Une semaine avec le Google Pixel 10 Pro Fold : je redécouvre l’expérience pliante

 
Notre test du Google Pixel 10 Pro Fold a débuté. À près de 1900 euros, il s’agit du smartphone le plus cher commercialisé par Google. Une vitrine technologique qui met surtout à l’honneur l’IA du géant, mais pas vraiment ses capacités à proposer un smartphone pliant à la pointe.
Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Plus d’un mois après son annonce, le Google Pixel 10 Pro Fold s’apprête à sortir dans toutes les bonnes boutiques de smartphones.

Nous avons reçu le smartphone il y a quelques jours à la rédaction pour commencer notre test. En attendant un avis plus complet, voici nos premières conclusions après quelques jours d’utilisation.

Un design pas totalement 2025

Comme le nom « Fold » l’indique désormais dans le monde des smartphones, ce Google Pixel 10 Pro Fold est un smartphone pliant comme un livre. Il se déploie pour prendre la taille d’une petite tablette entre vos mains.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Ce qui peut choquer, en premier lieu, avec le Pixel 10 Pro Fold, c’est son design quelque peu anachronique fin 2025. Avec 10,8 mm d’épaisseur replié, et 5,2 mm déplié, il ne fait pas figure de smartphone svelte en comparaison des Samsung Galaxy Z Fold 7 (4,2 mm) et Honor Magic V5 (4,1 mm).

Est-ce que l’on est en train de chipoter pour une différence d’épaisseur de 1 mm ? On parle d’un smartphone qui débute à près de 1900 euros, ce qui nous impose un niveau maximal d’exigence.

En comparaison face à face, la différence est visible, mais une fois en main, on s’en accommode assez facilement.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Autre élément quelque peu anachronique, les bordures autour de l’écran. Que ce soit pour l’écran externe ou l’écran interne, on garde une double découpe avec tout d’abord une bordure noire assez épaisse tout autour de l’écran, puis la bordure du châssis lui-même.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Ce qui nous donne le sentiment d’un design daté, c’est aussi la marque très apparente de la pliure au milieu de l’écran interne. On la voit et surtout elle se sent sous le doigt, une véritable crevasse. Les autres marques font désormais bien mieux en matière d’intégration de l’écran.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Parmi les éléments qui peuvent relever du détail, le Pixel 10 Pro Fold intègre deux haut-parleurs, l’un au niveau du port USB-C, l’autre au niveau du lecteur de carte SIM, sur lesquels j’ai parfois naturellement posé les mains, notamment en tournant le téléphone. On entend immédiatement le son être « bouché » par notre doigt, et on s’oblige à se repositionner, ce qui est jamais idéal.

Venant d’un iPhone, j’ai également été quelque peu dérouté par le placement des boutons d’allumage et de réglage du volume. Ils sont tous rangés sur la droite de l’écran et sont d’une taille assez proche. Sous le doigt, dans l’obscurité, j’ai tendance à facilement les confondre.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Ces éléments mentionnés, et malgré le côté peut être assez froids des paragraphes précédents, on apprécie plutôt le design de ce smartphone pliant une fois manipulé pendant plusieurs jours.

Le caractère premium du produit ne fait aucun doute, grâce à un mélange parfaitement maitrisé de verre et de métal pour composer le châssis. La certification IP68, une première pour un produit de ce type, finis de nous rassurer sur sa résistance face aux poussières et l’eau.

Double dalle Oled

Google reprend la même recette que Samsung et propose deux écrans sur son smartphone. Un écran externe au format vertical, et un écran pliant interne avec un format plus carré.

L’écran externe utilise une dalle Oled de 6,4 pouces avec une définition de 2364 x 1080 pixels protégés par du Gorilla Glass Victus 2 et avec un taux de rafraichissement variable de 60 à 120 Hz.

Sur cet écran, nous avons relevé une luminosité maximale de 2497 nits en HDR, contre 1974 nits en SDR. La calibration des couleurs est très bonne en SDR avec un deltaE de 3,04, autrement dit une différence imperceptible à l’oeil. En HDR, le deltaE est de 6,3 pour une couverture colorimétrique à 69% du spectre DCI-P3.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Nous avons réalisé nos mesures avec le logiciel Calman Ultimate, une sonde colorimétrique et le smartphone avec ses réglages par défaut, et l’écran en mode couleurs adaptatives.

Pour l’écran interne pliant, on a le droit à une dalle Oled de 8 pouces avec une définition 2076 x 2152 pixels pour un rafraichissement de 1 à 120 Hz.

Ici, le DeltaE mesuré est de 3,25 en SDR et 6,79 en HDR, pour une luminosité maximale respective de 1860 nits en SDR et 2936 nits en HDR. La couverture colorimétrique est de 77 % sur le DCI-P3 et 115% du spectre sRGB.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Que faut-il conclure de tout cela ? Le Google Pixel 10 Pro Fold intègre deux excellents écrans, à la hauteur de ce que proposent les meilleurs smartphones en 2025. On retrouve le même niveau de résultats dans nos tests du Galaxy Z Fold 7, son rival chez Samsung.

