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Test du Huawei Mate 50 Pro : sans bidouilles, que des embrouilles

Si je devais aujourd'hui sortir du lot de tous les smartphones que j'ai jamais utilisé et que j'ai jamais testé, je devrais forcément pointer du doigt le Huawei Mate 20 Pro. Cependant, ce dernier fait partie d'une époque aujourd'hui révolue où Huawei n'était pas sous le regard inquisiteur des autorités mondiales et où ses échanges internationaux étaient encore libres. De nos jours, le constructeur chinois a bien changé, et ses déboires avec la géopolitique l'ont conduit à devoir dire adieu au lien qui l'unissait jusque là avec Google. Ce qui ne l'empêche pas de proposer toujours la crème de la crème de son savoir-faire avec le Huawei Mate 50 Pro. Mais sait-il pour autant faire oublier une situation bien triste pour ses potentiels acheteurs ?

Fiche technique

Ce test a été réalisé avec un modèle prêté par Huawei.

Design

Indéniablement premium. Ce sont les deux mots qui caractérisent le mieux le Huawei Mate 50 Pro, dont la noblesse des matériaux est évidente au premier contact de votre peau avec son châssis. Comme le veut la tradition, nous retrouvons un smartphone tout en verre aux bords arrondis se rejoignant sur un contour en métal, pour une prise en main très douce qui fait plaisir à l'épiderme. Le smartphone reste tout de même assez grand, et peut être un peu glissant de ce fait, d'autant qu'il pèse son petit poids à 209 grammes. Mais voilà : c'est là le lot du segment premium aujourd'hui.

Ce qui fait vraiment sa marque de fabrique est cet immense îlot central en son dos. Et pas pour rien, puisqu'il accueille tout de même quatre très gros capteurs photo disposés en carré dans un grand cercle doré bien centrés sur le haut du dos. On ne pourra jamais confondre ce Huawei Mate 50 Pro avec aucun autre appareil, c'est un fait, mais cet îlot dépasse tout de même fortement. Ceci étant dit, son immense taille et le fait qu'il soit centré font que posé à plat, le Huawei Mate 50 Pro bouge à peine. Petit plaisir également pour les possesseurs de deux mains gauches : il est certifié IP68, faisant qu'un verre renversé ne lui fait pas la moindre peur.

A l'avant, son design à l'écran courbé lui permet de vraiment minimiser l'impact visuel de ses bordures presque inexistantes. On ne peut cependant pas ignorer une large mais fine encoche que l'on croirait tout droit sortie de l'univers Apple : quand les autres constructeurs Android se sont éloignés de la reconnaissance faciale 3D, Huawei compte toujours sur celle-ci et un lecteur d'empreintes situés en dessous de l'écran pour vous identifier de manière sécurisée.

Autrement, nous restons sur les grands classiques. Nous avons en haut de l'appareil un transmetteur infrarouge. A droite de l'appareil, on retrouve les sempiternels boutons de verrouillage et de volume. Et en dessous, place est faite au port USB-C entouré de la trappe SIM et du haut-parleur principal.

Il n'y a pas : Huawei sait toujours faire de très beaux appareils. Le Mate 50 Pro est un mastodonte en son genre, mais un mastodonte crée avec une orfèvrerie certaine qui respire bon la qualité. Seul petit problème à l'usage : du fait du placement du bloc photo, on peut avoir tendance à reposer le doigt sur ses modules, ce qui oblige à les nettoyer régulièrement si on veut éviter les clichés plongés dans la brume.

Écran

Le Huawei Mate 50 Pro s'équipe d'une dalle Oled de 6,74 pouces en définition 2616 x 1212 pixels, soit entre le Full HD et le Quad HD, avec un taux de rafraîchissement maximal de 120Hz. Son taux d'échantillonnage tactile monte jusqu'à 300 Hz.

Sous notre sonde et avec le logiciel DisplayCal, nous avons pu mesurer une luminosité maximale à 564 cd/m² en mode SDR, qui pourra monter jusqu'à 1000 cd/m² en mode HDR. Le Huawei Mate 50 Pro propose deux modes d'affichage : un mode naturel, qui va adapter son espace de couleurs entre sRGB et DCI-P3 selon le contenu affiché, et un mode Vif qui viendra pousser les couleurs à leurs brillances maximum dans l'espace DCI P3.

En mode Naturel, avec un test effectué par le biais du navigateur web qui enclenche le mode sRGB de l'appareil, nous retrouvons une couverture de 102,2% de l'espace sRGB pour 72,4% de l'espace DCI P3 et 70,4% de l'Adobe RGB. La température de couleurs moyenne est ici mesurée à 6150K, soit un peu trop chaude, pour un delta e00 moyen de 3,07. En mode Vif, on retrouve une couverture de 138,2% de l'espace sRGB pour 97,9% de l'espace DCI P3 et 95,2% de l'espace Adobe RGB. La température de couleurs moyenne observée est alors de 6937K, un peu trop froide, pour un Delta E00 moyen de 3,36 points.

