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Mais pourquoi les constructeurs automobiles sortent des vélos et trottinettes électriques ?

La passerelle entre l’automobile et l’électromobilité est fine. Il suffit de jeter un œil dans le rétroviseur pour remarquer un phénomène grandissant et réel : les constructeurs de voitures n’hésitent plus à jeter leur dévolu sur les vélos électriques et trottinettes électriques. Pour d’autres, l’idée est de se concentrer sur des équipements techniques.

Qui sont ces acteurs, et surtout, pourquoi décident-ils de franchir ce cap ? À quel point cherchent-ils à renforcer leur image de marque sur le court ou moyen terme, ou au contraire se positionner sur le long terme au travers de projets plus ambitieux ? Voici un dossier explicatif qui cherche à décrypter cette tendance.

De l’automobile aux trottinettes électriques

Tâchons tout de d’abord de présenter quelques exemples concrets. L’idée ici n’est pas d’établir une liste exhaustive, mais de citer des entreprises célèbres et historiques issues de l’industrie automobile. Parmi elles, Seat : son cas remonte à 2019, lorsque la eXS KickScooter, une trottinette électrique pliable, a été présentée.

Cette nouveauté s’inscrivait dans une dynamique spécifique, où l’électrique prenait une place de plus en plus importante au sein de l’entreprise – en témoigne l’introduction de la micro-citadine Seat Mii un peu plus tôt. Concernant son modèle de trottinette, Seat avait fait appel à un constructeur incontournable, Segway.

Un an plus tard, la firme ibérique remettait le couvert avec un second produit : l’eKickScooter 65, qui musclait son jeu avec 65 km d’autonomie… mais une vitesse maximale bridée à 20 km/h. Bref, la chose la plus importante à retenir est la suivante : ses intentions étaient réelles, sans que l’on connaisse aujourd’hui l’étendue de son succès.

En tant qu’illustre constructeur de motos, Ducati a logiquement longtemps été attendu sur le créneau… des motos électriques, au regard de l’électrification progressive du secteur. Pourtant, le groupe transalpin a d’abord misé sur les trottinettes électriques avec quatre modèles ajoutés à sa gamme, le dernier en date ayant été révélé en novembre 2021.

Ducati a fait appel à sa filiale Urban e-mobility pour arriver à ses fins et chercher à se construire une crédibilité grâce à une offre variée à des prix plus ou moins abordables – entre 400 et 800 euros. Un constat que l’on ne peut appliquer à la stratégie de Redbull, qui n’a pas fait dans la demi-mesure au moment de révéler sa propre trottinette électrique.

Outrageusement célèbre pour ses boissons énergétiques, Red Bull est aussi une écurie de Formule 1 aux multiples victoires (de 2010 à 2013, puis en 2022) qui s’est amusée à concevoir une trottinette tout en carbone et hors de prix – 6000 dollars –, en novembre 2022. Une véritable « petite fantaisie » de champion du monde.

Ironiquement, son ennemi juré de la Formule 1, j’ai nommé Mercedes, s’était également octroyé ce petit plaisir quelques années plus tôt. En 2020, les fans de la firme à l’étoile découvraient la Mercedes-Benz eScooter, que nous considérions à l’époque comme inférieure à la concurrence, du moins sur le papier.

Un an plus tard, une trottinette électrique signée Xiaomi, mais estampillée Mercedes, faisait également parler d’elle. Il s’agit à ce moment-là plus d’un partenariat d’image qu’autre chose.

Pour terminer, un autre constructeur allemand s’est initié aux trottinettes électriques à la toute fin des années 2010 : il s’agit de BMW avec sa BMW E-Scooter, encore disponible au prix de 806 euros sur le site officiel de la marque d’outre-Rhin. Malheureusement, ses 12 km d’autonomie théorique et 20 km/h de vitesse maximale la condamnent à tomber dans l’oubli.

De l’automobile aux vélos électriques

S’il y a bien une entreprise automobile qu’il faut ici citer, c’est Cycles Peugeot, filiale de Peugeot, elle-même filiale du géant Stellantis. Dans un certain sens, ce constructeur de vélos est rattaché au secteur automobile. Il s’appuie surtout sur une longue expérience depuis sa création en 1882, avec des hauts et des bas dans son cycle de vie.

Son catalogue est aujourd’hui composé d’une quinzaine de modèles, du vélo électrique urbain au VTC en passant par du VTTAE. Ces dernières années, Peugeot Cycles a musclé son offre pour renforcer son attractivité et se forger une véritable réputation en matière de vélos à assistance électrique.

Deux autres fabricants nourrissent des ambitions certaines : Yamaha et Porsche. Le premier a fait des scooters et des motos son fer de lance, lorsque Porsche est célèbre pour ses sportives thermiques et électriques. En octobre 2022, l’entreprise japonaise a dégainé trois vélos branchés qui se positionnent sur tous les usages, pour une sortie en France au premier trimestre 2023.

