fois plus élevé qu’un salaire annuel d’un citoyen non imposable. Alors certes, les coûts d’électricité se veulent bien inférieurs à ceux de l’essence, d’autant plus lorsqu’un automobiliste parcourt jusqu’à 60 kilomètres par jour entre son domicile et son lieu de travail.
Mais Nissan France oublie un point important : avec environ 1000 euros par mois pour vivre, comment peut-on économiser et s’acquitter d’une somme pareille ? Entre les besoins alimentaires, le logement, l’électricité ou encore le gaz, un tel salaire mensuel ne semble pas permettre d’investir dans une nouvelle voiture électrique. Pas sûr, donc, que l’entreprise trouve preneur au regard de cette offre pour le moins osée.
Nissan réagit
Suite à la publication de cet article, un responsable de Nissan nous a contactés pour ajouter quelques informations. Voici la teneur de son message.
Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas d’une « campagne de communication ».
Des chiffres AAA et JATO vont également dans ce sens.
Comme l’évoquent certains commentaires liés à cet article, le seul critère du revenu n’est pas totalement révélateur du niveau d’imposition, donc du niveau de vie du foyer.
Pour 2019 (revenus 2018), le seuil d’imposition est à 42 154 euros pour un couple avec 2 enfants, soit 3 parts.
Ces foyers sont éligibles à la Prime à la Conversion de 5 000 euros pour la mise au rebut d’un véhicule essence immatriculé avant 1997, ou diesel immatriculé avant 2006.
Notre offre est donc destinée à une clientèle bien plus large que celle qui « gagne 1000 € par mois » évoquée dans l’article.
Pour preuve de son intérêt, l’offre est effective depuis quelques jours seulement et nous avons déjà enregistré des commandes.