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Test de l'Urban Native T9 : une légèreté inouïe, un vent d’air frais et un prix hallucinant

Venue de nulle part, la marque Urban Native vient dépoussiérer le secteur des trottinettes électriques. Son fondateur et dirigeant Julien Vaney n’avait aucune expérience dans le domaine, mais s’était fixé pour objectif de créer un objet à part dans la mobilité urbaine.

Et c’est ce qu’il a fait avec la T9, un modèle qui ne copie pas les Xiaomi ou Ninebot. Avec son allure unique, tout comme pour ses composants et matériaux, l’Urban Native T9 veut offrir une expérience de conduite originale. Mais peut-elle légitimer un tarif de plus de 3 000 euros ? Suite à notre prise en main intrigante en octobre, nous avons testé cet ORNI (Objet Roulant Non Identifié) pendant 10 jours dans la capitale.

Fiche technique

Ce test a été réalisé à partir d'un modèle prêté par la marque.

Design cyberpunk

On vous le disait, l’Urban Native T9 ne ressemble à aucune autre trottinette électrique. Son nom donne un indice sur sa composition, qui détermine sa forme. « T9 »fait référence au titane Grade 9, un type d’alliage très léger, utilisé également par d’autres vélos rares, comme le Brompton T-Line.

On cite le vélo car l’Urban Native T9 devient la première trottinette électrique à utiliser le titane, et ce pour tous ses composants structurels. De la colonne de direction au deck, en passant par la fourche avant monobras, c’est un délice de construction, le tout soudé au laser.

Guidon fixie, pieds à l’étroit

Le rendu du titane est superbe, donnant à la trottinette un profil allégé, surtout sur le deck avec son tube central, autour duquel « volent » deux petites plateformes. Cependant, ces plateformes peuvent se révéler un peu petites pour les grands pieds, rendant difficile la recherche d’une position confortable. Enfin, il est à noter que le système de propulsion est intégré au monobras fixe arrière de l’Urban Native.

Encore ici, la marque ne fait pas comme tout le monde, choisissant un moteur déporté de la roue, entraînant cette dernière avec sa transmission mécanique intégrée. Malheureusement, les pieds ont tendance à se loger naturellement dessus, exerçant un poids non négligeable. La structure semble néanmoins robuste, étant en aluminium. Côté cintre, de couleur noire, il serait inspiré du monde des vélos fixies. Assez étroit (40 cm), il accueille des poignées Brooks, une rareté, voire une exclusivité sur une trottinette, nous affirme Julien Vaney.

C’est donc un aspect qualitatif supplémentaire, entaché cependant d’une sonnette en anneau un peu « cheap » à notre goût (et surtout peu audible en circulation). Côté équipement, Urban Native n’avait pas prévu à l’origine de garde-boue, mais en a finalement conçu un, dont notre exemplaire de test était équipé.

L’éclairage est automatique, évitant tout oubli en partant la nuit, et offre une bonne intensité, sans pour autant vraiment éclairer la route devant soi. Au moins, le feu arrière, tout aussi design que la trottinette électrique, est équipé d’une fonction stop. Malheureusement, aucune béquille n’est au menu, a contrario d’un système de stockage et de pliage… encore une fois particulier.

Pliage pour un stockage vertical et du vrai multimodal

En effet, le pliage passe par une manette à tourner, similaire à celle d’un vélo pliant. Elle libère une charnière et permet de faire pivoter l’avant (avec la roue) sur le côté droit. Il devient alors impossible de laisser la T9 au sol sans support, bien que le guidon se clipse sur le cache moteur. L’Urban Native préfère reposer en mode vertical « Monolito », soit sur le haut du guidon et la roue arrière. C’est pratique pour le stockage, mais on ne peut pas la ranger facilement sous un bureau sans risquer de racler les bords en titane sur le sol.

Et le grand avantage du titane, dont on parlait plus tôt, c’est son poids. La trottinette électrique ne pèse que 10,2 kg, ce qui est remarquable. Contrairement à des modèles de base qui approchent déjà les 15 kg, on peut vraiment parler de transport facile, d’autant plus que le tube fin facilite la prise en main et sa légèreté invite à l’emmener partout : chez des amis, dans le train, voire pour une course rapide au supermarché.

