On a essayé le Peugeot E-3008 électrique : enfin un concurrent français du Tesla Model Y
Peugeot continue d’électrifier sa gamme à marche forcée.
Ce 3008, troisième du nom, arrive avec la lourde tâche de remplacer la génération précédente, qui fut un carton monumental.
Cette nouvelle génération doit donc faire forte impression.
Fiche technique
Cet essai a été réalisé dans le cadre d’un voyage presse organisé par la marque.
Style : de l’audace (peut-être un peu trop ?)
Pour le style, nous n’allons rien vous apprendre, puisque nous étions déjà allés le voir à sa présentation officielle en septembre 2023.
Ce Peugeot E-3008 n’a bien évidemment pas changé d’un iota depuis.
Le style, codirigé par Gilles Vidal (qui est depuis parti chez… Renault) et Matthias Hossann, joue clairement sur le côté agressif.
Sur le profil, on note les très originales jantes de 19 ou 20 pouces, une véritable signature de la marque depuis la 408 de 2022, et dont chacun se fera son avis.
À l’arrière, le coffre se fait très abrupt, avec des boucliers proéminents (qui passent au noir laqué sur la finition haute GT).
La carrosserie, bien plus fuyante, promet un aérodynamisme très soigné (rappel : une voiture aérodynamique, c’est une voiture qui consomme peu)… ce que vient quelque peu contredire le Cx, de 0,28.
Nous avons donc une voiture au style bien dans l’air du temps, très démonstrative, et qui tranche radicalement avec la génération précédente, bien plus conventionnelle.
Habitacle : un effet wow et une certaine régression
Planche de bord : digne d'un concept-car
Là où le Peugeot E-3008 fait fort, c’est au niveau de sa planche de bord.
Concrètement, les compteurs et l’écran central ne font plus qu’une seule dalle incurvée de 21 pouces, dont on parlera un peu plus tard.
Le reste de la planche de bord est tout aussi spectaculaire, avec une console centrale très massive en forme d’arche, recouverte de tissu chiné – tissu qui se retrouve d’ailleurs un peu partout sur la planche de bord et les contre-portes.
Côté aspects pratiques, notons les habituelles prises USB-C (x2), un chargeur à induction, et des rangements un peu partout (dont un grand espace réfrigéré entre les sièges).
Cette planche de bord est pour le coup assez inédite, et s’avère être un élément extrêmement différenciant de la concurrence.
Habitabilité arrière : collé-serré
L’E-3008 est un SUV fastback, et certainement pas un SUV coupé, s’exclame Gaëtan Dumoulin, le responsable du projet.
Dans les faits, on est bien obligés de se rendre compte que la place à l’arrière de cet E-3008 n’est pas aussi généreuse que la génération précédente, ou même ce que fait la concurrence, notamment les Volkswagen ID.5, Skoda Enyaq Coupé ou Tesla Model Y (même si ce dernier est logiquement avantagé grâce à ses 20 cm supplémentaires en longueur).
Si la garde au toit est effectivement acceptable pour les moins de 1,80 m, l’espace aux jambes est assez compté, sans oublier un certain sentiment de confinement à cause des petites vitres.
Côté aspects pratiques, les passagers pourront profiter de deux prises USB-C, de buses de ventilation (non réglables) et, en option, de sièges chauffants aux extrémités.
Coffre : un peu léger
Côté coffre, Peugeot annonce un volume de 520 litres sous tablette, un chiffre stable par rapport à la génération précédente (malgré les 9 cm supplémentaires en longueur).
Deux petits regrets : les tirettes, permettant de rabattre la banquette depuis le coffre, ont disparu, et nous ne pouvons que regretter l’absence d’un second coffre sous le capot avant (le fameux frunk).
Que fait la concurrence ?
Le Model Y est un cas à part, d’une part à cause de sa taille supérieure, mais aussi parce que Tesla communique sur un volume jusqu’au plafond.
Infodivertissement : du chaud et du froid
Revenons donc sur cette impressionnante dalle flottante de 21 pouces.
Qu’en penser ?
