Booster la RAM de votre PC Linux sans rien dépenser : voici l’astuce zRAM

 
Saviez-vous qu’Android utilise une astuce appelée « mémoire virtuelle » pour gonfler ses fiches techniques ? Sur Linux, ça s’appelle zRAM, et c’est bien plus qu’un argument marketing. En compressant les données directement dans la mémoire vive, vous évitez d’écrire sur votre disque dur et boostez les performances.

Vous avez franchi le pas. Windows 10 arrive en fin de vie, votre PC commençait à souffler, et vous avez décidé d’installer Linux pour lui offrir une seconde jeunesse. Excellente décision. D’ailleurs, si vous hésitez encore, allez voir mon tutoriel complet pour installer Linux sans douleur.

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Mais voilà : même sous Linux, si votre machine a quelques années au compteur avec 4 ou 8 Go de RAM, ça peut coincer. Vous lancez un navigateur, deux ou trois onglets lourds, et soudain, tout ralentit. La souris saccade, le disque gratte.

Le réflexe habituel ? Acheter de la RAM. C’est devenu trop cher à cause des pénuries. La solution intelligente ? Utiliser zRAM.

C’est une technologie géniale, totalement gratuite, souvent ignorée des débutants, qui va transformer le comportement de votre vieux PC.

Le problème : quand le disque dur devient un boulet

Pour comprendre, il faut regarder comment votre ordinateur gère sa mémoire. Quand votre mémoire RAM est pleine, le système doit faire de la place. Par défaut, il déplace les données les moins utilisées vers votre disque de stockage (disque dur ou SSD). C’est ce qu’on appelle le SWAP (ou fichier d’échange).

Le problème ? C’est lent. Terriblement lent. Même un excellent SSD est des milliers de fois moins rapide que votre barrette de mémoire vive. Dès que votre PC « swappe », vous le sentez : l’interface se fige, les logiciels ne répondent plus. C’est le goulot d’étranglement classique des PC vieillissants récupérés de l’ère Windows 10.

La solution : compresser plutôt que déplacer

C’est là que zRAM entre en scène.

Au lieu d’envoyer les données excédentaires vers le disque lent, votre processeur va les compresser et les garder… dans la RAM.

Prenons une valise…

  • La méthode classique (SWAP) : la valise est pleine, vous sortez des vêtements pour les mettre dans le coffre de la voiture (le disque dur). C’est long d’aller les chercher quand vous en avez besoin.
  • La méthode zRAM : vous utilisez un sac sous vide pour compresser vos vêtements. Ils prennent deux fois moins de place, et ils restent dans la valise (la RAM). Ils sont disponibles immédiatement.

Sur Android, vous avez peut-être vu des options « RAM Virtuelle » ou « RAM étendue ». C’est souvent du marketing qui utilise le stockage lent. Mais sous Linux, zRAM utilise la vraie mémoire vive. C’est infiniment plus efficace.

Pourquoi vous devez l’activer, surtout sur un vieux PC

  1. Réactivité immédiate : la lecture/écriture en RAM compressée est ultra-rapide. Fini les micro-gels quand vous changez d’application.
  2. Protection de votre SSD : les vieux disques n’aiment pas les écritures intensives. En évitant d’écrire le SWAP sur le disque, zRAM prolonge la durée de vie de votre stockage.
  3. C’est gratuit : pas besoin d’ouvrir le PC ni d’acheter des barrettes.

La seule contrepartie ? Le processeur doit travailler un peu pour compresser/décompresser. Mais sur n’importe quel CPU (même un vieux Core i3 ou i5 d’il y a 10 ans), c’est imperceptible face au gain de performance.

Comment activer zRAM

Si vous êtes passé sur une distribution moderne comme Fedora, bonne nouvelle : c’est déjà activé par défaut. Ne touchez à rien.

Si vous êtes sur Ubuntu, Linux Mint, Debian ou une dérivée (ce qui est probable si vous venez de Windows), ce n’est pas activé d’origine. Voici comment faire en 2 minutes.

Ouvrez votre terminal et tapez simplement cette commande pour installer l’outil :

sudo apt install zram-tools

C’est tout. L’installation lance le service automatiquement. Vous pouvez vérifier que ça fonctionne avec cette commande :

zramctl

Si le terminal vous répond une ligne contenant « /dev/zram0 », félicitations : votre PC compresse désormais sa mémoire.

Par défaut, l’outil est bien réglé. Mais si vous voulez allouer plus d’espace à zRAM, vous pouvez modifier le fichier de configuration avec cette commande :

sudo nano /etc/default/zramswap

Cherchez la ligne « PERCENTAGE » (enlevez le # devant si nécessaire) et mettez par exemple la valeur 60 pour utiliser 60% de votre RAM :

PERCENTAGE=60

Sauvegardez avec les touches « Ctrl + O » puis Entrée, et quittez avec « Ctrl + X ». Redémarrez le PC pour être sûr, et profitez de la vitesse.

Et sur Windows ?

La réponse courte est : OUI. Et ironiquement, vous l’avez probablement déjà utilisée sans le savoir sur Windows 10 et 11.

Microsoft a intégré une technologie très similaire directement dans le noyau de Windows, mais elle fonctionne de manière beaucoup plus « boîte noire » (vous ne pouvez pas vraiment la régler) que sur Linux. Ça s’appelle tout simplement « Compression de la mémoire » (Memory Compression).

C’est apparu discrètement avec Windows 10. Avant cela (Windows 7/8), quand la RAM était pleine, le système écrivait directement sur le disque dur dans un fichier appelé pagefile.sys. C’est ça qui faisait « gratter » le disque et figer le PC.

Comment le vérifier ?

C’est très facile à voir. Sur n’importe quel PC Windows 10 ou 11 :

  1. Faites Ctrl + Maj + Échap pour ouvrir le Gestionnaire des tâches.
  2. Allez dans l’onglet Performance, puis Mémoire.
  3. Regardez sous le graphique principal. Vous verrez une ligne :
    • « Utilisée (compressée) » ou « In use (Compressed) »

Si vous voyez par exemple « 4,2 Go (300 Mo compressés) », cela signifie que Windows a compressé des données qui auraient dû prendre beaucoup plus de place, pour les faire tenir dans 300 Mo.

Et macOS ?

Et Apple ? Apple a été le premier à rendre cette technologie indispensable et transparente pour le grand public.

Si vous avez déjà entendu des utilisateurs de Mac dire : « J’ai seulement 8 Go de RAM sur mon MacBook Air M1, mais j’ai l’impression d’en avoir 16 », c’est en grande partie grâce à leur gestion de la compression.

Apple a introduit la « Compressed Memory » dès OS X Mavericks (10.9), sorti en 2013. C’était bien avant que Windows 10 ne s’y mette sérieusement et avant que zRAM ne devienne populaire sur les distributions Linux grand public.

Sur macOS, ce n’est pas une option. C’est le cœur du système. Le noyau (kernel XNU) surveille en permanence l’activité. Dès qu’une application (disons, Safari) n’est plus activement utilisée, macOS ne se contente pas de la laisser là : il la compresse instantanément pour libérer de la place pour Photoshop ou Final Cut.


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