On est donc loin des 12 kg d’une Niu KQi Air X en fibre de carbone, des 13,4 kg de l’Unagi Voyager ou des 13,8 kg de la Lab’Elle.

Écran à part, application pratique

Au centre du cintre, l’Urban Native T9 propose un écran très brut de décoffrage. Sous sa forme carrée, de petites diodes affichent la vitesse, tandis que d’autres, situées en dessous, indiquent le mode de conduite (de 1 à 3 points). Pour les sélectionner, l’écran est « tactile », puisque l’on doit appuyer – et de manière assez forte – sur le coin inférieur droit pour changer de mode.

D’autres diodes indiquent la récupération d’énergie (également de 1 à 3) et, tout à droite, le niveau de batterie. En vert jusqu’à 40 %, il passe ensuite à l’orange, puis au rouge en dessous de 20 %.

C’est donc un affichage sommaire, mais suffisant pour l’essentiel lors de la conduite, afin d’éviter les distractions. Pour plus d’informations à destination de notre âme plus geek que le Français moyen, l’application est là. Disponible sur iOS et Android, elle n’offre pas de géolocalisation ni la possibilité de revoir ses trajets. C’est ici un manque préjudiciable : à ce prix, nous sommes en mesure d’attendre a minima une localisation en direct.

Par contre, pour le reste, elle est bluffante d’intuitivité, avec le suivi de la charge de batterie, que l’on peut limiter entre 50 et 100 %, ainsi qu’une limite de puissance réglable de 30 à 90 W (une caractéristique inédite sur une trottinette !). Ceci contribue à une meilleure durée de vie de l’appareil.

Des modes de conduite totalement personnalisables

L’Urban Native affiche aussi, accessoirement, la puissance et l’intensité en temps réel, ainsi que la durée restante de charge en fonction du taux visé. Plus utile encore, il est possible de paramétrer les trois modes de conduite, incluant la vitesse de démarrage du moteur, la puissance maximale, l’accélération en montée et la puissance du freinage électronique. Urban Native offre aussi la possibilité de brider la T9 à une vitesse maximale donnée.

Autres informations disponibles sur l’écran d’accueil : la T9 livre des détails sur la distance parcourue, la consommation d’énergie (et l’énergie régénérée), ainsi que la consommation moyenne. Ces données sont disponibles pour un trajet, depuis la dernière charge, ou au total. À noter que l’application nécessite souvent d’être redémarrée (du moins sur Android), en raison de problèmes de connexion avec la trottinette, un point sur lequel on espère une amélioration avec les futures mises à jour.

L’application intègre également le manuel d’utilisation de la trottinette, ainsi que d’autres réglages, comme celui du clignotement du feu arrière « stop » en fin de recharge.

Une conduite qui fait plaisir

Comme le design, la conduite de l’Urban Native T9 est une expérience unique. Avant de vous partager mes sensations, il est important de se rendre compte que la trottinette électrique pèse 10 kg et offre une puissance maximale de 1500 W. C’est énorme, même si l’on considère la puissance nominale de 750 W. Ainsi, la T9 délivre une poussée très, très forte. Il est possible de paramétrer les trois modes de conduite sur l’application, par exemple en réglant par défaut 1000 W pour le mode 2 et 750 W pour le mode 1.

Déjà à 750 W, on ressent le potentiel de l’appareil, avec une vitesse de 25 km/h atteinte en environ 5 secondes, mais cela est à réserver uniquement pour les surfaces plates ou les faibles pentes. En mode 2, notre mode favori, la performance est remarquable, garantissant les 25 km/h même sur une grosse montée.

Cependant, la puissance maximale est presque superflue, car elle risque de provoquer un wheelie, même si l'on démarre en poussée humaine pour les premiers km/h. Cette réserve de puissance est plutôt à utiliser pour de fortes pentes, comme pour grimper à Montmartre.

Un freinage façon voiture électrique

Pour freiner, l’Urban Native T9 propose un système atypique, puisque le frein moteur est lui aussi très performant, atteignant jusqu’à 600 W. Il peut être comparé au système « one pedal » des automobiles électriques, car il immobilise rapidement la trottinette. L’avantage est aussi de régénérer (un peu) d’énergie dans la batterie.