De son côté, le groupe allemand a placé ses pions sur plusieurs terrains de jeu : d’un côté, il a créé une marque répondant au nom de Cyklær, aux côtés de Storck (fabricant de vélos), Greyp et Fazua (fabricants de composants). Leurs ambitions : viser les vélos électriques connectés haut de gamme.

De l’autre, Porsche a sorti ses propres VAE inspirés de la fameuse Porsche Taycan. Sortis en 2021, les eBike Sport et eBike Cross ont même été renouvelés avec une génération 2022. Inutile de tourner autour du pot : ces modèles ciblent une clientèle de niche au regard leur fourchette tarifaire située entre 8 000 et 10 000 euros.

Dans une moindre mesure, d’autres fabricants ont eux aussi cédé aux sirènes des vélos électriques. Ducati, encore lui, a craqué pour un VAE de course à 7690 euros. Le Suédois Polestar cherche quant à lui à lancer un nouveau vélo électrifié – après un VTT haut de gamme produit en édition limitée – avec l’aide d’Allebike.

Les équipementiers

Une trottinette ou un vélo électrique n’est que le fruit d’un assemblage de composants. Les composants en question sont fournis par des équipementiers, comme les célèbres Shimano ou Tektro, pour ne citer qu’eux. Là encore, certains acteurs de l’automobile ont fait le choix d’investir dans cette branche.

Porsche en est un illustre exemple, lui qui a tout bonnement racheté à 100 % le fabricant Fazua, notamment spécialisé dans les moteurs et batteries électriques, en juin 2022. Quelques mois plus tôt, 20 % des parts de l’entreprise avaient déjà été cédées à la filiale de Volkswagen. Ce n’était finalement qu’une question de temps avant un rachat total.

Yamaha ne fabrique pas que des vélos électriques, mais aussi des moteurs, des écrans avec commandes et des batteries. Preuve que cette catégorie de produits lui importe, la firme nipponne a dégainé un tout nouveau moteur – le PWseries S2 – à la fois plus léger et plus coupleux en septembre 2022.

Forcément, les VAE de la marque s’appuient sur cette gamme d’équipements. Mais des partenaires extérieurs en profitent aussi, à l’image de LaPierre, Winora ou encore Gitane.

Connu et reconnu dans l’industrie automobile en tant qu’équipementier, Bosch l’est tout autant dans le monde des vélos électriques. Il est d’ailleurs devenu l’une des plus grandes références en la matière grâce à ses puissants moteurs et ses batteries endurantes, qui peuvent s’inviter sur tous types de vélos pour tous types d’usages.

Dans le milieu des VAE, Bosch sonne avec fiabilité et efficacité. Il applique d’ailleurs des stratégies déjà éprouvées avec les motos, en développant un ABS pour vélo électrique qui améliore la sécurité des usagers grâce à un freinage mieux contrôlé. Nous avons d’ailleurs testé leur système, pour un résultat plus que bluffant.

Des raisons marketing et d’image pour certains

Mais alors, comment passe-t-on de l’automobile – et la moto – à l’électromobilité ? Et surtout, pourquoi ? Force est de constater que certains acteurs le font pour des raisons avant tout marketing. Après tout, le cheminement peut avoir du sens : si un constructeur vend des voitures ou des motos, pourquoi pas des vélos et trottinettes électriques.

Finalement, ces deux engins sont aussi des véhicules capables de transporter des personnes sur des distances moindres, certes, mais la finalité reste la même. Au niveau de l’image de marque, rien n’est choquant. Il n’empêche, les propositions faites par certains manquent cruellement de pertinence à l’égard des utilisateurs.

C’est le cas de Mercedes, BMW ou encore Red Bull sur le plan des trottinettes. Conçu avec Micro Mobility Systems AG, le modèle de Mercedes s’est vite tiré une balle dans le pied avec une vitesse limitée à 20 km/h. Chez BMW, comme expliqué plus tôt, son prix élevé (800 euros) et ses prestations trop faibles en font un produit non recommandable.

Du côté de Red Bull, l’heure était à la fête avec un « petit délire » de champion du monde, avec une trottinette électrique tout en carbone hors de prix. Bref, il semble évident que ce trio n’a pas vraiment d’ambitions volumétriques en termes de ventes : leur positionnement relève plus de l’image qu’autre chose.

Dans une moindre mesure, Seat a timidement tenté de se faire une place grâce à l’une de ses filiales. Mais là encore, l’offre proposée manquait de pertinence face à la concurrence et l’omniprésence des trottinettes Xiaomi et Segway sur nos routes. Disons que l’intention était là, mais le résultat pas forcément à la hauteur de nos attentes.

Dans une certaine mesure — mais sans que cela puisse être concrètement vérifiée —, se donner bonne conscience et dégager une image écologique favorable peut aussi faire partie des raisons pour lesquelles les marques se positionnent sur la micromobilité : c’est ce qu’on appelle le greenwashing.

En parallèle, ces fabricants — comme Mercedes et BMW — vendent des dizaines de milliers de voitures thermiques polluantes, tant dans leur production et que dans leurs émissions. Pour tenter de polir cette fameuse image, rien de mieux qu’une petite trottinette électrique, pourrait-on se dire.

