Test de la Shield Tablet 4G : la tablette de Nvidia a-t-elle besoin de la 4G (LTE) ?

 

Nvidia nous a fait parvenir la Shield Tablet en version 4G. Qu’est-ce qui change par rapport à la version standard déjà testée au mois de juillet ? Pas grand-chose : la ROM passe de 16 à 32 Go, mais surtout, le modem Icera 500 fait son apparition pour permettre à la tablette de profiter de la 4G. Alors la 4G sur la Shield Tablet, une fonctionnalité nécessaire ?

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Pour ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de lire notre test complet de la Shield Tablet en version Wi-Fi 16 Go, nous vous conseillons d’y jeter un œil avant d’attaquer la lecture de celui-ci puisque les notes et commentaires attribués à chaque sous-partie (design, écran, performances, logiciel, autonomie et appareil photo) resteront les mêmes. Pour le test de la Shield Tablet en version 4G, nous allons donc aller plus vite et nous contenter de tester ce qui distingue la version LTE 32 Go de la version Wi-Fi 16 Go. En deux mots : la gestion du réseau et la capacité de stockage.

Shield Tablet 4G : on ne change pas une équipe qui gagne

Pour ceux qui ne connaissent pas du tout la Shield Tablet, un petit rappel s’impose. C’est la première tablette produite par Nvidia et c’est le premier appareil à embarquer le Tegra K1, un SoC spécialement développé par la marque qui intègre la puce graphique la plus puissante produite actuellement sur les tablettes. En terme de performances, la Shield Tablet est donc loin devant toutes les autres tablettes, que ce soit dans les benchmarks, mais également en jeu avec un processeur qui tient sa cadence même en cas de forte charge. Et même au bout de 20 minutes de jeu, la tablette chauffe un peu, mais bien moins que la Mi Pad de Xiaomi que nous avons testée et qui intègre aussi un Tegra K1. Les jeux sont donc le terrain de prédilection sur lequel la Shield Tablet excelle.

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Une autre fonction liée aux jeux est particulièrement séduisante, du moins sur le papier. C’est le GameStream qui permet de jouer à ses jeux PC sur sa tablette. L’ordinateur doit être allumé (ou peut-être allumé à distance) et posséder une carte graphique Nvidia. L’utilisateur lance à distance un jeu sur le PC qui est ensuite envoyé vers la tablette, à l’aide d’un flux vidéo, et l’utilisateur peut profiter de son jeu PC sur la Shield Tablet. La latence est imperceptible, mais peut gêner les joueurs de FPS en ligne les plus aguerris. La fonctionnalité fonctionne bien comme on a pu le voir dans notre test initial, mais tout n’est pas sans accroc puisqu’il faut parfois s’y reprendre à plusieurs reprises avant de réussir à lancer le jeu.

Là où la Shield Tablet pêche un peu plus, c’est sur les autres composants. L’écran Full HD de 8 pouces est juste correct, tout comme la conception qui fait un peu trop plastique cheap ou encore l’autonomie ridicule dans les phases de jeux.

Shield Tablet 4G + i500 : la 4G évolutive

La Shield Tablet en version 4G conserve donc les mêmes avantages et inconvénients que la version Wi-Fi à quelques détails près. La présence de 32 Go de stockage permet bien sûr d’installer davantage de titres sur la mémoire principale même si une fonction permet de copier les applications vers la carte micro-SD (non fournie, mais compatible jusqu’à 128 Go). Ce qui va réellement faire la différence, c’est donc le support des réseaux mobiles 4G.

