Les plus gros préjugés sur les voitures électriques sont-ils justifiés ?

 

Les réticents à sauter le pas vers l’électrique ont bien souvent beaucoup d’arguments en défaveur des véhicules proposés aujourd’hui. Nous allons voir si les plus gros préjugés sur l’électromobilité sont justifiés.

Source : Frandroid

La voiture électrique parfaite n’existe toujours pas, et il faut bien avouer qu’il y a des concessions à faire par rapport à un véhicule thermique. Que ce soit sur la gestion des grands trajets, sur l’accessibilité aux points de charge ou encore sur les tarifs, il reste du travail à accomplir avant d’arriver à une expérience se rapprochant de ce que la majorité des automobilistes connaissent.

Toutefois, certaines idées reçues ne sont plus d’actualité et il est important de les nuancer. Nous allons donc passer en revue les plus gros points négatifs de la voiture électrique qui sont généralement mis en avant, et déterminer si ce ne sont que de simples préjugés, ou bien s’il y a tout de même une grande part de vérité.

Les grands trajets en voiture électrique, vraiment impossibles ?

C’est un grand classique que l’on entend et lit à tort et à travers : les véhicules électriques, c’est bien pour la ville, mais cela s’arrête là. S’il est vrai que durant de nombreuses années, les véhicules qui avaient le plus d’autonomie ne permettaient guère de faire plus de 150 kilomètres sereinement, en 2022 le paysage est fondamentalement différent.

Un véhicule électrique moyen aujourd’hui emporte une batterie d’au moins 45 kilowattheures, ce qui permet sans problème d’effectuer 250 kilomètres. Les modèles les plus populaires en France en 2021 étaient tous dotés de batteries de plus de 50 kilowattheures : la Tesla Model 3, la Renault Zoé et la Peugeot E-208.

En cycle WLTP, leur autonomie est respectivement annoncée à 510 kilomètres, 395 kilomètres et 362 kilomètres. S’il est vrai qu’en conditions réelles, il faut plutôt considérer un tiers de moins comparé à l’estimation du cycle, cela donne un rayon d’action compris entre 250 et 360 kilomètres.

Une station Fastned facilitant les grands voyages en voiture électrique

La majorité des Français parcourt moins de 500 kilomètres pour se rendre sur le lieu de vacances et il semble ainsi fort possible de faire ce trajet d’une traite avec certaines voitures électriques. De nombreuses références affichent d’ailleurs une autonomie suffisante pour parcourir jusqu’à 400 kilomètres d’une traite, mais dans certains cas il sera tout de même nécessaire de se recharger pour arriver à destination, ce qui devient de plus en plus aisé.

De nombreux opérateurs de recharge rapide sont aujourd’hui présents sur l’ensemble du territoire européen, et les aires de services sur autoroute reçoivent des points de charge très haute puissance (jusqu’à 350 kW)  permettant de récupérer jusqu’à 200 kilomètres d’autonomie en une quinzaine de minutes. Bien entendu, celles et ceux qui ont pour habitude de rester au volant pendant six heures et arriver à destination sans la moindre pause devront revoir leurs habitudes, mais avec un minimum de planification, les grands trajets en électrique sont d’ores et déjà une réalité.

Trouver une borne de recharge, facile ou casse-tête ?

Autre cliché qui persiste depuis de nombreuses années : trouver un point de charge est une mission impossible, alors que l’on trouve des stations essence très facilement. Cette idée reçue est de plus en plus erronée, sachant que le nombre de stations-service distribuant du carburant n’a de cesse de diminuer en France depuis quarante ans. On n’en dénombrait en 2018 plus que 11 000, là où lors de son dernier baromètre national des infrastructures de recharge ouvertes au public, l’Avere recensait 22 870 stations de recharge en France.

Tesla Model 3 en charge grâce au réseau Porsche Destination Charging // Source : Bob Jouy pour Frandroid

Dès aujourd’hui, il y a donc plus du double de stations de recharge pour véhicules électriques que de stations essences sur le territoire national et le nombre de points de recharge disponible était de 57 732 en avril 2022. Ce chiffre a fortement augmenté dans les douze derniers mois, avec une évolution de 54 % selon le ministère de la transition écologique.

Sur ces plus de 57 000 points de charge, 40 % étaient implantés dans des parkings publics, 30 % sur la voirie, 27 % dans des centres commerciaux, et 3 % en entreprise. La très grosse majorité de ces points de charge sont destinés à de la charge lente en courant alternatif, lorsque seuls 8 % des bornes installées offrent de la charge rapide.

De nombreuses applications permettent de trouver un point de charge en France. Nous vous invitons à consulter notre dossier sur les manières de vous en sortir si vous souhaitez charger hors de chez vous. Bien qu’elle s’améliore, la situation de la recharge publique n’est pas totalement résolue pour autant. Il est vrai que les stations disponibles ne sont pas forcément toujours en état de marche, et que certaines requièrent un badge spécifique pour fonctionner.

Le futur devrait cependant être encore meilleur, avec certains gros acteurs de la grande distribution qui souhaitent massivement implanter des bornes de recharge dans les années qui arrivent. Nous pouvons également souligner l’ouverture progressive des Superchargeurs Tesla à l’ensemble des véhicules électriques, ce qui permettra à terme d’ajouter une centaine de stations supplémentaires réparties sur le territoire métropolitain, offrant plus de 1 000 points de charge rapide.