Des raisons plus stratégiques pour d’autres

Tout n’est pas uniquement une question d’image. D’autres sociétés se sont lancées dans l’aventure pour des raisons plus « nobles » : participer au futur de l’électromobilité, acquérir des connaissances et développer des ressources techniques afin d’améliorer des produits capables d’avoir un impact sur l’environnement. Sans oublier l’aspect financier.

Porsche est un exemple intéressant, car le rachat de Fazua est en fait un pari sur le long terme. Ici, l’entreprise allemande n’a pas seulement acquis une gamme de moteurs et de batteries. Elle a aussi mis la main sur des équipes expérimentées et tout un tas de ressources techniques qui lui serviront pour plus tard.

À ce titre, Porsche a rapidement dévoilé ses ambitions en la matière : d’ici 2025, il souhaite développer et commercialiser ses propres moteurs pour vélos électriques, à la fois pour sa propre gamme mais aussi celle d’autres fabricants. On voit bien ici que l’acquisition de Fazua a été mûrement réfléchie.

Bosch a confiance en son savoir-faire, et à juste titre : ses équipements se sont rapidement imposés chez un bon nombre de marques, malgré les contraintes techniques qui en découlent – la conception du vélo doit être compatible avec le format des moteurs et batteries Bosch.

Mais là où Bosch va plus loin, c’est dans sa vision novatrice : l’équipementier ne cherche pas seulement à fournir des composants, mais aussi à innover pour prendre de l’avance et se créer une véritable image de marque moderne. La conception d’un ABS pour vélo électrique en est la preuve, même si Bosch n’est pas seul sur le créneau.

Alarme plus intelligente, mode automatique (l’assistance s’adapte aux conditions ambiantes, comme le vent ou le dénivelé), fonction Hill Hold : bref, Bosch ne lésine pas sur les moyens pour tenter de faire avancer les choses à sa manière, avec sa propre vision et ses propres ressources techniques. Sans oublier la version Race de son Performance Line CX, spécialement taillée pour les VTTAE.

Yamaha se projette lui aussi sur le long terme. Son catalogue de moteurs, de batteries et de vélos électriques qui ciblent tous les usages (ville, chemin, trail) n’est pas là pour faire joli. Le développement de nouveaux moteurs montre également à quel point il souhaite faire évoluer sa gamme et celle de ses partenaires.

Soulignons par ailleurs que la passerelle entre l’automobile et les vélos électriques/trottinettes électriques est aujourd’hui simplifiée : savoir construire un moteur pour une voiture branchée, c’est aussi accumuler des connaissances et un savoir-faire pour l’appliquer autre part, comme dans l’électromobilité. Il peut donc il y avoir du sens à ce qu’un fabricant jongle d’un domaine à un autre.

VAE vs trottinettes électriques : des marchés qui diffèrent

En prenant un peu de recul sur les exemples cités, force est de constater que le secteur des trottinettes électriques semble plus propice aux produits d’image. Et en même temps, en France, le marché est fortement dominé par Xiaomi, Segway ou encore E-TWOW – Segway construit même les modèles de Xiaomi –, qui dictent leurs lois et ne laissent que peu de place aux autres.

Le marché des trottinettes électriques semble plus difficile à pénétrer, même si Ducati tente sa chance avec des modèles financièrement décents – entre 400 et 800 euros. N’empêche, la force de frappe marketing de Xiaomi et Segway, associée à une offre diverse et variée, en font des choix relativement évidents pour le grand public.

Sur les routes, les modèles de trottinettes électriques se ressemblent d’ailleurs souvent, Xiaomi et Segway y sont pour quelque chose. Les ventes de trottinettes électriques ont explosé ces dernières années : de 233 000 en 2018 à 478 000 en 2019, pour bondir à 640 000 en 2020 puis 908 000 en 2021. Bref, la demande est clairement au rendez-vous.

Du côté des vélos électriques, la donne semble légèrement différente. Chacun semble avoir une petite carte à jouer, en tentant de se démarquer sur des nouveautés logicielles, des fonctions liées à la sécurité ou encore à des éléments de design plus marqués. D’ailleurs, nombreuses sont les nouvelles marques à se lancer dans l’aventure.

En France, nous pouvons notamment citer Angell ou encore Elipse plus récemment. Cowboy parvient aussi à bien tirer son épingle du jeu depuis sa création en 2017. Globalement, l’offre est extrêmement variée, à la fois pour les petits et les gros budgets. En ville, on ne compte plus vraiment le nombre de marques de VAE que l’on croise.

La croissance du marché joui aussi d’une excellente dynamique. En 2021, il s’est vendu 660 000 vélos électriques, soit une hausse de 28 % par rapport à 2020. Surtout, ce volume correspond à ¼ des vélos vendus en France, toujours en 2021. Bref, le marché des vélos et trottinettes électriques a probablement un bel avenir devant soi.

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