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Test du Tern GSD S10 LR : le longtail électrique qui a tout pour lui, ou presque

Les retours Twitter de l’annonce de cet essai ont été unanimes : « c’est le meilleur vélo du monde ». Ce Tern GSD a effectivement de beaux atouts à faire valoir.

Les vélos cargos électriques ont le vent en poupe, avec plus de 11 000 ventes en 2020 et 17 000 en 2021, alors qu’ils étaient pourtant à peine connus il y a 5 ans. Les Tern GSD ayant largement contribué à ce succès, nous nous devions donc de l’essayer et de vous en faire un compte rendu sur Frandroid. Reste à savoir pourquoi les propriétaires apprécient autant un vélo aussi onéreux.

Nous avons parcouru un peu plus de 350 km avec, dans différentes situations : sous le soleil, la pluie, le jour et la nuit. Le tout dans un froid hivernal. Si l’iPhone a démocratisé le smartphone auprès du grand public, le Tern GSD est en partie en train de populariser le vélo longtail. Considéré comme l’engin à tout faire, vertueux pour l’environnement, il est propulsé sur les réseaux sociaux comme l’alternative à la majorité des usages d’une automobile.

Affiché à 5 599 euros, notre modèle est l’entrée de la gamme GSD. Il reste tout de même correctement équipé. Même si, cargo oblige, les options font vite grimper un peu plus la note. C’est parti pour un test complet.

Fiche technique

Cet essai a été réalisé avec un vélo prêté par le magasin Cyclable Paris 10 pour une durée d'une semaine.

Design

À l’instar des Power Rangers, le GSD de Tern est disponible en plusieurs coloris : noir, bleu, rouge, violet, gris et gris foncé. C’est un modèle paré d’un jaune postal qui nous a été confié. Il s’agit ici d’un cadre de type longue queue propre aux longtails, de manière à disposer d’une structure allongée et porteuse à l’arrière. L’empattement reste raisonnable et les roues de 20 pouces permettent de contenir la longueur.

Le cintre reprend le type hollandais et offre un bon contrôle du véhicule. D’une capacité de charge de 200 kg, il peut emmener deux adultes sur plusieurs kilomètres, mais nous en reparlerons dans la partie conduite.

Un moteur dans le pédalier, une suspension à l’avant et un système de transmission protégeant des traces de graisse, voici ce qui parachève le plus gros du dessin. La roue arrière est carénée pour protéger les occupants, souvent des enfants d’ailleurs.

Le cadre est bas, comme beaucoup de vélos de ville désormais. Cela offre plusieurs avantages dont celui de ne pas avoir à se faire les croisés en enfourchant son cycle, mais surtout, d’éviter de craquer son pantalon slim en tentant une enjambée périlleuse. Cela facilite la vie.

La béquille est très bien pensée : elle est simple à déployer et offre une stabilité parfaite, permettant le chargement de nourriture ou de progéniture. Elle se verrouille dès qu’on la déploie et se débloque via une gâchette sur le guidon.

 

Autre point positif : le cadenas de verrouillage est intégré au cadre. Il utilise une clé, la même que pour ôter la batterie. Notez que ce verrouillage empêche de faire rouler le vélo et, compte tenu du peu d’espace dont il dispose, rend la découpe très complexe à la disqueuse, cet outil si plébiscité par les voleurs de vélos.

Le guidon se plie, pour gagner un peu de place. En réalité, ça ne change strictement rien, l’encombrement venant de la longueur du vélo plus que de sa hauteur.

Malgré sa structure en aluminium 6061, le Tern GSD est un poids lourd de 33,58 kilos en simple batterie 400 Wh. C’est massif. Ce poids est de plus porté sur l’arrière. À la différence du Moustache, le Tern GSD possède une fourche suspendue à l’avant.

Des options à foison pour portefeuille garni

Notre modèle de prêt était doté de quelques petites options plutôt sympathiques. La Sidekick Joyride Bars (75 euros), une barre de maintien à deux poignées pour le passager à l’arrière, un petit coussin Sidekick (55 euros) pour préserver le séant des passagers, un repose-pieds Tern Sidekick Wide Decks (130 euros), et pour finir, le porte-bagages avant (165 euros). Point de structure pour deux enfants (250 euros) ou de sacoches panier (265 euros).

Pour résumer, notre modèle peut s’obtenir moyennant 6024 euros. Six mille vingt-quatre euros, c’est beaucoup de caractères à écrire et autant de sous à sortir. Pourtant, la clientèle est férue de cet engin. Le magasin qui nous l’a prêté en vend presque par palettes. C’est surtout l’acte d’achat qui est incroyable : le client entre, choisit le modèle et les options, signe et repart… sans le vélo.