Dans les faits, il s’agit d’un écran, au centre de la planche de bord, regroupant 10 boutons personnalisables (sous la forme de deux rangées de cinq), pouvant accueillir tous les raccourcis imaginables : médias, navigation, radio/destination spécifique, climatisation, chauffage des sièges, aides à la conduite, etc.
Avec ce duo, on arrive à trouver ce qu’on cherche assez facilement, d’autant plus que la commande vocale, assez performante (capable, par exemple, de déterminer quel passager parle), peut aider encore un peu.
Certes, on peut facilement se retrouver dans des menus et des sous-menus, mais la hiérarchisation m’a semblé assez logique.
Un regret ?
Notons enfin que cette grande dalle est un privilège de la version haut de gamme GT.
Côté connectivité, c’est du classique, avec une compatibilité Apple CarPlay & Android Auto sans fil.
Ah, et ChatGPT fait sa grande arrivée, vous permettant de lui poser des questions de culture générale via la reconnaissance vocale.
Planificateur d’itinéraire : prometteur, mais pingre
C’était un défaut généralisé sur l’ensemble des précédentes Peugeot électriques : le système de navigation ne possédait pas de planificateur d’itinéraire, obligeant le conducteur à calculer de lui-même les arrêts recharges lors des longs trajets.
Heureusement, Peugeot a entendu les retours et fait bénéficier son E-3008 de cet équipement bien pratique.
Très concrètement, lorsque vous entrez une destination hors de portée de l’autonomie actuelle du 3008 électrique, le système trouvera automatiquement les bornes les plus rapides et les plus proches de l’itinéraire.
La théorie semble alléchante et il faudra reprendre cette Peugeot électrique sur un plus long trajet pour déterminer sa fiabilité, mais deux points négatifs me sautent aux yeux.
Le premier n’est pas forcément très grave.
En d’autres termes, elle dispose d’un système de navigation connecté, qui communique en temps réel avec l’E-3008, permettant d’avoir accès aux infos de la batterie et de la consommation.
Le second me gêne un peu plus.
Le planificateur de Peugeot fait toutefois mieux que celui de Tesla, puisqu'il est possible de régler le pourcentage de batterie avec lequel vous souhaitez arriver aux bornes de recharge, mais aussi à destination.
Aides à la conduite : dans la norme
Là où le Peugeot E-3008 reste globalement dans les rangs, c’est au niveau des aides à la conduite.
Petit bonus cependant, qui tend à se généraliser : un système de dépassement semi-automatique.
Comment marche tout ce beau monde ?
Le maintien en voie est dit « collaboratif », c'est-à-dire que vous pouvez prendre la main et naviguer dans la voie (par exemple, pour laisser passer une moto) sans le l’aide ne se coupe - à l’inverse de ce que propose Tesla, par exemple.
Notons également que ce 3008 électrique peut bénéficier sur la version haut de gamme de phares matriciels « Pixel LED », permettant de rester en plein phares de façon continu, tandis que le faisceau s’éteint de façon sélective, afin de ne pas éblouir les autres usagers de la route.
Conduite : plaisant, mais lourd
Pour les moins connaisseurs d’entre nous, les Peugeot ont souvent été saluées pour leur « toucher de route » ; comprenez par là qu’elles réussissaient à trouver une synthèse très agréable entre un réel dynamisme et un confort conservé.
Là, on peut se demander comment les équipes de développement de la marque ont réussi à y arriver avec cet E-3008, avec son imposant gabarit et son poids qui dépasse les 2,1 tonnes.
Dans les lacets de l’arrière-pays cannois, le 3008 électrique m’a surpris par sa tenue de route.
Dans les situations bien plus communes, l’E-3008 continue d’être très agréable à conduire.
Niveau confort, nous avions à l’essai un modèle avec des jantes de 20 pouces, et le tarage était ferme, certes, mais tout de même confortable à l’avant – malgré quelques trépidations à basses vitesses, typiques des grosses roues.
Niveau puissance, ce 3008 électrique embarque un moteur de 157 kW / 210 ch & 345 Nm de couple… dont on demande où ils sont passés.
Deux explications à ce constat : la première, c’est que les 210 ch ne sont disponibles qu’en mode Sport, justement.
