Applications web : va-t-on vers un futur sans apps natives ?

 

Les apps telles qu’on les connaît auraient-elles fait leur temps ? Entre les web apps « progressives » à la mode ces temps-ci et les assistant vocaux qui s’interfacent aux services en ligne, le modèle de l’application native se voit remis en question.


Il n’y a pas d’application pour ça

Sony vient de lancer un nouveau service, My Playstation, qui permet de gérer son compte PSN (mais pas de changer son nom, hein) depuis une interface web « responsive ». Une interface web, mais pas une application. Prise de manière isolée, cette actualité est plutôt anodine. Mais replaçons-la dans un contexte peut-être révélateur. Il y a quelques jours, Twitter annonçait la fin de son application pour Mac, dernier vestige du rachat de Tweetie (paix à son âme) en 2010. Le réseau social justifie cet arrêt par la volonté de proposer une expérience cohérente entre les différentes plateformes. OK, mais Twitter pourrait alors faire évoluer cette application pour plus de cohérence.

Sauf que l’intérêt semble limité, et à vrai dire, on ne serait pas étonné que l’application Windows 10 soit la prochaine à sauter. Fer de lance du modèle UWP (Universal Windows Platform), l’app Twitter était conçue pour gérer tous les usages de Windows 10 (PC, tablette et smartphone). Or, ce fleuron n’a pas bougé depuis des mois : c’est dire, l’app ne gère toujours pas les tweets de 280 caractères !

Entre temps, la notion d’app Windows universelle a pris du sérieux plomb dans l’aile. Microsoft avait ouvert la boite de Pandore en permettant de transformer une app Windows « classique » et de la proposer sur le Windows Store. C’est le choix qu’a fait Spotify, qui n’a plus rien à faire de maintenir une app « universelle » de toute façon.  Microsoft se tourne désormais vers un nouvel acronyme pour assurer ses arrières et accueille à bras ouverts les PWA.

Des apps universelles aux web apps progressives

Ces lettres signifient Progressive Web Apps. L’idée d’une application web progressive est simple : c’est une web app pensée pour le mobile, et conçue pour proposer une expérience proche d’une application native (utilisation hors ligne et plein écran, accès depuis l’écran d’accueil), avec un focus sur la légèreté.

Microsoft va adopter ces apps web modernes sur le Windows Store. Sur Android, les PWA sont déjà gérées par Google Chrome, qui détecte automatiquement leur utilisation en vous invitant à l’ajouter à l’écran d’accueil. Et qui trouve-t-on au premier rang des PWA ? Twitter, justement, et son site mobile Twitter Lite. Utilisé côte à côte avec l’application native pour Android, un non-initié aurait sans doute beaucoup de mal à distinguer les deux, et hormis quelques fonctionnalités manquantes (Periscope, l’édition d’images…), l’intérêt de garder l’app native sur son téléphone paraît même limité. Et c’est sans doute là que se trouve la clé de l’abandon progressif (sans jeu de mots) de ses clients « natifs » les moins stratégiques : pourquoi continuer à développer une application, quand une app web moderne fait le job ?

Certes, le concept de l’app web qui remplace le natif n’a rien de nouveau. Avant même l’ouverture de son App Store, Apple mettait en avant la possibilité de créer des apps web pour l’iPhone, accessibles depuis l’écran d’accueil. C’était aussi la promesse du Chrome Web Store, et plusieurs services à la mode, comme Slack, proposent ni plus ni moins que des apps web encapsulées en guise de client pour Mac ou Windows. Les Progressive Web Apps ne sont que l’évolution de cette idée.

Les apps deviennent des actions

La diversification des terminaux entraîne elle aussi des changements de modèles, de plus en plus basés sur l’intégration de services web. Les assistants vocaux comme Amazon Echo ou Google Assistant se connectent à ces services via des modules (« intents » chez Amazon, « Actions » chez Google), un modèle proche de ce qu’on voit fleurir sur les messageries instantanées depuis quelques années. L’interface n’est plus l’app du service, mais la conversation avec l’assistant.

Les applications natives, bien entendu, ne disparaîtront ni aujourd’hui, ni après demain. Cependant, elles pourraient se spécialiser à l’avenir sur les tâches les plus lourdes, là où les applications web modernes seraient sans doute pertinentes dans un grand nombre de cas.


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