L’automobile de demain sera autonome ou ne sera pas

 

Le CES est « the place to be » pour les voitures autonomes. Plus que dans tout salon de l’auto, la conduite robotisée se fraie un chemin dans les allées du salon tech de Las Vegas. Petit tour d’horizon.

Le Gold Lot mérite bien son nom : le parking situé en face du bâtiment du Las Vegas Convention Center est devenu un centre d’essais de véhicules autonomes à ciel ouvert, avec des prototypes embarquant pour des centaines de milliers de dollars de matériel embarqué, ordinateurs de commande, radars ultrasons, capteurs divers, caméras, et les célèbres radars lasers LiDAR qui sont l’ingrédient incontournable de toute voiture autonome. Selon les véhicules de développement présents au CES, ces LiDARS sont plus ou moins visibles, entre les modèles à scanner rotatif perché sur le toit — les plus chers, mais aussi les plus fragiles — et les technologies de LiDAR fixe, plus petits et faciles à intégrer dans une carrosserie, chacun son style.

Mais tous ces démonstrateurs, qu’ils se nomment Aptiv, Continental, Valeo, Torc, Renesas ou autres Navya, se lancent sur des circuits concentrant des pièges types ou sur route ouverte pour démontrer les bienfaits de leur solution. Pour les journalistes que nous sommes, mais aussi pour les constructeurs qui font là leur marché pour les prochaines générations de véhicules, qui seront, du moins en partie, autonomes pour celles que vous aurez dans les mains, voire complètement autonomes dans des applications de type « premier/dernier kilomètres », comme une navette urbaine (le français Navya en fait un test grandeur nature dans les rues de Las Vegas, en dehors du salon) ou un service de VTC. Lyft en faisait une démonstration que nous avons essayée. Et Uber rappelait sa présence au travers d’accords avec NVIDIA (calculateur de ses voitures autonomes) ou avec Toyota avec qui il testera la mini-navette e-Palette probablement dès les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Un engin versatile, capable aussi de se transformer pour devenir pop-up store ou minivan de livraisons.

La bataille NVIDIA vs Intel

Les deux géants NVIDIA et Intel se partagent le marché des supercalculateurs capables de gérer l’immense quantité d’informations générées par une voiture autonome (4 To/jour d’après Intel). Un gâteau dont Samsung, voire Qualcomm aimeraient bien aussi leur part, d’autant que l’automatisation de la conduite est le marché connaissant la plus forte croissance dans le domaine de l’automobile.

Pour gérer tout cela, certaines start-ups se révèlent, encore inconnues il y a peu, comme Aurora qui vient de signer des partenariats avec Volkswagen et Hyundai. Son expertise en matière de conduite autonome lui permettra de gérer au mieux l’intelligence artificielle indispensable à ces prestations. Ses créateurs ont des références imbattables : Tesla, Google, Uber…

Autant que les calculateurs, le traitement des images est crucial ici. Par exemple, ce n’est pas sans raison qu’Intel a mis 15 milliards de dollars sur la table pour acheter MobilEye, grand spécialiste de ce domaine. C’est l’intelligence de son traitement de l’agglomération de données qui fait toute sa valeur. Voilà qui souligne la puissance du software ici face au hardware.

Il en est de même pour ce qui concerne les batteries des voitures électriques. De nombreuses pistes d’évolutions techniques des batteries se dessinent certes, notamment les cellules « solid state » (évoquées entre autres chez Fisker, voir ci-dessous), mais ce que toute l’industrie jalouse chez Tesla, c’est sa maîtrise unique du BMS (système de management des batteries) qui est la clé d’une autonomie, d’une recharge et d’une durée de vie optimisées. Enfin, le CES est l’occasion de voir des tests de 5G avec des débits de 2 Go/s, comme c’est le cas chez Samsung. De quoi assurer une communication fluide entre, à terme, des millions de véhicules autonomes circulant sur nos routes, les autres usagers et les infrastructures…

Des modèles sous les feux de la rampe

Outre la Byton concept, le CES fut aussi le lieu où ont été dévoilées des nouveautés comme la Rinspeed Snap, un concept modulaire électrique et autonome qui sépare la plateforme motrice de la cellule cabine, au choix dédiée au transport de personnes, pour des livraisons ou divers usages. Le designer Henrik Fisker évoque aussi un projet de petite navette dédiée au transport autonome de personnes en collaboration avec le groupe chinois HUG.

Dans un genre plus musclé, mais toujours avec des fonctions autonomes, il dévoile sous les projecteurs du CES sa nouvelle Fisker Emotion, une limousine électrique de 5 mètres de longueur aux allures de supercar avec ses roues géantes de 24 pouces et ses portes qui s’ouvrent de manière très spectaculaire. Ce monstre capable de rouler à 250 km/h selon son créateur peut aussi très bien vous emmener en conduite autonome. Il promet plus de 600 km d’autonomie dans un premier temps avec des batteries classiques de chez LG Chem, un chiffre appelé à être battu lorsque ses batteries à électrolyte solide brevetées prendront place à bord, si tout cela se confirme. On a appris à être prudents avec les promesses et technologiques et industrielles des start-ups électriques – Faraday Future paradait ici l’an passé et aujourd’hui, rien ne dit que la société tiendra bien longtemps.

Enfin, soulignons un grand absent : le géant General Motors a préféré réserver au classique salon de Detroit, où il joue à domicile une semaine plus tard, la révélation d’un prototype sans volant ni pédales dérivé de sa petite Bolt électrique (Opel Ampera-e en Europe).


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