S'il est fort possible que d'autres conditions de test offrent une meilleure calibration dans le mode Naturel, ces conditions de test soulignent un point important : il n'est pas possible de bloquer le smartphone en mode sRGB ou en mode DCI P3 sans faire des sacrifices. Pour être sûr d'avoir constamment le DCI P3, vous devrez passer par le mode Vif qui n'est pas aussi bien calibré. Si vous voulez la meilleure calibration possible, vous serez obligé de faire avec l'automatisation de Huawei qui basculera entre sRGB et DCI P3 à son bon vouloir.

Un choix étrange pour une excellente dalle. On espère voir venir une prochaine mise à jour qui permettra tout simplement de choisir le mode DCI P3 naturel, sans autre forme de procès.

Logiciel

C'est là que le bât blesse. Vous le savez désormais : Huawei utilise certes Android comme base, mais n'a plus accès aux services Google qui font la richesse de l'écosystème mobile. Nous avons donc ici EMUI 13.0, basé sur Android AOSP, avec le patch de sécurité d'octobre 2022 installé à l'heure de l'écriture de ces lignes.

Comprenez que si les services Google ne sont pas intégrés, cela veut dire que le Play Store n'est pas installé et que certaines applications Android classiques peuvent rencontrer des problèmes d'utilisation, pour vous identifier par exemple. Ces services sont ici remplacés par les HMS, les Huawei Mobile Services, qui cherchent à remplir le rôle laissé vacant.

EMUI 13 en lui-même est une bonne interface qui propose énormément de fonctionnalités de personnalisation. Son usage est cependant plus proche dans la philosophie d'un iOS que d'un Android, avec notamment deux volets différents pour les notifications et les paramètres système, ou encore l'absence d'un lanceur d'applications par défaut. Reste que quiconque ayant déjà utilisé un smartphone Android ne sera jamais perdu.

Pour télécharger et installer des applications, il faudra dès lors passer par AppGallery, le magasin d'applications de Huawei. Et celui-ci est assez... triste. Pas aussi complet que le Play Store et bourré de publicités, son expérience ne saurait vraiment combler un utilisateur d'Android. Huawei semble bien conscient de cela puisqu'à la moindre recherche d'une application dans le navigateur web proposé par défaut (pas de Chrome, évidemment), il va automatiquement chercher à vous la faire installer en APK. Parce que oui : l'AppGallery va même aller chercher des APK sur le web pour vous.

En prime des publicités qui envahissent quelque peu l'interface, les nombreuses données réclamées pour chaque expérience lancée sur le smartphone ont tendance à faire peur. Rien ne dit qu'Android n'en prend pas tout autant, mais le processus semble beaucoup plus invasif dans l'expérience d'EMUI 13.0. Le constat est simple : Huawei n'a toujours pas comblé le vide laissé par la disparition de sa collaboration avec Google, et rien ne laisse à penser qu'il réussira à le faire au court terme.

Les plus bidouilleurs pourront évidemment jouer avec les « limites » de l'appareil (Android reste Android, avec l'ouverture qu'on lui connaît), mais à quoi bon se prendre la tête ? C'est la question qui m'est restée en suspens tout au long de ce test.

Audio

La configuration audio du Huawei Mate 50 Pro repose comme souvent sur un haut-parleur principal en bas de l'appareil couplé au haut-parleur d'écoute en soutien, afin de créer un son stéréo. Ici, le haut-parleur d'écoute généralement inutile est d'une bonne aide sur les premiers pourcentages de volume, bien qu'il ne peut pas tenir la cadence une fois au-delà des 50% de volume. Ceci étant, il développe une qualité de son égale à des appareils d'entrée de gamme, ce qui est généralement loin d'être le cas sur un simple haut-parleur d'écoute.

L'expérience sonore du Huawei Mate 50 Pro est une vraie bonne surprise. Surtout au niveau des basses, qui sont bien présentes même si elles manquent évidemment de punch. Les voix sont claires et limpides, et le son ne sature absolument pas à haut volume. Une petite déception existe sur les mediums, qui sont effacés au profit des basses et des aigus, mais cela n'empêche pas d'offrir un son vraiment plaisant à l'oreille. On est au dessus de la moyenne sur ce terrain.

Photo

La grande force de la photo sur les appareils Huawei, c'est son objectif principal de 50 mégapixels qui dispose d'une ouverture variable de f/1.4 à f/4.0 avec stabilisation physique. On retrouve en second un capteur ultra grand-angle 13 mégapixels à objectif ouvrant en f/2.2, et un téléobjectif de 64 mégapixels à objectif ouvrant en f/3.5, qui propose un zoom optique x3,5.

Cela veut dire que les plus professionnels d'entre vous pourront varier leur optique de manière à créer des rendus plus originaux, une force sur mobile. Le commun des mortels restera naturellement sur le mode automatique, que nous testons ici.

Capteur principal

Que dire, si ce n'est que le résultat est magnifique ? Le capteur du Mate 50 Pro cherche de toute évidence à conserver les couleurs naturelles de la scène, et le fait très bien. Les couleurs sortent du lot, le piqué est délicieux, et l'on pourrait utiliser n'importe quelle capture comme un fond d'écran ou comme base d'une construction photo plus poussée en plein soleil.