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A l’intérieur de la Shield Tablet, Nvidia a intégré le modem Icera 500 ou i500. C’est le même que l’on trouve par exemple dans le Wiko Wax ou le Wiko Highway. Pour la petite histoire, Icera est une société anglaise (avec un centre de R&D en France) rachetée par Nvidia il y a quelques années. A la base, elle fabriquait des modems qu’on trouvait dans les dongles 4G. Depuis le rachat, elle est exclusivement dédiée au développement des modems qui accompagnent les SoC de Nvidia. Le modem i500 est un modem de type softmodem, ce qui signifie que la plupart des fonctions de modulation sont prises en charge par un processeur que Nvidia nomme DXP (pour Deep eXecution Processor) contrairement à la majorité des concurrents dont le modem ne possède pas de processeur et les fonctions de modulation sont prises en charge de manière matérielle. L’avantage, c’est la possibilité de mettre à jour le modem de manière logicielle pour le rendre compatible avec de nouveaux standards.

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La Shield Tablet intègre donc le modem i500, mais se limite à la catégorie 3 avec un débit théorique maximal de 100 / 50 Mbps. Wiko a implanté dans son Highway le i500, mais en demandant à Nvidia de supporter la catégorie 4 avec donc des débits de 150 / 50 Mbps. Nous avons demandé à Nvidia si le constructeur allait mettre à jour la Shield Tablet pour supporter la catégorie 4 (ce qui est possible techniquement) et ce n’est pas dans les cartons puisque la catégorie 3 suffit, selon eux, pour les usages prévus. En théorie, le modem i500 peut également être mis à jour de manière logicielle pour supporter la catégorie 6 (300 / 50 Mbps). Peut-être pour un futur produit Shield ?

L’intérêt de la 4G sur la Shield Tablet

Alors la 4G sur la Shield Tablet, ça donne quoi ? Parlons tout d’abord de la fonction Remote GameStream à distance via la 4G : imaginez vous installé dans un bus ou au café, en train de jouer à Battlefield sur votre tablette qui tourne pendant ce temps à la maison sur le PC. Malheureusement, la fonction GameStream ne fonctionne pas avec la 4G.  La fonction Remote GameStream fonctionne bien en 4G ! Il faut en revanche un débit montant à la maison et descendant sur la tablette conséquent (au moins 5 Mbps stable pour chaque sens). Nous avons testé sur une connexion câblée avec un upload de 1 Mbps et la tablette en 4G à environ 10 Mbps : ça fonctionne, mais c’est injouable. Nul doute qu’avec une meilleure connexion à la maison, l’expérience utilisateur aurait été plus agréable. A ce propos, nos confrères du site Tom’s Hardware avaient réalisé il y a quelques mois un test : jouer à Battlefield 4 sur la Shield à plus de 6000 km de distance du PC maître, et ça marche.

Abordons maintenant la fonction Grid en 4G. Grid ressemble au Remote GameStream, mis à part les jeux qui tournent sur les serveurs de Nvidia et non pas sur le PC personnel. Même une personne qui ne possède pas d’ordinateur avec une carte graphique Nvidia peut donc jouer sur sa Shield Tablet à un jeu hébergé sur les serveurs de Nvidia. Pour le moment, ce service est à l’état de bêta (il y a une vingtaines de titres compatibles) et les serveurs sont situés à San Jose en Californie. Autant dire que la latence avec la France est énorme. Les jeux sont jouables, mais pas dans des conditions optimales : une latence prend place entre le moment où vous appuyez sur le joystick et le moment où l’action est retranscrite à l’écran. Avec des serveurs en Europe, ça serait le pied et on pourrait alors profiter de titres PC sur Android sans posséder d’ordinateurs ! Nvidia semble avoir ce projet dans ses cartons, mais sans plus d’informations.

Shield Tablet 4G

À quoi d’autre peut servir la 4G sur la Shield Tablet ? Il n’y a pas que le GameStream dans la vie ! Certains jeux Android nécessitent une connexion permanente à Internet pour y jouer. On pense à Clash of Clan ou encore le dernier FIFA 15. La 4G sur la Shield Tablet permet donc d’avoir accès continuellement à l’ensemble de ses jeux et de leurs sauvegardes, du moment qu’une connexion Internet est active. De même, la 4G permet à l’utilisateur de jouer à des jeux multijoueurs même en l’absence de réseau Wi-Fi. Une fonctionnalité qu’on apprécie dans certains cas (bus, voiture, parc, café), mais qui aura du mal à fonctionner dans d’autres circonstances (avion, train ou métro).