Oui, le Tern GSD s’obtient après une attente, sur commande. Dingue ? Peut-être est-il la solution de mobilité urbaine ultime dans un environnement pensé pour le vélo. Mais nous reviendrons sur le prix à la fin de l’essai.

Connectivité

Si le module Bosch Purion peut s’appairer à votre smartphone, il n’en a aucun intérêt. Les informations nécessaires comme l’autonomie restante en temps réel et au kilomètre près, l’éclairage, la distance parcourue et la vitesse sont affichés sur l’écran. C’est lisible et simple à utiliser. L’écran antireflet n’est malheureusement pas antirayures et c’est bien dommage. Puisqu’elles viendront gêner rapidement la lecture.

Le boîtier est amovible, ce qui permet de le retirer du vélo si vous le laissez dehors plusieurs heures. Le bouton Power situé sur le dessus du boîtier gère la mise en marche et l’arrêt du système, lorsque les boutons « + » et « - » servent à changer de mode. Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’un vélo connecté. Il est totalement indépendant de votre smartphone. C’est un défaut ou une qualité, selon votre préférence.

L’expérience a au moins le mérite d’être simple et intuitive.

Conduite

Il n’y a pas grand-chose à reprocher à la conduite de ce Tern GSD. La position droite soulage le dos et le cintre offre un excellent contrôle qui permet de gérer le gabarit du vélo. La fourche suspendue est vraiment salvatrice, même s’il serait appréciable d’avoir un système d’amortissement central. Car les aspérités et nids de poule sont parfois transmis du pneu arrière aux cervicales. N’oubliez pas que les passagers n’ont qu’un coussin dur en guise d’absorbeur de chocs.

Les pneus justement, parlons-en : il s’agit de Schwalbe Big Ben Plus avec un système anti-crevaison. L’abondance de gomme délivre un bon moelleux et l’adhérence, essayée sur sol mouillé jonché de feuilles mortes, est excellente. Même s’il convient de rester méfiant. Mais évoluer sur un sol aussi glissant avec des enfants derrière peut se faire la conscience tranquille tant qu’on ne freine pas n’importe comment.

C’est en ça que c’est excellent.

De son côté, la transmission à chaîne Deore (10 vitesses) peine souvent à gérer le couple de 85 Nm délivré dès la première impulsion - grâce au capteur de couple. Résultat, il faut parfois forcer pour passer une vitesse, supporter quelques sauts, quelques claquements et donc quelques ratés. C’est un poil gênant. Surtout lorsque nous sommes chargés et en pente.

Les virages ne posent aucun problème : la prise d’angle est même faisable (mais on évitera de le faire pour les passagers). La garde au sol, elle, permet de descendre un trottoir ou de prendre un nid de poule par mégarde. Nous insistons : la partie cycle est remarquable. Mais c’est surtout dans le transport de personnes que ce Tern GSD excelle.

Le système est efficient : aucun raté n’est à signaler malgré une utilisation intensive sur une semaine. Surtout, le vélo avait déjà connu plusieurs essayeurs et quelque 200 km avant notre essai. C’est une petite chose de prime abord, mais c’est une nécessité sur ce genre d’engin.

La motorisation est assurée par un moteur Bosch Cargo Line délivrant 85 Nm de couple, une version identique à celui du Moustache Lundi 20 (le concurrent outsider), qui offre les mêmes caractéristiques. Ce moteur est associé à une transmission Shimano Deore et une cassette 11-36 (pour 11 dents - 36 dents). Notez que cette transmission est la proposition entrée de gamme.

Concernant les accélérations, on atteint rapidement la vitesse maximale autorisée par l’assistance électrique. C’est aussi celle au-delà de laquelle on pédale dans le vide. Ce qui n’est pas un mal. Ce type de vélo n’est pas fait pour battre des records de vitesse.

En option, vous pouvez toujours opter pour une transmission Rolhoff E14, un système à courroie et un passage de vitesse électronique.

Transport de personnes et de marchandises

Lors de l’essai, nous avons parcouru, avec un adulte de 70 kg en passager, un trajet dans lequel s’invitait une montée de 8 %. Nous avons plafonné à 17 km/h pour ensuite atteindre, une fois sur le plat et un peu lentement avouons-le, les 25 km/h. Le Tern GSD, dans cette configuration entrée de gamme (à 5 599 euros tout de même), permet de jouer les capitaines de soirée.