La seconde, c’est de nouveau le poids.
Niveau freinage, on souffle le chaud et le froid.
Notons également que ces trois modes restent intermédiaires : ni roue libre (même si le premier mode est très léger), ni fonction « one-pedal », où il n’y a pas besoin de toucher la pédale de frein pour stopper entièrement la voiture.
Dommage, parce que cette pédale de frein offre un ressenti assez désagréable.
Autonomie, consommation et recharge : à vérifier
Une solution transitoire
Parlons désormais du centre névralgique d’une voiture électrique : sa batterie.
Cette dernière, de type NMC (nickel - manganèse - cobalt), est pour le moment fournie par BYD.
Il faudra attendre un an, jusqu’à février 2025, pour voir du nouveau.
Chose importante à noter : ces batteries proviendront de la gigafactory d’ACC dans le nord de la France, et la version traction avec batterie de 73 kWh en bénéficiera également à ce moment.
Des chiffres dans la moyenne...
Bref, concentrons-nous sur ce qu’on avons aujourd’hui.
Cela la place au niveau des SUV électriques du groupe Volkswagen et leurs batteries de 77 kWh (VW ID.4 : 550 km WLTP / Skoda Enyaq : 565 km WLTP / Audi Q4 e-tron : 533 km WLTP).
Pour le Model Y, la version Propulsion avance 455 km d'autonomie WLTP avec une batterie d'environ 60 kWh pour une consommation théorique de 15,7 KWh / 100 km, tandis que la Grande Autonomie propose 533 avec environ 80 kWh de batterie (mais une transmission intégrale, conspmmation 16n9 kWh / 100 km).
Niveau recharge ?
...et à vérifier
Ça, c’est la théorie.
Côté consommation, nous avons terminé la boucle avec un score de 18,1 kWh/100 km par des températures comprises entre 10°C et 15°C.
Prix, concurrence et disponibilité : plutôt bien placé
Lorsque Peugeot a présenté son E-3008 en septembre 2023, aucune mention du prix n'a fuité. Ce qui n'était pas forcément pour nous rassurer, puisque la marque a une certaine tendance à gonfler les tarifs de ses modèles.
Des tarifs qui s'avèrent, en fin de compte, plutôt bien placés. Ce 3008 électrique débute ainsi à 44 990 euros en finition Allure et 46 990 euros en GT. De quoi profiter du bonus écologique, puisque sa fabrication à Sochaux (25) le fait rentrer dans les clous du score environnemental.
De série, la finition Allure offre les jantes 19 pouces, la caméra de recul et le double écran 10 pouces (sans navigation, ni planificateur, ni i-Toggles, disponibles en option). La version GT y ajoute cette fameuse dalle incurvée et l'éclairage d'ambiance, de même que les jantes 20 pouces, les phares matriciels, le hayon électrique et les sièges en Alcantara (mais aux réglages manuels).
La liste des options est assez courte, mais vous pourrez y piocher tant que vous voulez et toujours profiter des 4 000 euros du bonus écologique, grâce à une petite (et pratique) modification de la loi 2024. Dommage simplement d'y trouver une pompe à chaleur à 800 euros, alors que plusieurs concurrents la proposent de série.
En parlant de concurrence, mis à part le Renault Scénic, au rapport prix-prestations assez phénoménal (la version à 625 km d'autonomie s'offre pour 46 950 euros, même s'il se recharge moins rapidement que l'E-3008), ainsi que le Volkswagen ID.4, qui profite de sa récente baisse de prix, il n'existe pas d'autres SUV familiaux de plus de 500 km d'autonomie compatible avec le bonus.
Le Volkswagen semble être un bon concurrent, avec une autonomie et des durées de charge similaires (et un préconditionnement de la batterie, absent du Peugeot), une habitabilité supérieure et des équipements semblables. Le Model Y Propulsion, avec ses 455 km d'autonomie, son équipement pléthorique, son habitacle gigantesque et son prix de 42 990 euros (hors bonus) reste en parallèle un adversaire plus que redoutable. Surtout qu'il se recharge de 10 à 80 % en seulement 20 minutes. De quoi raccourcir les longs trajets.