Oui, stationner sur une place dédiée à la recharge des voitures électriques peut vous coûter très cher
Imaginez.
Cette situation qui paraît ubuesque pour qui roule en voiture thermique est pourtant le quotidien pour qui roule en électrique : les places réservées à la recharge des voitures dites « zéro émission » sont souvent squattées par des automobiles qui n’ont rien à y faire.
Oui, mais il y a un « mais » : par rapport à notre récit inversé du véhicule qui ne peut pas remplir son réservoir, le stationnement abusif n’est pas forcément le fait d’une voiture thermique.
Pure méchanceté ou simple méconnaissance des règles ?
Appelez-les EVhole ou ICEing
Ce phénomène de stationnement abusif sur les places dédiées à la recharge des voitures électriques est déjà tellement répandu à travers le monde qu’il a un nom.
Autre nom qui s’applique plus largement à ces voitures ventouses qui bloquent ceux qui voudraient charger leur voiture en ions : EVhole.
Si au départ ce phénomène visant à bloquer des places vient surtout des États-Unis, où le stationnement pick-ups devant des Superchargeurs Tesla traduisait l’aversion qu’ont certaines personnes vis-à-vis de la voiture électrique (il existe également le « coal-rolling » consistant à noyer une voiture électrique dans un nuage de fumée noire), chez nous il est certainement plus nuancé.
Une voiture thermique sur une place réservée à l'électrique
Commençons par le cas des voitures thermiques qui se garent sur les places réservées aux voitures électriques.
Il y a ceux qui avaient leurs habitudes à cet endroit avant que ce ne soit une place dédiée.
Ce que dit la loi :
Aussi « récentes » soient les voitures électriques et l’installation de bornes de recharge sur nos routes, le stationnement gênant d’une voiture sur une place destinée à la recharge d’une voiture électrique est bel et bien inscrit dans le code de la route.
Plus précisément dans la Section relative à l’arrêt ou au stationnement dangereux, gênant ou abusif, dans l’article R417-10.
« Est considéré comme gênant la circulation publique, l’arrêt ou le stationnement d’un véhicule (…) devant les dispositifs destinés à la recharge en énergie des véhicules électriques. »
Quelles sanctions ?
Toujours dans cet article R417-10 du Code de la Route, il suffit de descendre un peu plus bas pour en apprendre plus sur les sanctions prévues :
« Tout arrêt ou stationnement gênant prévu par le présent article est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe ».
L’amende forfaitaire de deuxième classe est de 35 euros.
Une voiture électrique doit se charger sur les places destinées à la recharge
Peut-on se garer sur une place marquée « électrique » sans se recharger ?
Le stationnement abusif sur les places destinées à la recharge de véhicules électriques n’est pas le fait d’une opposition entre voitures thermiques et électriques.
« Recharger » n’est pas « stationner »
Tout le nœud du problème vient de la confusion entre le simple stationnement réservé à une voiture électrique, et le stationnement pour recharger.
Donc non, on a beau rouler en voiture électrique, si l’on n’a pas l’intention ou le besoin de se recharger, alors les places marquées pour les véhicules électriques sont tout autant interdites qu’à des véhicules thermiques.
Ce que dit la loi :
Vous roulez en véhicule électrique, certes, mais pour autant, si vous vous garez de manière abusive sur une place destinée à ce type de véhicules, mais sans vous recharger, alors votre véhicule est considéré comme gênant, au même titre qu’un véhicule thermique à la même place.
Quelles sanctions ?
Et selon l’article R417-10 du Code de la Route, cela veut dire une amende forfaitaire de deuxième classe, soit 35 euros, voire l’immobilisation ou la mise en fourrière de votre véhicule électrique.
Recharge terminée, jusqu'à 55 euros l'heure en plus
Et puis il y a le cas, là aussi considéré comme abusif, de la voiture électrique qui est stationnée à une place qui lui est destinée.
Et dans ce cas, attention, car ça peut coûter à l’automobiliste négligent très très cher.
Les frais d’occupation injustifiée
Certains opérateurs de recharge appliquent en effet ce que l’on appelle des « frais d’occupation injustifiée » qui peuvent très vite faire grimper la facture.
Voici les prix affichés par quelques opérateurs qui facturent des frais d’occupation injustifiée :
Exemple :
Prenons maintenant un simple exemple : vous laissez votre voiture (Tesla ou autre) une heure de trop à un Superchargeur.
Sur l’heure de trop, vous serez facturé ainsi : 55 minutes x 0,50 centimes = 22,50 euros.
Quelles solutions ?
Étourderie, provocation ou je-m’en-foutisme, quelle que soit la cause de ces stationnement abusifs sur les places dédiées à la charge des véhicules électriques, il faut absolument que cela cesse.
La manière forte...
Il y a bien la manière forte.
https://www.youtube.com/watch?v=ClDpGqj3PGA&ab_channel=TeslaTrip
Dans la même veine, il y a la manière encore plus forte, pour ne pas dire violente, de certains automobilistes américains qui sont allés jusqu’à faire une démonstration de force en tractant les véhicules perturbateurs avec leur modèle électrique.
...et la manière qui fonctionne !
Si la sanction chez nous revient parfois presque au même prix que le ticket de stationnement, alors il faudrait peut-être aller carrément plus loin et mettre des amendes carrément dissuasives. Comme en Australie qui est passé il y a quelques semaines à la vitesse supérieure en faisant la chasse aux voitures qui stationnent sans se charger sur les places destinées à la recharge électrique. Les voitures thermiques sont tout autant visées que les électriques non branchées !
Ainsi dans l'État de Nouvelle-Galles du Sud (NSW ou New South Wales), l'amende est fixée non pas à 35 euros comme en France mais à 1760 euros (2875 dollars), tandis que dans le Queensland, ça grimpe à 3200 dollars, l'équivalent chez nous de 1960 euros. Près de 2000 euros d'amende pour s'être garé au mauvais endroit, ça a de quoi dissuader, non ?
Sans peut-être arriver à de telles extrêmes, il n’y a plus qu’à espérer que la sensibilisation se fasse naturellement avec l’augmentation parallèle du nombre de véhicules électriques et du nombre de bornes en France et ailleurs, et donc de nouveaux électro-automobilistes qui comprennent mieux les enjeux de la recharge.