Les écrans ne sont clairement pas sans défaut, on aimerait une meilleure fidélité colorimétrique, mais c’est surtout parce que l’on prend en compte le prix particulièrement élevé du produit dans nos exigences. Au quotidien, ce sont d’excellentes dalles sur lequel on consultera sans problème des vidéos, des séries, des films ou des jeux.

Google booste Android à l’IA

Comme les autres Google Pixel 10, le Pixel 10 Pro Fold tourne sous Android 16 avec l’interface Pixel Experience.

On a notamment le droit à la nouvelle interface Material 3 Expressive franchement très réussie qui modernise bien la navigation dans Android. D’autant que cette refonte visuelle concerne également les applications de Google comme les contacts, les appels, l’horloge, l’appareil photo ou encore Wallet et le gestionnaire de fichiers.

Derrière, Google concentre toutes les nouveautés sur l’IA. Personne n’est surpris et nous l’avons largement décrit dans nos tests des Pixel 10 et Pixel 10 Pro.

Comme souvent avec l’IA, on oscille entre les bonnes idées et les réalisations très bancales. Sur le papier, Pixel Coach fait partie de la première catégorie en vous assistant pas à pas dans la prise d’une photo.

Dans les faits, les instructions proposées étaient vraiment basiques, et la manipulation de l’interface pour évoluer dans les étapes particulièrement bancale. On aurait aimé que l’IA nous guide réellement à chaque étape pour réaliser la photo parfaite. À la place, c’est à l’utilisateur de suivre les instructions et se demander si chaque action a été bien réalisée ou non.

Le point fort des Pixel, ça reste la longévité promise par Google : 7 ans de mises à jour de sécurité et de fonctionnalités. Google fait donc mieux qu’Apple, ténor du sujet, qui se refuse toujours à écrire dans le marbre une promesse pour ses iPhone.

Google n’a pas percé l’énigme du pliant

Notre smartphone du jour a la particularité d’être un pliant, et nous avons donc voulu nous attarder sur les particularités logicielles mises en place pour s’adapter à ce format hybride.

Malheureusement, on reste toujours sur notre faim. Avec son format carré, l’écran pliant du Pixel 10 Pro Fold n’offre pas un confort particulièrement intéressant pour le contenu vidéo, dont on pourrait attendre un gain significatif grâce à l’agrandissement de l’écran.

L’écran carré crée des barres noires sur les vidéos 16/9 // Source : capture Frandroid

Comme sur les autres smartphones pliants, il faut donc aller plutôt chercher des gains dans la productivité. Notamment la capacité à afficher côte à côte deux applications à l’écran.

Impossible de simplement glisser, déposer une application sur l’un des côtés de l’écran, il faut obligatoirement passer par des sous menus pour activer le mode « écran partagé » et ensuite choisir sa seconde application. Une fois cette sélection faite, difficile de revenir en arrière, en fait il est plus simple de créer une nouvelle sélection partagée de deux applications, depuis le multitâche.

Tout cela manque grandement d’ergonomie et de dynamisme. On est loin de pouvoir jouer avec ses fenêtres comme on pourrait le faire sur un PC.

Le passage du mode plié au mode déplié force l’application à recharger complètement sa fenêtre, et donc avec un petit temps de chargement à la clé pour l’utilisateur. En sens inverse, le smartphone se verrouille et vous fait donc repasser par l’écran de verrouillage. Ce sont de petites frictions qui empêchent de vraiment débloquer le plein potentiel d’un smartphone hybride de ce type.

Autre point d’accroche dans notre expérience avec ce smartphone pliant : le manque d’application adaptée à son format carré. Le premier Galaxy Fold de Samsung a été lancé en 2019, il y a plus de 6 ans. On serait en droit d’attendre d’application aussi populaire que Slack ou Twitter d’être adaptés au format de l’écran interne.

Au lieu de cela, on a le droit à une application Twitter qui affiche moins d’informations sur l’écran interne que sur l’écran externe (un comble) et une application Slack qui ne propose aucun menu sur le côté, alors que son interface PC serait pourtant parfaitement adaptée.

Le clavier Gboard affiche deux fois la lettre V // Source : capture Frandroid

Dernière chose, une étrangeté de la part de Google. Par défaut le clavier du smartphone Gboard, propose un clavier coupé en deux. C’est pratique sur un écran aussi large pour taper un texte avec les pouces sans perdre en préhension. Seulement, Google a fait le choix étrange de placer deux fois la lettre V sur son clavier. C’est la seule présente en double.

Le même appareil photo polyvalent

Le Google Pixel 10 Pro Fold intrègre un module avec trois appareils photo au dos du téléphone.

  • Appareil Photo grand-angle : capteur 1/2″, 48 mégapixels et objectif f/1,70
  • Appareil photo ultra grand-angle : capteur 1/3,4″, 10,5 mégapixels et objectif f/2,2
  • Appareil photo téléobjectif : capteur 1/3,2″, 10,8 mégapixels et objectif f/3,1

Il reprend dans les grandes lignes les caractéristiques du bloc photo du Google Pixel 9 Pro.

