Essai Lotus Eletre : une voiture électrique vraiment bluffante, qui réussit sa mission avec brio
Pour les passionnés d’automobile, Lotus est synonyme de voitures de sport radicales, fortes de 75 ans d’histoire et de belles pages écrites en Formule 1.
Mais son nouveau propriétaire (depuis 2017), le tout puissant groupe chinois Geely (Volvo, Polestar, Zeekr, Lotus, etc.), compte sur une toute autre stratégie pour passer de 1 200 voitures par an à...
Avec plus de 5 m de long et 2,6 tonnes sur la balance, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on est aux antipodes de l’ADN de Lotus...
La gamme Lotus est appelée à se développer avec une berline sportive (Hello, Tesla Model S), un SUV plus compact (Hallo, Porsche Macan électrique) et enfin, une voiture de sport 2 places (Dobro jutro, Rimac Nevera).
La conception de l’Eletre reste cependant assez européenne, avec un centre de recherche et développement à Francfort qui a développé la nouvelle plate-forme dédiée, nommée EPA, en seulement deux ans et demi.
Pour relancer la marque, Lotus compte mettre en place en France une vingtaine de points de vente physiques (il n’y a pas qu’Internet dans la vie).
Fiche technique
Design : une belle impression
5,10 mètres de longueur, 2,02 mètres de largeur et 1,63 mètres de haut, et un empattement de plus de 3 mètres : imaginez la tête des designers lorsqu’on leur a donné ce cahier des charges avec pour mission de rendre l’ensemble harmonieux, sportif et...
L'astuce la plus évidente est le toit et les montants noirs, ainsi que les épais bas de caisse tout aussi noirs qui éliminent visuellement une partie de la masse.
La face avant agressive, les multiples passages aérodynamiques (7 canaux en tout, contribuant au Cx de 0,26), l’aileron déployable et les solides jantes de 22 pouces complètent le tableau pour ajouter une belle impression de sportivité.
Habitabilité : le vrai luxe
Le spectacle se poursuit dans l’habitacle, dont les revêtements de cuir et d’Alcantara jouent la carte du luxe, complétés d’écrans qualitatifs (jusqu’à 7 en tout avec les rétroviseurs caméras !) et de touches de métal brut.
Les assemblages semblent de bonne facture (on verra à l’épreuve du temps), les matériaux en tout cas sont flatteurs et l’ensemble est cohérent, même si on peut le trouver un peu clinquant.
Au centre, le bel écran OLED de 15,1 pouces est l’écrin du système d’info-divertissement développé par la marque, basé sur Android Automotive et tournant avec un processeur Qualcomm Snapdragon, une connectivité 5G et de belles animations signées Unreal Engine.
La sono est assurée par un partenariat avec la belle marque de Hi-Fi anglaise Kef.
Dans un engin de ce gabarit, l’espace à bord ne manque pas, mais ses concepteurs n’ont pas opté pour une version 7 places, étrangement : l’Eletre est proposée juste en 5 ou 4 places, avec deux sièges arrière individuels massants dans cette dernière configuration (+ 6 600 euros).
Pour ce qui concerne les bagages, le SUV est bien pourvu avec 688 litres (610 litres en version 4 places), que vient compléter un petit espace de 46 litres sous le capot avant (frunk), idéal pour le rangement du câble de recharge.
Aides à la conduite : beaucoup de technologies, pas encore disponibles
L’Eletre est pourvue de série d’un attirail inédit : 4 Lidars, 7 caméras, 6 radars et un calculateur hautes performances signé NVIDIA pour gérer tout ça !
Et nous n’avons même pas eu le loisir de tester son fonctionnement, nos voitures de pré-série n’étant pas encore aptes.
Mais ne nous emballons pas, même pour atteindre le niveau 3 le chemin sera long, avec d’immenses collectes de données en perspective avant de pouvoir se lancer.
Conduite : la sportivité et le confort
Colin Chapman, toujours lui, aurait dit : “Ajouter de la puissance vous rend plus rapide en ligne droite.
Ainsi la suspension pneumatique active peut-elle atteindre plusieurs hauteurs de caisse selon le mode choisi et à la fois garder une excellente rigueur et un confort préservé, y compris en mode sport, pourtant plus raide.
Notre modèle d’essai Eletre S était équipé au top, avec l’option barres antiroulis actives 48 V et roues arrière directrices (3,5° maxi) facturée 6 600 euros, qui permettent respectivement de virer parfaitement à plat et de réduire le diamètre de braquage en manœuvres de 12 m à 10,6 m, bien aidé par les excellentes caméras à 360°.
Résultat, une conduite très dynamique, étonnamment facile au vu du gabarit et de la masse de ce maxi-SUV.
Attention cependant à ne pas oublier la masse totale de l’ensemble, surtout sur route glissante, car une fois au-delà des limites physiques et des capacités d’action des béquilles électroniques, les 2,6 tonnes risquent de se rappeler désagréablement à votre souvenir.
Naturellement, il est possible de choisir entre les différents modes de conduite qui se sélectionnent avec des palettes au volant.
Enfin, le confort de suspension et le silence sont bien au niveau du standing de l’auto, à peine perturbé par un léger sifflement des deux moteurs synchrones à aimant permanent signés ZF.
Nous avons aussi pu faire un très bref galop d’essai sur une aire plane d’aérodrome avec la redoutable version haut de gamme R, forte de 905 chevaux et d’une boîte deux vitesses accouplée au moteur arrière (passage automatique vers 130 km/h).
https://www.youtube.com/watch?v=QUAht38Xt5I&ab_channel=Frandroid
Autonomie, batterie et recharge
109 kWh de capacité utile ! Voilà la taille de l’immense accumulateur choisi par Lotus pour équiper toute sa gamme Eletre.
Un bémol cependant : avec un tel poids, une puissance démoniaque et une surface frontale forcément importante, malgré la pompe à chaleur et tous les efforts aérodynamiques fournis par les ingénieurs de Lotus (calandre à ouverture active automatique gagnant 15 km d’autonomie, aileron arrière multi-positions avec 18, 32 ou 34 degrés d’angle), la consommation est haute, très haute.
Et lorsque nous nous sommes permis de petites folies (c’est très tentant), nous avons atteint des sommets à 30 kWh/100 km.
Pour la recharge, la batterie sous 800 volts est très bien cotée, avec une puissance maximum de charge à 350 kW pour passer de 10 à 80 % en juste 20 minutes. En d’autres termes, il est possible de retrouver 400 km d’autonomie en seulement 20 minutes, ou 120 km en 5 minutes.
Les fonctionnalités de l’auto pourront naturellement évoluer au fil des mises à jour à distance.
L’écosystème est prévu pour s’enrichir, une obligation à ce niveau de gamme : carte de recharge multi-réseaux et fonction plug & charge sont aussi dans les plans du constructeur.
Prix et disponibilité
Avec un prix d’attaque affiché à 97 890 euros, l’Eletre pourrait bien s’appeler Elite (le nom par ailleurs de plusieurs modèles de la marque).
Face à elle, la Lotus a des concurrentes assez différentes.
Finalement, une concurrente plus redoutable est peut-être à chercher au sein même du groupe Geely : la Volvo EX90 et ses 7 places, avec une puissance de 517 ch en version Ultra (111 550 euros).
Les premières livraisons de la Lotus Eletre sont attendues dès la fin de cette année, accompagnées d’une rassurante garantie 5 ans ou 150 000 kilomètres, et 8 ans/200 000 kilomètres pour la batterie.