Dans les coulisses d’une App #4 : Du design et de l’ergonomie

 

Quatrième article pour “Dans les coulisses d’une App” de “My System Coach” :  Le design et l’ergonomie. Ou comment essayer de ne pas trop perdre l’utilisateur dans une appli moche.

Dans les coulisses d'une App

Et quand on est développeur, c’est tout un programme…

Merci Microsoft !

Ça pique un peu mais allons-y : il faut remercier Microsoft pour son interface Flat UI.

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Je ne suis pas là pour les féliciter pour leur sobriété esthétique. Je les félicite pour avoir lancé une mode qui nous simplifie énormément la tâche, à nous développeurs lorsque l’on veut s’attaquer au design d’une application.

Les petits boutons arrondis que l’on trouvait sous iOS et Android il n’y a pas si longtemps demandaient – même les plus simples – de nombreuses étapes : arrondir les angles de l’icône, mettre un petit dégradé, voire un effet de lumière, rajouter une ombre etc, etc.

C’est peut être facile et rapide pour un graphiste. Pas pour un développeur ! C’est long, complexe et vous avez une chance assez importante d’obtenir un résultat des plus douteux.

Je peux donc vous dire que j’ai béni cette nouvelle interface. Vous voulez faire un bouton ? Vous faites un carré et… voilà !

 

La preuve par l’exemple

Je vous présente l’icône pour iOS d’Instagram :

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Elle est trop mignonne, mais imaginez le travail pour la créer, dessiner l’objectif, rajouter les reflets, etc. C’est simple, je ne vois tout simplement pas comment faire.

Voici celle de “My System Coach”  :

Launcher de My System Coach

 

Ne me dites pas ce que vous en pensez esthétiquement mais remarquez que cela ne demande pas énormément de compétences ni des logiciels très complexes. Un coup de Paint (ou Gimp, cf. plus bas), un tour sur ce site de génération d’icône et le tour est joué. Elle ne jure même pas sur Google Play.

Tout cela ne serait pas possible sans Microsoft et leur style Flat UI. Je suis sûr que Google a pensé aux nombreux développeurs indépendants en s’en inspirant pour leur style Holo (utilisé depuis la version 4.0). Cela m’a bien simplifié la tâche et cela tombe bien car le design sous Android ce n’est pas simple.

Développer en java, designer en XML : FBI (Fausse Bonne Idée).

Comme je le disais dans la première chronique sur le développement, on programme sous Android en Java. Exception de taille : le design est fait en XML.

XML est un language hyper connu en informatique qui permet de faire un peu tout et n’importe quoi. Un peu comme le CSS pour les pages Web, Android utilise le XML pour la mise en page.

En théorie, c’est simple. Voici un exemple de bloc de texte :

Code

On écrit “Coucou Frandroid” en blanc avec une taille moyenne. Quand on voit ça, on ne voit pas où est le problème.

Sauf que :

  • Les environnements de développement actuels ne “surveillent” pas le XML. Quand il y a un problème, si cela provient du code Java on vous le dit : « Il y a tel problème dans tel fichier à tel ligne ».
    Quand cela vient du XML, le programme plante. POINT. J’ai ainsi passé une journée à retrouver un point oublié.
  • C’est extrêmement peu intuitif, mal fichu et bugué. En fait le système est basé sur des conteneurs imbriqués les uns dans les autres pour permettre une “bonne” mise en page. Sauf que cela s’imbrique mal et la première fois que vous voulez mettre une image en haut à droite de l’écran avec du texte centré juste au-dessous, cela vous donne une certaine empathie pour les personnages de Kafka
  • C’est “statique” : on aura par exemple toujours “Coucou Frandroid” écrit à l’écran. Quand on veut afficher la fréquence mémoire qui change toutes les 5 secondes en OSD c’est gênant. Donc on couple ça à du Java pour changer les textes et c’est là que les ennuis commencent. On est obligé de faire un bout du design en XML ; l’autre bout en Java. C’est un peu comme si on devait discuter avec quelqu’un un peu en Anglais, un peu en Javanais… et qu’il vous réponde en Chinois !

On aurait vraiment envie de s’en passer. Dans l’absolu, c’est possible, mais ça demande un travail monstrueux. Et de toute façon, cela n’empêche pas d’avoir de très mauvaises idées en buvant du rouge !

 

Et là, j’ai voulu faire deux styles : FAAAAAIIILLLL

Un soir, où je devais avoir un peu trop défendu l’économie viticole bordelaise, je me suis dit qu’une application avec deux skins (une claire et une foncée), c’était du jamais vu donc forcément une très bonne idée…

Couleurs sur My System Coach

Ah ! si seulement je m’étais cassé une jambe ce soir-là.

Cela a été un cauchemar. D’abord technique. Android n’est vraiment pas fait pour gérer ce genre de choses et il m’a fallu jongler entre Vava et XML comme jamais.

Ensuite, cela a posé de vrais problèmes de conception. Histoire d’être bien proche du design de Google Now, j’ai rajouté une marge transparente dans les widgets pour un seul des deux styles.

Affichage CPU dans My System Coach

Déjà que l’on n’a pas beaucoup de place, il a fallu gérer le fait d’en avoir encore moins une fois sur deux : Un pur bonheur !

Si vous voulez avoir une idée du résultat par vous même, téléchargez l’application et amusez-vous bien via la page de configuration.

J’ai globalement facilement perdu un quart du temps de développement sur cette double gestion. Et je doute que vous soyez nombreux(ses) à utiliser cette fonctionnalité.