Le seul frein classique de l’Urban Native T9 est le gros disque avant de 140 mm, pincé par un étrier monopiston Shimano BR-M375, que l’on utilise très rarement, seulement en cas de freinage intense ou d’urgence. En effet, étant seul et à l’avant, mécanique et peu progressif, il risque de faire basculer la trottinette vers l’avant si l’on appuie brusquement sur le levier.

Outre la vivacité de son moteur et de son freinage, le pilotage de l’Urban Native est une redécouverte. On avait oublié le plaisir que pouvait procurer le déplacement à trottinette électrique. Conduire cette T9 est d’une aisance déconcertante grâce à sa légèreté, et la roue arrière minuscule de 8 pouces lui confère un caractère joueur, mais parfois un poil instable.

Ne croyez pas que cela rende l’Urban Native T9 survireuse ou dangereuse. Elle adhère bien au bitume grâce à sa grande roue avant de 12 pouces équipée d’un pneu Schwalbe Road Cruiser. De plus, la pluie n’a pas perturbé son utilisation. Cependant, le deck devient très glissant sous la pluie et l’absence de garde-boue avant entraîne la projection d’eau sur les pieds.

Une endurance décevante, une recharge rapide

En regardant cette trottinette électrique, il est difficile de deviner où se trouve la batterie. Elle est logée dans le tube central sous les pieds, composée de quatre cellules 18650 cumulant 400 Wh de capacité. La marque promet théoriquement 35 km d’autonomie. Comme toujours, cette valeur est à prendre avec des pincettes, puisqu’elle dépend de vos réglages sur l’application, de votre poids, de la température, et de bien d’autres facteurs.

Lors de notre essai, par environ 10-15 °C, avec un poids de 80 kg sur un terrain parisien, l’Urban Native T9 a rendu les armes après un peu plus de 23 km lors de notre première tentative. Plusieurs tests, y compris sur route sèche et en mode 2 à 1000 W, ont montré une consommation d’environ 16 Wh/km, soit une autonomie d’environ 25 km. Cela reste relativement faible pour une trottinette électrique de ce prix.

En contrepartie, la T9 ne baisse pas sa puissance en faible charge, une pratique courante chez les trottinettes électriques. Sa recharge est rapide, nécessitant environ 2h30 pour atteindre 60 %, 3h25 pour 80 % et 4h10 pour un plein complet d’électrons. Dans un esprit de rébellion, la recharge s’effectue via une atypique prise USB-C, reliée à un chargeur prolongé par un câble adapté.

Bien que le boîtier ne chauffe pas, malgré un pic de 4,8 A, le câble de rallonge, lui, peut surchauffer : prudence, donc, lors de sa manipulation. En caoutchouc, le cache de la prise semble un peu fragile et nous inquiète au niveau de sa durabilité sur plusieurs années. Toutefois, il remplit son rôle sous la pluie, rendant la prise étanche.

Une Urban Native au tarif stratosphérique

Le tarif pique sévère : Urban Native a fait le choix du titane, mais en paie le prix, demandant 3 300 euros pour sa T9. C’est donc trois à quatre fois plus chers qu’un modèle (presque) équivalent, et encore. On parle ici d’une Xiaomi 4 Ultra ou d’une Ninebot G2 Max proche de 1 000 W et équipés de grandes roues, tout en bénéficiant de suspensions et de quelques fonctions supplémentaires, plus connectées.

Disponible sur le site officiel de la marque, la trottinette électrique vise au mieux quelques centaines d’exemplaires. De plus, un seul point physique à Paris permet de la prendre en main avant l’achat, à savoir Le Vélo Parisien, dans le 6e arrondissement.

Quant au SAV, les composants d’usure sont standards et donc accessibles à tout vélociste ou boutique spécialisée dans les trottinettes électriques. Selon Julien Vaney, la fiabilité du cadre et du système électrique est telle que la durée de vie du produit pourrait atteindre au moins 10 ans. Urban Native offre initialement 5 ans de garantie, qui sera ensuite réduite à 2 ans à partir de 2024. À noter, cette trottinette n’est pas de construction asiatique : la marque la fabrique au Portugal.