Lynx : nous avons testé le casque AR français qui s’attaque au HoloLens de Microsoft

 

À la suite de notre article sur son projet, Stan Larroque nous a invités dans ses locaux pour tester son prototype de casque de réalité augmentée Lynx et nous en apprendre plus sur le produit final, son fonctionnement, sa production et ses utilisations possibles.

Il y a quelques semaines, nous vous présentions le casque de réalité augmentée Lynx de Stan Larroque, un étudiant français de 24 ans. Des suites de cet article, Stan nous a proposé de venir essayer le prototype dans ses locaux. Nous avons à cette occasion pu lui poser nos questions sur le produit final, mais aussi sur le fonctionnement de l’appareil.

Stan nous a également expliqué les diverses applications possibles de son casque, avec de nombreux acteurs du milieu professionnel qui se sont déjà montrés intéressés. Enfin, face à cette forte demande, nous avons pu comprendre comment le casque est fabriqué pour que la production suive la demande toujours plus grande.

Notre vidéo

Un test grandeur nature

À l’occasion de notre rencontre, Stan Larroque m’a permis de tester un prototype qui, bien qu’il n’ait pas toutes les qualités du produit final, offre un excellent aperçu de la technologie embarquée. La définition de l’image n’était clairement pas optimale, et le framerate ne dépassait pas les 25 FPS. Cela n’a pas empêché l’expérience d’être enrichissante.

Le prototype testé, avec ses deux capteurs photo à l’avant qui correspondent aux deux yeux

La première démonstration m’a permis de manipuler des objets 3D directement avec ses mains en réalité augmentée. La main gauche cache un tiroir d’objets à sélectionner en « cliquant » dessus du doigt, alors que la main droite est accompagnée de trois boutons permettant de gérer ces mêmes objets.

Une fois l’objet choisi, en l’occurrence une maison lors de mon test, il est possible de le manipuler en changeant la taille et en le faisant pivoter entre ses mains. Le tout est très intuitif, même si j’ai parfois eu des difficultés à faire de ce que je voulais.

Pour la deuxième démonstration, en revanche, il n’est plus question de manipuler quoi que ce soit virtuellement puisque les « manettes » sont contrôlées à distance par un ordinateur, celui de Stan pour l’occasion.

Je me suis alors fait guider à distance à l’aide de points rouges censés attirer mon attention, et d’instructions écrites qui apparaissaient directement sur mon écran. Pour l’exemple, Stan m’a invité à analyser l’imprimante 3D qui se trouvait à côté, puis à appuyer sur certaines touches du clavier comme pour simuler une assistance information à distance.

Dans un cas comme dans l’autre, j’ai tout de suite pu imaginer des applications possibles dans le monde du travail, la cible prioritaire du casque vu les possibilités offertes par le masque, mais aussi son prix.

Une technologie au point

Pour ce qui est de la technique, le masque se base sur deux capteurs à l’avant, situés en face des yeux de l’utilisateur, qui filment en 1080p 50 FPS et offrent un champ de vision à 110 °, comme la plupart des casques de réalité virtuelle du marché. Ces caméras sont interchangeables selon les besoins des clients, si certaines tâches nécessitent des capteurs très spécifiques comme de la vision nocturne par exemple. En bref, le Lynx est un appareil modulable.

Sous ces capteurs, à l’avant du masque, on retrouve un leapmotion qui est un capteur de mouvement dédié aux mains de l’utilisateur, qui représente l’interface homme-machine du casque Lynx.

Modélisation 3D du produit, avec ses deux caméras et son capteur Leapmotion

Derrière ces capteurs se cache le « cerveau » de la machine : une carte de 7 cm x 10cm qui renferme un Intel Core i7-7600U, 16 Go de RAM et 250 Go de stockage. Une configuration solide donc, totalement concentrée sur cette petite carte, qui permet de faire tourner les scènes de réalité augmentée sans ralentissement.

La puissance de calcul du casque Lynx

Cette puissance de calcul permet une diffusion sans latence de l’image sur l’écran 4k à l’intérieur du masque.

Côté logiciel, Stan et ses équipes s’appuient sur le moteur Unity3D ainsi que sur les outils open source Robot Operating System permettant de créer très facilement des plug-ins pour sa solution logicielle intégrée.