Les limites du capteur se voient lorsque la luminosité baisse. On peut voir que la retouche algorithmique fonctionne très bien et sait quand utiliser l'adoucissement et le lissage de l'image sans trop la dénaturer, de manière à conserver la qualité du cliché sans pour autant avoir un bruit trop présent. Mais il y a un hic : ce faisant, et potentiellement faute de l'ouverture variable mécanique, le smartphone a du mal à bien traiter les sujets en mouvement, résultant en de nombreuses pertes de focus ou visages floutés. Une limite compréhensible et naturelle, à laquelle on peut rapidement s'adapter.

Capteur ultra grand-angle

Le rendu est quelque peu différent entre le capteur principal et l'ultra grand-angle, mais ce dernier sait obtenir de superbes clichés en pleine lumière comme attendu. On peut observer cependant en basse luminosité que Huawei pousse ici son traitement algorithmique beaucoup trop loin pour rattraper les limites physiques de son capteur. En résulte donc des visages recréées et lissés par l'IA qui n'ont plus rien de naturel. C'en est presque drôle, mais on préférait tout de même le flou du capteur principal face à ces... choses.

Capteur téléobjectif

Ce qui est très amusant à observer ici est que le téléobjectif a l'effet inverse : il n'utilise presque pas la retouche logicielle possible sur cet appareil. De ce fait, la scène capturée est plus naturelle, mais le bruit refait d'un coup surface avec une petite vengeance qui plus est.

Mode portrait

Le mode portrait est vraiment excellent, et contourne avec aisance n'importe quel sujet. J'apprécie particulièrement le fait que malgré la basse luminosité, il ait été capable de contourner les lunettes de mon BG d'ami sans encombre. Seule tristesse : ne pas pouvoir retoucher l'effet du portrait post capture, puisque le Mate 50 Pro propose divers effets de bokeh qu'il aurait été amusant de modifier à loisir à n'importe quel moment.

Capteur avant

A l'avant, on retrouve un capteur de 13 mégapixels à objectif ouvrant en f/2.4, en prime bien sûr de la caméra 3D servant uniquement à la reconnaissance faciale. Le rendu est ici très convaincant, avec une excellente gestion des plages dynamiques. Seule ombre au tableau : le focus qui se fait plus difficilement. On préfère tout de même ça à l'invasion d'alien du mode ultra grand-angle.

Performances

On est en terrain conquis ici puisque le Huawei Mate 50 Pro utilise tout simplement le Qualcomm Snapdragon 8+ Gen 1, soit le meilleur SoC disponible dans l'univers Android aujourd'hui. Il y couple 8 Go de RAM et 256 Go de stockage par défaut, avec possibilité d'étendre la mémoire jusqu'à 256 Go avec des cartes SD NM.

Le Huawei Mate 50 Pro est l'un des téléphones les plus fluides du marché peu importe l'expérience qu'on cherche à faire tourner, c'est indéniable. Il a la puissance brute de faire tourner tout et n'importe quoi, des plus gros jeux 3D au multitâche le plus poussé. Mais voilà : encore faut-il pouvoir faire tourner quoi que ce soit.

Genshin Impact refuse de se connecter à ses serveurs en l'absence des services Google, et l'AppGallery n'offre que PUBG Mobile comme jeu 3D qui parle à tout le monde. Un jeu assez daté techniquement, mais qui est évidemment superbement fluide même poussé à son maximum sur le Mate 50 Pro.

Toute cette puissance pour si peu, à caus de l'absence de Google.

Réseaux et communication

Notez que le Huawei Mate 50 Pro n'est pas compatible 5G, ce qui est une véritable déception considérant le prix de vente de l'appareil et les concessions qui doivent déjà être réalisées pour en profiter. Il est autrement compatible avec le WiFi 6E et le Bluetooth 5.2, et son port USB C 3.1 Gen 1 est compatible DisplayPort 1.2 afin de connecter le smartphone à un écran externe en mode PC.

Autonomie

Le Huawei Mate 50 Pro s'équipe d'une batterie de 4800 mAh. Il supporte la recharge rapide SuperCharge 66W propriétaire du constructeur, mais tristement pas la norme PowerDelivery à son plein potentiel. Vous pouvez recharger ce faisant votre smartphone de 19 à 74% en seulement 20 minutes, selon ce que nous avons mesuré. Il est également compatible avec la recharge sans fil jusqu'à 50W du constructeur, là encore propriétaire.

Dans nos tests, le Mate 50 Pro n'a pas forcément brillé avec une autonomie exemplaire, mais n'a pas déçu. Il tiendra une journée bien chargée sans problème, mais il faudra passer par la case recharge rapide pour encaisser une seconde. Il se place tout bêtement dans la moyenne des smartphones premium.

Prix et date de sortie

Le Huawei Mate 50 Pro est disponible en France au prix de départ conseillé de 1 199 euros.