Test de l’Opel Ampera-e, l’anti-Tesla Model 3

 

Opel lance son Ampera-e, une voiture pensée 100% électrique, compacte et habitable, et surtout, affichant une autonomie théorique de plus de 500 km. Disponible bien plus tôt, visant un tarif assez proche, elle pourrait offrir une vraie alternative à la Tesla Model 3. Nous l’avons essayée sur les routes de Norvège, pays pionnier de la voiture électrique.

Opel Ampera-e

Quel est le concept ?

Dans le monde des voitures électriques, l’autonomie est le nerf de la guerre. Opel l’a parfaitement compris et, en attendant la Tesla Model 3, l’Ampera-e est la voiture 100% électrique qui présente la plus grande autonomie après les « grosses Tesla » Model S et Model X, vendues le double de son prix.

Avec une autonomie théorique de 520 km selon la norme NEDC (New European Driving Cycle) ou, de manière plus réaliste, estimée à 380 km avec le nouveau mode de calcul WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedures), l’Opel offre un excellent rayon d’action. Pour référence, la Tesla Model 3 standard est donnée pour 355 km selon la norme américaine EPA, proche du WLTP (500 km en version Long Range).

Et l’Opel Ampera-e – ou Chevrolet Bolt aux USA, son pays de naissance et de fabrication – devrait offrir cela pour moins de 40 000 euros, à sa commercialisation attendue pour la fin de l’année en France.

Opel Ampera-e

Sur la forme, il s’agit d’un monospace compact au gabarit idéal de 4,16 m de long, soit juste 8 cm de plus qu’une Zoe, offrant une grande aisance en ville mais ménageant suffisamment d’espace intérieur pour une petite famille, accueillant 4 adultes et offrant un vrai grand coffre de 381 litres. Un peu comme la Mercedes Classe B électrique, motorisée par Tesla, qui vient de sortir du catalogue. Mais alors que la mode des SUV a balayé les monospaces et leur carrosseries monovolume offrant une habitabilité maximum, Opel réussit un joli dessin moderne pour son électrique, tout juste futuriste sans tomber dans l’originalité à tout prix. Une affaire de goût et un parti-pris très différent de la berline plus classique qu’est la Model 3.

Motorisationélectrique
Puissance/couple204 ch/360 Nm
Conso. mixte14,5 kWh/100 km
Émissions de CO20 g/km
Vitesse maxi150 km/h (limitée)
0 à 100 km/h7,3 s
Poids à vide1 691 kg
Coffre381/1 274 L
Dimensions4,17 x 1,86 x 1,60 m
Tarifenviron 39 500 € (estimation pour la fin 2017, hors subventions)
Tesla Model 3

Quelles batteries l’alimentent ?

Sous la cellule habitable se cache un tapis de batteries XXL de chez LG Chem, garanties 8 ans ou 160 000 km. Plus précisément, il s’agit de 288 cellules lithium-ion réparties en 96 groupes, permettant une capacité totale très généreuse de 60 kWh. Un refroidissement liquide permet une gestion active de la température de cet ensemble pesant 430 kilos alors que la voiture affiche 1691 kg au total sur la balance.

En charge rapide, il suffit d’une demi-heure pour regagner 150 km d’autonomie, un chiffre satisfaisant en soi mais en net retrait par rapport à un Supercharger capable de redonner 210 km dans le même temps à la Model 3 standard, dont la capacité totale des batteries n’a pas encore été révélée.

Quelle connectivité est proposée ?

Le système Opel OnStar se charge de la connexion de l’auto avec différents services (conciergerie, appel d’urgence en cas d’accident…) et elle intègre un hotspot Wi-Fi.

La navigation est en revanche assurée uniquement depuis son smartphone, raccordé au système IntelliLink-e via Android Auto ou Apple CarPlay.

Sous les yeux du conducteur, une instrumentation entièrement numérique de 8 pouces se charge de vous informer des éléments de conduite, avec des menus parfois inutilement compliqués. Le très réactif écran central tactile de 10,2 pouces, cœur de l’info-divertissement de l’auto, est compatible Android Auto et Apple Carplay. 4 ports USB sont à disposition pour mettre en relation son smartphone et le système ou bien juste pour recharger. Un chargeur à induction est également présent à bord.

L’appli MyOpel App a été revue pour les caractéristiques de la conduite électrique, proposant de montrer à distance le niveau de charge et l’autonomie, l’ouverture ou la fermeture de l’auto, la navigation et les stations de charge.

Quelles fonctions d’aides à la conduite à bord ?

Déception sur ce tableau : l’auto ne reçoit pas de régulateur de vitesse adaptatif ! Adieu, conduite semi-autonome dans les bouchons ou sur autoroute à vitesse normale… C’est d’autant plus dommage que l’Ampera-e est plutôt bien équipée par ailleurs dans ce domaine. Elle aide à se garer automatiquement et prévient si une voiture vient en sortant d’un créneau aveugle, surveille l’angle mort, lit les panneaux, repère véhicules et piétons et freine d’elle-même devant eux en cas d’urgence. Et de manière préventive, pour prévenir en douceur les piétons de l’arrivée de l’auto, un signal sonore a été développé en collaboration avec une association de personnes aveugles.

Quelles sensations au volant ?