Quant au transport d’enfants, c’est un régal. Lors de cet essai, un enfant de 4 ans et d’un mètre de haut a été passager à plusieurs reprises. Il n’avait pas la structure, ni le siège (qui coûtent 265 euros) mais le petit coussin et la barre de maintien, avec, évidemment, le repose-pied. Contre toute attente, il a non seulement adoré (c’était prévisible) mais surtout pu tenir sans forcer et sans risque. Le GSD est stable.

Cargo longtail, donc cargo avant tout. Cela implique de démarrer chargé. Il est donc possible, à l’instar du Moustache Lundi 20, de bénéficier de l’intégralité du couple au démarrage. Une simple impulsion du pied suffit, comme au départ d’une descente de bobsleigh, la course à pied en moins. Mais dans ce cas, seul le mode Turbo est utilisable. Les autres sont à proscrire.

Parlons inertie : elle est forcément prépondérante lorsque nous conduisons chargé. Le freinage est forcément plus long, beaucoup plus long. Le poids, de façon générale, influe énormément sur la conduite. Sur sol mouillé, à vide, la distance de freinage est doublée. Alors chargé, sur ce même sol humide, il faudra prendre une bonne marge.

Pourtant, le freinage est assuré par un système à disque (hydraulique, forcément) Magura MT5 à 4 pistons. Non seulement ces freins sont puissants, mais ils sont également très progressifs, avec une allonge presque idéale.

Le Tern GSD est donc bien capable d’embarquer deux bambins sans problème et en sécurité. Du moins, autant que peut l’être un vélo et même un peu plus, grâce aux feux de stop et à cette couleur vive.

À défaut d’être bon, l’éclairage est bien intégré. Le phare est situé sur le cintre et suit votre trajectoire. Mais son rayon d’éclairage est trop étroit et sa portée trop faible. Le feu arrière est un peu bas, mais bien visible. Notez que Tern a intégré un feu stop. En cas de freinage, le feu arrière clignote. Ces éclairages sont évidemment intégrés et utilisent la batterie du vélo et non une batterie dédiée. En revanche, il n’y a toujours pas de clignotants.

Autonomie

L’autonomie n’a été testée qu’avec les modes Turbo et Sport. Et pour cause, ce sont les seuls modes qui ont sens sur un tel vélo électrique. Les deux autres modes sont inutilisables, tant l’usage implique de déplacer une masse importante. À titre de comparaison, avec 200 kg de charge et les 33,6 kg du vélo, on frôle le poids d’une grosse moto.

Pire, on est à 100 kg de moins qu’une Citroën Ami qui, elle, utilise un moteur de 9 000 W (contre 250 W pour le GSD Tern).

En mode Turbo et Sport, comptez respectivement 40 et 47 km d’autonomie. C’est correct sans être époustouflant : la concurrence fait en effet mieux. Il n’empêche, l’aspect amovible de la batterie permet très facilement de la recharger régulièrement, ce qui rattrape un peu la modeste autonomie du cycle.

Chargé de 70 kg en plus des 100 kg du cycliste, en mode Turbo et avec du dénivelé positif, elle chute à environ 27 km. On imagine alors l’allonge confortable qu’offre un système à deux batteries, qui malheureusement se paie au prix fort. La recharge avec le chargeur de 2A prend : 4 heures. Un timing suffisant pour le recharger en une après-midi par exemple.

Le retrait de la batterie nécessite une clé, rien de nouveau. L’accumulateur est situé un peu en retrait, sous la selle. Elle est facile d’accès et à retirer. La remettre nécessite un petit coup de main.

Prix et disponibilité

On tiendrait presque le vélo idéal. Presque… car les tarifs des vélos à assistance électrique ont explosé. Pénurie de composants, inflation, hausse tarifaire des matières premières, cours de l’euro : la conjoncture économique est délicate. Compte tenu des ventes qui progressent, cette augmentation tarifaire généralisée prend soin de bien laisser de côté les budgets modestes.

Pour mieux illustrer ces propos, prêtons-nous au petit jeu du prix d’un Tern GSD bien équipé :

Total :  6 355 euros.

Ce n’est pas suffisant ? « Sky is the limit » avec le modèle haut de gamme, le Tern GSD R14 (double batterie), vendu à 9 429 euros sans accessoire. Vous l’avez compris : la cible utilisant ces vélos a les moyens d’avoir ce genre de cycle et de le ranger en sécurité. Les autres se rabattront sur des marques plus accessibles comme Rad Power Bikes, Decathlon ou encore Gaya, par exemple.

Si on met le prix de côté, il s’agit d’un excellent vélo cargo, robuste, bien pensé, ergonomique et avec la bonne couleur, il a même de l’allure. À condition d’être prêt à mettre le prix.