Nous avons pu tester la 4G, mais avons souffert de notre éloignement avec les antennes. Il a ainsi été impossible d’approcher les 100 Mbps, mais c’est plus le réseau que le modem qui est à blâmer. Un petit détail : il est assez difficile d’insérer et d’enlever la carte au format micro SIM. En théorie, l’opération peut être réalisée à main nue, mais étant donné la profondeur à laquelle la carte SIM doit être enfoncée, il est bien plus facile d’utiliser le poussoir en métal fourni avec certains téléphones.

Concernant l’autonomie, nous n’avons malheureusement pas pu comparer la différence entre la Shield Tablet version Wi-Fi et le modèle 4G. La raison est assez simple : lors du test de la Shield Tablet Wi-Fi, nous n’avions pas réalisé de mesures précises. Par souci de rigueur, nous ne souhaitons donc pas avancer de chiffres de comparaison pour cette version 4G. Il semble toutefois que l’autonomie soit en baisse, puisque lors de notre session de jeu de 20 minutes (luminosité au maximum, Wi-Fi et 4G activés), notre logiciel GameBench indiquait une autonomie légèrement inférieure à 2 heures. Et c’est justement cette information que nous avions oublié de relever lors du test du modèle Wi-Fi mais nous avions pu jouer entre 2h30 et 3h selon les jeux.

Bilan : un produit arrivé trop tôt en France ?

Alors que penser de cette Shield Tablet 4G ? Le surcoût lié à la 4G et aux 32 Go de stockage n’est pas énorme : 79 euros (25 % du prix de la version Wi-Fi tout de même), mais pour 10 euros de plus (389 euros en tout), on peut avoir le pack avec une manette et l’étui qui fait office de stand. Un joueur qui achète une Shield Tablet jouera davantage à des jeux utilisant la manette que l’écran tactile et dans ce cas, posséder une Shield Tablet 4G sans manette et étui serait ridicule. Pour 10 euros de plus (389 euros), on conseille alors la version Wi-Fi en pack complet. Le pack complet en version 4G grimpe quant à lui à 469 euros. Pour ce prix, on peut uniquement la conseiller à un joueur régulier de titres nécessitant une connexion Internet, et à ceux qui emportent leur tablette partout avec eux.

Battlefield 4 sur la Shield Tablet via la 4G aurait été parfait
Toute la rédac (ou presque) rêve de pouvoir jouer à Battlefield 4 en 4G sur la Shield Tablet !

Mais la Shield Tablet 4G laisse un petit goût d’amertume, surtout ici en France. On attendait beaucoup de la 4G : possibilité d’utiliser le GameStream sans réseau Wi-Fi ou encore de profiter des services de cloud de Nvidia (Grid).Pour la première fonctionnalité, le pari est tenu, et il « suffit » de posséder une bonne connexion Internet, que ce soit sur la tablette mais aussi à la maison. Autant dire que sans fibre ou VDSL2, cela sera difficile et peu de personnes pourront vraiment profiter de la fontion. Concernant le second service, il est encore à l’état de bêta et les serveurs sont situés aux Etats-Unis, ce qui implique une latence trop élevée pour espérer jouer dans de bonnes conditions depuis la France.

La Shield Tablet 4G serait-elle sortie un peu tôt en France ? Peut-être, mais ce qui est certain, c’est que l’expérience utilisateur dépendra vraiment du type de connexion dont l’utilisateur bénéficiera. Avec un réseau fibre / 4G davantage implanté et Grid officiellement disponible en France, l’expérience devrait vraiment être intéressante et permettre à la Shield de remplacer un PC. L’avenir du jeu est dans le cloud !