D’abord, on remarque en montant à bord l’étonnant espace disponible pour une si petite voiture. Merci à l’optimisation du volume des monospaces. La répartition des batteries sous le plancher le rehausse, ce qui donne une position de conduite un peu moins confortable avec les pieds plus en hauteur et une garde au toit limitée aux places arrière : les plus de 1,75 m devraient toucher le pavillon de toit. Heureusement, ils disposent d’un espace aux jambes impressionnant, digne d’une limousine, et d’un plancher parfaitement plat. La qualité de fabrication est de bon niveau mais les choix des plastiques durs et pas toujours flatteurs relèvent d’un univers plutôt de moyenne gamme.

Sous le petit capot, c’est un moteur de 150 kW (204 chevaux tout de même) qui officie, fort de ses 360 Nm de couple, soit ce que l’on trouve dans un bon diesel milieu de gamme. On ne peut pas comparer cette puissance avec celle de la Tesla Model 3 puisqu’elle n’est pas divulguée. Mais question performances, clairement, l’Opel est en retrait avec ses 7,3 s de 0 à 100 km/h (5,6 s pour la Model 3). Pareil en vitesse de pointe, limitée volontairement à 150 km/h pour l’Opel alors que la Tesla affiche 210 km/h en version standard.

Cela ne veut pas dire pour autant que l’Ampera-e est lymphatique, loin s’en faut ! À moins de vouloir absolument battre son voisin à chaque démarrage au feu (+ rendre les enfants malades et réduire drastiquement son autonomie) on se contentera largement des performances que propose l’Opel. Au volant, elle offre des relances très dynamiques et elle se montre tout à fait à l’aise dans toutes les situations de trafic et c’est, au quotidien, ce qui compte. Ce qui rend la conduite appréciable et, qui plus est, est unique aux électriques, c’est la capacité de l’auto à régénérer l’énergie au freinage. C’est non seulement efficace pour la conso, mais c’est aussi très agréable de conduire du seul pied droit dans la plupart des cas, jusqu’à l’arrêt complet (où la voiture n’avance pas d’elle-même, ce qui est appréciable). La puissance de régénération est modulable ici au moyen de la commande de boîte automatique (position Drive ou Low) et d’une gâchette située derrière le volant et qui donne un surcroît de frein moteur appréciable. Un ensemble très agréable à l’usage, dans un silence et un confort très satisfaisants.

Prix et disponibilité

Le tarif de la très attendue Tesla Model 3 vient d’être annoncé aux USA : à partir de 35 000 $, soit environ 29 500 € en conversion directe, mais ce sera très vraisemblablement plus, sachant que la Model S 75 de base est vendue 69 500 $ aux USA, soit 58 500 € en conversion directe, mais elle affiche chez nous un tarif de… 74 000 €. En appliquant la même différence inter-continent d’environ 27 %, cela donnerait une Model 3 autour des 37 500 €, soit 2 000 de moins que l’Opel. En version long range : à partir de 44 000 $, soit environ 37 000 € en conversion directe et 47 000 € une fois corrigé.

Tout cela n’est que très théorique mais une chose est à retenir : à environ 39 500 €, l’Opel sera très probablement assez proche au niveau prix face à la Tesla. Mais la Model 3 aura à faire valoir un design de berline plus valorisant, une qualité de fabrication très probablement plus flatteuse, des performances supérieures et une image sans commune mesure.

Mais avec son excellent compromis agrément-autonomie-habitabilité-maniabilité, l’Opel Ampera-e confirme son statut de concurrente la plus dangereuse de la très attendue vedette américaine. Autre avantage, la disponibilité. Alors que les premiers exemplaires européens de la Model 3 ne sont pas attendus avant 2018 en version Standard Range (355 km) et plus tard encore en Long Range, Opel devrait commencer les livraisons en France d’ici la fin de cette année si tout va bien.

Cela dépendra, entre autres facteurs, du succès de la voiture en Norvège, LE marché électrique en Europe, auquel la marque donne la priorité. Les très fortes incitations fiscales locales (pas de TVA, péages et parkings gratuits, autorisation d’usage des voies de bus…) font tout pour motiver les acheteurs et tenter d’atteindre l’objectif très ambitieux de 70 % d’EVs dès 2020, et 100 % de véhicules zéro émissions en 2025. Aujourd’hui, 150 000 électriques et hybrides rechargeables roulent déjà dans le pays et elles représentent une part de marché d’environ 35 %, alors que la moyenne européenne est de seulement 1,4 %. Il y a encore du chemin à faire…

Verdict

 

Note finale du test
8 /10
Très agréable à conduire, vive, particulièrement habitable et en même temps, très compacte : voilà une auto très bien adaptée à notre marché, d’autant qu’elle affiche une autonomie enfin rassurante. Dommage que son tarif soit encore un peu gourmand, heureusement adouci par les aides d’État. Reste à lui pardonner ses défauts de jeunesse, dont la très étonnante absence de régulateur de vitesse adaptatif, le B.A.-BA des aides à la conduite appréciables dans le trafic quotidien.

Points positifs
Opel Ampera-e

  • Excellente autonomie

  • Plaisir de conduite

  • Maniabilité

  • Grande habitabilité

Points négatifs
Opel Ampera-e

  • Prix conséquent

  • Où est le régulateur adaptatif ?

  • Pas de navigation intégrée

  • Qualité des matériaux