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Loi de régulation de l'influence : ce qui devrait changer selon un YouTubeur tech'

L'époque du n'importe quoi chez les influenceurs est révolue. C'est en tout cas ce que souhaite le gouvernement français en présentant son projet de loi « visant à lutter contre les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux » à l'Assemblée nationale, débattu en 1re lecture à partir de ce lundi 27 mars.

Détaillé par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire le vendredi 24 mars, ce texte de loi à la fois portée par la majorité Renaissance et l'opposition Nupes a de grandes chances d'être voté. Surtout, il pourrait changer certaines pratiques aujourd'hui à la limite de l'illégalité, du fait du manque de législation sur l'activité et les rémunérations des stars d'Instagram, Twitch ou encore TikTok. Et les influenceurs tech que vous connaissez seront aussi concernés.

Plus de transparence sur les contenus sponsorisés

Concrètement, le projet de loi cherche à soumettre les influenceurs aux mêmes règles que les autres, notamment en matière de restrictions sur la publicité pour l'alcool, le tabac, les jeux d'argent ou encore les placements financiers. Toutes ces publicités devront également être signalées explicitement, sous peine de 2 ans de prison et 300 000 euros d'amende maximum.

Autre domaine plus privilégié par certains influenceurs tech : les cryptomonnaies mises en avant devront être enregistrées auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF). « J'ai encore eu une demande [de partenariat] aujourd'hui », reconnaît le youtubeur tech Monsieur Grrr. « Moi je ne les lis même pas, mais c'est possible que ça ferme des portes à des chaînes spécialisées crypto. Mais si ce sont des gens sérieux, ils n'iront pas faire de la promo pour des crypto pourries », estime-t-il. Pour lui, la loi ne devrait rien changer pour les passionnés de tech, « nous ne faisons pas le même métier que les gens de la télé-réalité ».

Surtout, les influenceurs et agences d'influence auront leur propre statut : ces dernières devront d'ailleurs établir un contrat écrit pour chaque partenariat rémunéré. Une contrainte qui ne semble pas avoir plu aux sept agences d'influence fondatrices de l'Union des métiers de l'influence et des créateurs de contenu (UMICC), qui a initié une tribune contre le projet de loi, publiée le 25 mars dans l'hebdomadaire Le Journal du dimanche. Un texte qui demande aux députés de préserver le « modèle vertueux » actuel et signé par 150 influenceurs comme Squeezie ou Cyprien… qui ont très vite avoué ne pas avoir lu le texte, face aux critiques.

https://twitter.com/xSqueeZie/status/1640057305499574275

Une régulation encore floue pour la tech

Également signataire, Monsieur Grrr avoue avoir tenté sans succès de modifier la formulation du texte et n'avoir « eu qu'une heure » pour décider s'il le ratifiait ou non, mais il ne retire pas son soutien. S'il est bien « 300 % favorable » à une régulation du marché pour éviter les dérives et rendre les droits et devoirs des influenceurs plus clairs pour les débutants (en opposition au statu quo pourtant défendu par la tribune de l'UMICC), Monsieur Grrr se retrouve quand même dans « l'esprit de la tribune qui est de dire qu'on n'est pas la minorité qui fait n'importe quoi ».

Surtout, le vidéaste affirme que le gouvernement omet certains points importants dans la régulation du travail des influenceurs tech, en particulier dans son guide de bonne conduite des créateurs de contenu, publié en ligne en parallèle du projet de loi. Monsieur Grrr reconnaît ne pas pouvoir prétendre à un statut de journaliste du fait de ses partenariats avec des marques, mais il ne se retrouve pas non plus dans le nouveau statut d'influenceur dans certains cas : « On dit ''fini les avantages en nature''. Je comprends, […] mais est-ce qu’on considère qu’un voyage de presse de Qualcomm qui nous emmène à Hawaï, c'est un avantage en nature ? Dans quel cadre on rentre ? ». Ce voyage de presse, auquel participent des journalistes du monde entier, est considéré comme un déplacement professionnel, mais vu par certains comme une gratification de la marque au regard de la destination choisie. De quoi soulever de nombreuses questions sur la transparence, non seulement des influenceurs, mais aussi de la presse depuis plusieurs décennies.

De même, sur le conseil de déclarer tous les envois des marques. Il donne l’exemple d’une tablette Nubia reçue récemment depuis la Chine. « Personnellement, je ne cherche pas à conserver les produits, mais la marque ne va pas le rappeler parce que ça lui coûterait trop cher, que dois-je en faire ? Ce n'est pas une dotation, mais un prêt presse qui dort dans mon placard. » Des situations mixtes « très liées à la tech », selon le vidéaste, et qui posent question également du côté des journalistes du milieu.

D'autres voix alertent les députés

Ce n'est d'ailleurs pas le seul créateur de contenu à alerter l'opinion publique sur les défauts de la régulation à venir. Le streamer spécialisé dans la politique française Jean Massiet a écrit et signé une autre tribune publiée le 25 mars dans Le JDD. Il estime ainsi que la définition du prochain statut juridique d'influenceur risque de créer un système « à deux vitesses » où ceux qui sont validés par les instances publiques seront favorisés aux dépens de ceux qui n'ont pas le précieux sésame.

https://twitter.com/JeanMassiet/status/1640342635259854848

Une critique qui dépendra donc des conditions et de la formulation finale du statut d'influenceur inscrit dans la loi, si celle-ci est votée. Un amendement au texte actuel nourrit pourtant déjà les inquiétudes du streamer : plusieurs députés MoDem souhaitent créer un « label » qui favoriserait les influenceurs choisis dans les algorithmes des réseaux sociaux. Les débats sur le projet de loi de cette semaine du 27 au 31 mars seront donc nécessaires pour trouver un équilibre entre régulation inévitable et limite dans la liberté de création.