Oups, cette bourde en visioconférence pourrait coûter cher à Nvidia

 
Quand un employé montre par erreur sur Microsoft Teams des documents volés à son ancien employeur, c’est Nvidia qui risque d’en payer les frais.
Source : Nvidia

Tout est parti d’une visioconférence somme toute assez classique : Mohammad Moniruzzaman, nouvel employé de Nvidia, a, semble-t-il, montré des documents confidentiels volés à son ancienne entreprise, qu’il l’a pris la main dans le sac lors d’un appel vidéo.

Les faits se sont déroulés le 8 mars 2022, alors que cet employé avait quitté l’entreprise de technologie automobile Valeo l’année précédente. Ayant rejoint Nvidia, il a dû collaborer avec son ancien employeur sur un projet d’aide au stationnement pour un constructeur automobile dont le nom n’a pas été divulgué.

Mais lors d’une visioconférence sur Microsoft Teams sur laquelle il diffusait son écran, Mohammad Moniruzzaman a eu la mauvaise idée de réduire la fenêtre PowerPoint qu’il montrait au reste des participants. Derrière, ses anciens employeurs auraient ainsi pu voir des morceaux du code source issue d’une application d’aide au stationnement développée par Valeo.

Une visio qui coute cher

Selon la plainte déposée le 7 novembre 2023, l’erreur de Moniruzzaman n’est pas passée inaperçue auprès des employés de Valeo :

Le vol de M. Moniruzzaman était si culoté que le chemin d’accès au fichier sur son écran indiquait toujours « ValeoDocs ». Les participants à la vidéoconférence de Valeo ont immédiatement reconnu le code source et ont fait une capture d’écran avant que M. Moniruzzaman soit alerté de son erreur. Il était alors trop tard pour effacer ses traces.

Moins d’un an après, en septembre 2023, la police allemande a inculpé Mohammad Moniruzzaman pour vol de documents confidentiels. Ce dernier n’a même à aucun moment nié les charges qui pesaient contre lui, affirmant avoir volé le code source du logiciel appartenant à Valeo afin de l’exploiter pour son nouvel employeur Nvidia.

Si l’employé a été condamné à une amende de 14 400 euros pour ces faits, Valeo ne compte pas s’arrêter là : Nvidia est désormais dans le collimateur de la société française.

Nvidia attaqué à son tour

Si Nvidia veut se dissocier de l’affaire, le constructeur aura bien du mal à convaincre les avocats de Valeo. Le constructeur de cartes graphiques a d’ailleurs envoyé une lettre à Valeo en juin 2022 dans laquelle ses avocats assuraient que les actions de son nouvel employé n’étaient pas connues avant la première enquête.

Toujours selon Nvidia, le code source volé à Valeo par Mohammad Moniruzzaman était « stocké uniquement en local sur son ordinateur portable » tout en assurant n’avoir « aucun intérêt dans le code de Valeo ou dans ses prétendus secrets commerciaux et a pris rapidement des mesures concrètes pour protéger les droits revendiqués par le client ».

Selon la plainte originale de 2022 déposée par Valeo, les actions de Mohammad Moniruzzaman se sont déjà répercutées dans les travaux de Nvidia :

Nvidia a admis que le code de M. Moniruzzaman a été fusionné dans la base de données de Nvidia après avoir fait l’objet d’importantes modifications et de remarques par d’autres employés afin d’aligner le code sur la conception originale et la vision du projet de Nvidia, ce qui rend irréaliste la possibilité pour Nvidia de supprimer les idées, les systèmes ou les solutions que M. Moniruzzaman a ajoutées au code.

Valeo cherchera donc à obtenir des dommages et intérêts de la part de Nvidia, qui aurait profité illégalement de son travail propriétaire. Une date pour le procès n’est pas encore annoncée.


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