Recharger une voiture électrique prendrait beaucoup trop de temps

C’est un fait, une voiture électrique est bien plus longue à recharger comparée au temps nécessaire pour faire un plein d’essence. D’un côté, en quelques minutes tout au plus, il est possible de reprendre la route pour des centaines de kilomètres, et de l’autre, c’est sans aucun doute bien plus long.

Il convient toutefois de distinguer la charge lente, bien souvent à domicile ou au travail, de la charge rapide nécessaire en grands trajets. En effet, bien qu’il soit très long de recharger une voiture électrique sur une prise domestique (autour de 20 à 40 heures pour faire une recharge complète), cela ne pose, au quotidien, pas le moindre problème.

La prise de recharge de la Peugeot e-208 // Source : Peugeot France

Sans équipement spécifique, il est bien entendu possible de recharger une voiture électrique sur une prise domestique. Dans de nombreux cas, le câble permettant ce mode de recharge est d’ailleurs inclus avec le véhicule. Si l’on considère un cas classique où la voiture est en charge en heures creuses, la nuit, ce sera entre 60 et 100 kilomètres d’autonomie qui pourront être récupérés. Ainsi, pour les personnes qui n’effectuent pas plus de 100 kilomètres au quotidien, une voiture électrique n’apporte aucune contrainte s’il y a une prise de courant à proximité du lieu de stationnement.

Pour les électromobilistes ayant des besoins plus importants en recharge, il est conseillé d’installer une borne de recharge à domicile, ou wallbox, permettant de récupérer l’intégralité de la batterie en six heures environ. Dans ces cas là, même avec des besoins quotidiens dépassant la centaine de kilomètres, vous pourrez vous déplacer en toute quiétude.

Wallbox SB Copper // Source : wallbox.com

Dans le cas des grands trajets, il est certain que la comparaison avec un véhicule thermique sera en défaveur de l’électrique en ce qui concerne la durée totale du voyage. La majorité des voitures électriques d’aujourd’hui proposent une recharge rapide en courant continu, leur permettant de passer de 20 à 80 % de batterie en une trentaine de minutes environ. Certains modèles, à l’instar de la Hyundai Ioniq 5 ou de la Kia EV6, récupère même 70 % de batterie en moins de 18 minutes, ce qui rassurera les plus inquiets sur le point de la durée de la charge.

Une voiture électrique serait beaucoup trop chère par rapport à une voiture thermique

L’argument du prix est, à ce jour, celui qui reste le plus sensé. Il est vrai que les tarifs des véhicules électriques restent très élevés en comparaison à un véhicule thermique équivalent. Parmi les références les plus populaires, nous pouvons prendre l’exemple de la Peugeot e-208, qui affiche un tarif en entrée de gamme de 33 950 euros contre 17 500 euros pour la version thermique d’entrée de gamme de la Peugeot 208.

La différence de prix entre la version thermique et électrique de la Peugeot E-208 en finition « Active »

Même en prenant un niveau de finition similaire, la version Essence démarre à 19 200 euros, soit 14 750 euros de moins que son homologue électrique. Bien qu’il faille effectivement compter sur des économies substantielles à l’utilisation en faveur de l’électrique — qui permet un coût aux 100 kilomètres situé sous les 3 euros, contre près de 9 euros pour un véhicule thermique — la différence de prix affichée à l’achat est considérable.

Fort heureusement, il existe aujourd’hui des incitations à l’achat, sous la forme d’un bonus écologique qui peut atteindre 6 000 euros, et certaines aides complémentaires peuvent s’ajouter à cela selon votre situation et votre lieu de résidence. Dans certains cas, ce sont pas moins de 11 000 euros qu’il faut retrancher du prix catalogue affiché, ce qui peut amener à reconsidérer la chose.

Dacia Spring

La moins chère des voitures électriques, la Dacia Spring, débute tout de même à plus de 12 000 euros en incluant le bonus écologique, ce qui est loin d’être une somme négligeable pour beaucoup. Certaines offres de location longue durée associées à la prime à la conversion permettent de rouler en véhicule électrique pour moins de 100 euros par mois toutefois, rendant le coût global inférieur à un véhicule thermique équivalent.

Le marché d’occasion commence lui aussi à être de plus en plus fourni et offre des possibilités pour rouler en électrique à un coût plus raisonnable, mais des efforts doivent encore être faits par les constructeurs pour proposer une offre se rapprochant du coût d’acquisition d’un véhicule thermique, qui reste encore en 2022 bien inférieur à celui d’une voiture électrique.

Certains préjugés n’ont plus lieu d’être

Comme nous l’avons vu, certains arguments contre la mobilité électrique n’ont plus lieu d’être de nos jours. Les grands trajets sont possibles, quitte à planifier son itinéraire avant le départ, et les stations de charge sont de plus en plus présentes sur tout le territoire.

Pour les personnes ayant une prise de courant dans leur garage ou au parking du lieu de travail, rouler en électrique ne posera sans doute aucune contrainte au quotidien. Toutefois, il reste des efforts à faire sur certains points, à commencer par le tarif qui reste aujourd’hui bien au-delà du prix d’un véhicule thermique équivalent. La recharge rapide reste également un point d’amélioration possible, promis avec l’arrivée de nouvelles technologies de batterie toujours plus performantes.

Il conviendra de garder un œil sur les évolutions dans les années à venir pour vérifier si les points négatifs d’aujourd’hui seront corrigés ou non, mais quoi qu’il en soit, rouler en véhicule électrique semble séduire de plus en plus de monde, comme en témoignent les chiffres de vente qui continuent d’atteindre des nouveaux records.


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