On garde la qualité que l’on connait bien sur les smartphones Google Pixel. En plein jour, le grand angle s’en sort très bien, et les différents modes sont très pratiques à utiliser.

Les différents capteurs au dos du Pixel 10 Pro Fold proposent un rendu équilibré au niveau de la colorimétrie. On ne change pas du tout au tout en passant d’un capteur à un autre.

Évidemment, le Pixel 10 Pro Fold ne fait pas aussi bien que les ténors du secteur comme le Galaxy S25 Ultra, mais c’est le lot des smartphones pliants. Ils font toujours des compromis sur la qualité de l’appareil photo.

De nuit, le Google Pixel 10 Pro Fold s’en sort plutôt bien dans les premières photos que nous avons pu prendre. On ne constate pas d’effets de lens flare trop prononcé.

Malgré sa faible définition, le téléobjectif s’en sort plutôt bien en basse lumière et permet quand même de produire des clichés avec un bon piqué.

La réduction du bruit est également très efficace, et ne sacrifie pas les détails de la photo.

Et quelques selfies

En façade, Google propose deux fois le même appareil photo, que ce soit pour l’écran interne ou l’écran externe. Dans les deux cas, c’est un appareil photo 10 mégapixels avec une ouverture de f/2,2.

Les résultats sont identiques dans nos différents tests.

Disons-le, ce sont des appareils que l’on utilisera principalement pour des réunions en visio, mais pas vraiment pour capturer de nos plus beaux souvenirs.

Le résultat est honorable, mais on garde une préférence évidente pour l’appareil photo principal du smartphone. C’est l’un des avantages des smartphones pliants. Grâce à l’écran externe, il est possible de prendre des selfies avec le module photo principal bien plus performant.

Performances : le Tensor G5, toujours là

Le Google Pixel 10 Pro Fold est équipé du SoC Google Tensor G5 épaulé par 16 Go de RAM et 256 Go de stockage. C’est la même configuration que le Google Pixel 10 Pro et c’est ce qui permet à la firme d’assurer les 7 ans de mises à jour, en maitrisant tout le socle technique du téléphone.

Ce SoC est en sérieux retrait face aux puces d’Apple et de Qualcomm que l’on trouve dans les autres smartphones du marché.

Le Google Pixel 10 Pro Fold // Source : Chloé Pertuis

Pour autant, et comme tous les smartphones ces dernières années, le Google Pixel 10 Pro Fold reste parfaitement fluide à tout instant. Je n’ai noté aucune baisse de performance dans mon usage quotidien. Le téléphone montre aussi des bons résultats sur les jeux comme Genshin Impact.

Le Pixel 10 Pro Fold ne gagnera aucun concours de puissance de calcul, et il se peut que ce déficit lui joue des tours dans plusieurs années si de nouveaux usages plus gourmands se généralisent sur nos smartphones.

Rien de catastrophique, mais ce n’est clairement pas un critère où le Google Pixel 10 Pro Fold va briller.

Réseaux et communication

Comme smartphone haut de gamme, le Pixel 10 Fold propose le dernier cri en matière de connectivité : 5G, Wi-Fi 7, réseau Thread et même Bluetooth 6, la nouveauté cette année.

En bref, le smartphone sera compatible avec tous les réseaux et tous les accessoires pour les années à venir.

En matière de géolocalisation, Google met aussi les petits plats dans les grands : GPS GNSS double bande, GLONASS, Galileo, Beidou, QZSS, NavIC. Là aussi, c’est l’assurance de pouvoir capter un signal à peu près partout dans le monde.

Prix et date de sortie

Le Google Pixel 10 Pro Fold est disponible à partir du 9 octobre au prix de 1899 euros pour la version avec 256 Go de stockage et 16 Go de RAM.

Google propose aussi une configuration 512 Go pour 2029 euros et 1 To pour 2289 euros.

Une expérience en demi-teinte

Nous avons encore à mener quelques tests, et notamment mesurer correctement l’autonomie du téléphone pour pouvoir l’évaluer dans sa globalité.

Point de note donc pour le smartphone pour le moment. Reste qu’après cette première semaine notre expérience avec le Google Pixel 10 Pro nous paraît mitigé.

Bien sûr, comme n’importe quel produit en 2025 ou presque, surtout à ce niveau de prix, le téléphone s’en sort honorablement sur tous nos critères pour le moment. Mais à près de 2000 euros, on demande à un smartphone très quasi-irréprochable et ce Google Pixel 10 Pro Fold ne l’est pas.

En fait, il fait toujours un peu moins bien que ses concurrents. Surtout, et on peut l’imputer en grande partie à l’interface Pixel Expérience, mais aussi au manque de maturité des applications : l’expérience utilisateur d’un smartphone pliant ne nous semble toujours pas optimale. Peut-on recommander un appareil à 1900 euros dont l’usage nous paraît toujours maladroit ? Le format a pourtant déjà ses aficionados, mais l’interface OneUI est également plus mature sur ce type d’appareils.

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