 

De l’évolution du design sous Android

J’avais déjà ronchonné dans la première partie sur le code sur les 26 versions d’Android qui se  sont succédées depuis mes débuts et l’action bar. Je vais en remettre une couche du point de vue design.

Au niveau design, le style Android se cherche depuis ses débuts. Un exemple éclatant : on est passé tout d’un coup à la version 4.0 d’une l’ambiance sombre à une ambiance claire.

Comparez l’application “Messages” qui n’a pas bougé depuis des lustres avec Gmail toujours à jour. La première est sombre avec aucun menu, la deuxième est claire et joue (voire surjoue) du menu gauche/action bar.

Ce combo menu gauche/action bar n’est, au pifomètre, vraiment adopté que depuis six mois/un an. Quand j’ai commencé en juin 2013, ce n’était pas une norme mais un truc que Google essayait vaguement d’imposer. Ce qui veut dire que je ne l’ai pas utilisé au début. Oui, je suis en train de vous dire que j’ai changé le design de “My  System Coach” de A à Z en cours de route.

J’avais fait une interface translucide dans laquelle on naviguait à coup de swipe (glissage des doigts) latéraux. C’était, de mon point de vue, sexy.

Mais dès que l’on a plus de trois pages, cela devient très rapidement laborieux. Ce fut un cauchemar à intégrer et maintenir, et tout le monde utilise le combo menu/gauche action bar.

Configuration My System Coach

On va dire que le bon point, c’est qu’à présent je sais ce qu’il faut utiliser comme design de référence. Je n’y perdrai pas autant de temps sur mon application et cela m’aidera pour l’ergonomie.

 

L’ergonomie : en théorie, c’est simple…

Venons-en justement à l’ergonomie. C’est ce qui facilite l’utilisation de votre application en vous permettant de visualiser confortablement les informations pertinentes et d’avoir les bons boutons au bon endroit.

De plus, une partie du travail est déjà faite puisque le menu gauche vous donne accès aux bonnes pages et l’action bar aux boutons prioritaires. Le problème, c’est que quand je vous dis ça, je ne vous dis pas grand chose.

Il reste à savoir :

  • Qu’est-ce qu’une information pertinente ?
  • Comment la visualise-t-on confortablement ?
  • Qu’est ce qu’un bon bouton ?
  • Où se place-t-il ?

Un exemple concret : le menu. Avant (jusqu’à la version 2.3 à vue de nez) on appuyait sur le bouton physique du telephone pour avoir accès au menu (qui était donc obligatoire). Maintenant, on peut passer par le bouton, l’action bar et ou le menu gauche.

Alors que fait-on ? On accède par les trois moyens ? Que par une partie ? Laquelle ? Et que met-on dans le menu et pas dans les autres pages ?

Allez, vous avez jusqu’à la semaine prochaine pour me répondre. Maintenant qu’on a vu comment My System Coach fonctionne, à quoi il ressemble et comment on le manipule, on va voir comment il débarque sur vos mobiles.

A moi la gloire et la richeeeesssssseeeeeee !

 

Bonus stage 3 : Au fait, on utilise quels logiciels pour le design ?

Avant toute chose, un point rapide sur les logiciels d’ergonomie : il n’y en a pas… ou alors vous me l’apprenez !

Pour le design, c’est simple. Quand on est un pro – un vrai – on utilise Photoshop un point c’est tout. Quand Google vous donne des fichiers liés au design comme ici c’est du format Photoshop (.psd). PUNTO !

Le seul souci, c’est que Photoshop revient actuellement à…12,99 euros par mois. Ne vous plaignez pas, à une époque ça pouvait monter à 1400 euros pour une licence.

Alors comment fait-on quand on a pas les moyens (ou l’envie) de se payer les services d’Adobe ? On télécharge Gimp qui est entièrement gratuit. Attention, il n’est pas très intuitif et  l’interface est bizarre mais il permet, pour un développeur comme moi, de faire ce que l’on a besoin de faire assez facilement.

Petits trucs pour l’interface :

  • Pour avoir une interface qui fichemoins la trouille avec une seule fenêtre (et non trois par défaut), il suffit d’aller dans : “Fenêtres” et de cliquer sur  “Mode fenêtre unique”.
  • Je n’ai pas essayé mais on peut avoir une interface qui ressemble beaucoup à celle de Photoshop.

 

Bonus stage 4 : le coin des développeurs, le design et l’ergonomie

Un petit mot pour les développeurs au niveau du design et de l’ergonomie :

  • Anecdote sur les couleurs : il m’a fallu faire des copies d’écran puis utiliser un « colorpicker » pour retrouver les codes couleurs « Holo ». N’ayant aucune documentation, j’ai dû m’y remettre à plusieurs reprises et faire des recoupes avec des recherches Google avant de comprendre le système utilisé et trouver les couleurs exactes. Le lendemain de la fin des travaux, je suis tombé sur la description exacte du système…
  • Design et XML : comme dit plus haut, ce système de XML pour le design c’est du CSS en pire. Deux exemples :
    • Ce code d’erreur : « Error executing aapt: Return code -1073741819 » à l’évidence réjouissante…
    • Les « RelativeLayout » et « LinearLayout », « les android:gravity » et « android:layout_gravity » et autres joyeusetés sont des monstres au concept flou et à l’application soumise à bugs. Passer deux heures pour mettre un bout de texte au bon endroit dans une page n’est pas rare.

 

L’auteur de cette chronique, Pierre Benayoun, est président du Bordeaux Android User Group ; il développe et conseille sur Android depuis la sortie du HTC G1 (qu’il possède toujours !). Vous pouvez le joindre sur Twitter à cette adresse !


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