Un casque destiné aux pros

Vendu plusieurs milliers d’euros, le masque Lynx n’est pas à la portée de toutes les bourses. En effet, comme évoqué précédemment, celui-ci ne s’adresse pas au grand public comme l’Oculus Rift, le HTC Vive et consorts, mais plutôt au monde professionnel.

D’ailleurs, des entreprises de plusieurs corps de métier se sont montrées très intéressées par la technologie de Stan. Ils sont autant d’exemples d’applications de la technologie.

Le logo de l’entreprise Lynx

L’une des premières applications qui nous a été expliquée concerne la médecine, et plus particulièrement la chirurgie à distance lors d’opérations à cœur ouvert. En effet, grâce au procédé testé lors de la deuxième démonstration, il est possible pour un chirurgien d’assister un collègue, même à des milliers de kilomètres de distance, en le guidant au travers du casque Lynx. Un test est prévu dans les prochaines semaines avec un chirurgien parisien qui va aider un bloc opératoire à Montréal via le masque pour une opération.

D’autres tâches peuvent également profiter de l’assistance à distance permise par une telle technologie. Réparation de pièces automobile, recette de cuisine guidée, mais surtout intervention assistée sur les voies de train ne sont que quelques exemples. En effet, la SNCF est l’un des plus gros clients du casque Lynx puisque l’entreprise a d’ores et déjà commandé plusieurs dizaines d’appareils.

La visualisation 3D, testée en première lors de notre prise en main, intéresse quant à elle beaucoup le milieu de l’architecture (visualisation de projets immobiliers par exemple), mais aussi pour l’archéologie (visualisation de structures anciennes à partir de ruines par exemple).

Le secteur militaire est tout aussi prometteur pour le Lynx puisque Stan s’est associé avec le général Guillaume Gelée, un ancien pilote de chasse de l’Armée de l’Air. Des contacts avec le milieu de la Défense comme le GIGN sont établis, mais les détails sont évidemment classés secrets.

Une production assurée

Devant cet engouement du milieu professionnel français, et même international, c’est à la production de suivre la cadence. Pour le moment, les équipements de Lynx ne sont pas suffisants pour satisfaire la demande, mais de nouveaux moyens de production arrivent.

Au niveau du laboratoire, des prototypes sont produits à l’unité grâce à une imprimante 3D dernier cri. C’est également dans les locaux de Lynx, à Paris, que sont assemblées les différentes pièces du masque en provenance de l’usine.

L’imprimante 3D de Lynx

Car c’est bien dans une usine, située dans la Creuse, que sont et seront produits la majorité des casques Lynx. Aujourd’hui, les moules en silicone ne permettent de produire que de petites séries de 50 masques maximum. Le problème du silicone est sa durée de vie : au bout de quelques moulages, le module se détériore et il faut le changer, une perte de temps et d’argent significative.

Heureusement, des moyens plus importants arrivent pour produire en grande quantité, notamment des moules en acier. De quoi assurer plusieurs milliers d’unités par mois et ainsi satisfaire la demande grandissante.

Ce qu’il faut retenir…

Le casque de réalité augmenté Lynx est développé par Stan Larroque, un étudiant parisien de 24 ans, et son équipe. Contrairement à son concurrent principal, le Microsoft HoloLens (qui fonctionne par transparence), il capte la réalité grâce à des capteurs photo dont l’image est renvoyée à l’utilisateur par la suite via un écran. C’est ensuite à la partie logicielle d’ajouter des éléments de réalité augmentée à l’image en question.

Les applications possibles de cette technologie sont nombreuses. Il peut s’agir de visualiser et manier en 3D un objet, comme pour un mécanicien qui s’aide du modèle initial du moteur qu’il répare pour trouver d’où vient le problème. Il peut également servir pour assister à distance, avec l’exemple du chirurgien qui guiderait son collègue depuis l’autre bout du monde en lui donnant visuellement les instructions via le casque Lynx.

Les demandes ne manquent pas et viennent de secteurs très variés : défense, médecine, architecture, archéologie, industrie… Pour répondre à cela, la production s’arme de moyens de plus en plus importants, avec notamment les moules en acier permettant de produire des milliers d’unités par mois.

Avec une technologie novatrice, utile et au point, un carnet de commandes bien rempli et une production prête à répondre à la demande, les voyants sont au vert pour Stan Larroque et son casque de réalité augmentée Lynx. C’est pourquoi nous continuerons à suivre son évolution, tout en lui souhaitant bonne chance pour l’avenir.


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