Paul McCartney sort un nouveau morceau, mais il n’y a pas grand-chose à écouter

 
Paul McCartney sort son premier morceau en cinq ans, mais dans un style très singulier. Intitulé « (bonus track) », ce titre quasi silencieux de 2 minutes 45 est un acte de protestation contre l’exploitation des œuvres musicales par les entreprises d’IA.
Paul McCartney sur scène en 2018 // Source : Wikipédia

Le silence comme arme de protestation. C’est le choix que fait Paul McCartney pour sa nouvelle production. L’artiste de 83 ans, actuellement en tournée en Amérique du Nord, ne propose ni mélodie entraînante ni accords de guitare. Son nouveau morceau, d’une durée de 2 minutes 45 secondes, est un enregistrement de studio presque totalement silencieux.

À la place de la musique, on n’y entend qu’un léger sifflement et quelques cliquetis occasionnels. Le morceau est symbolique et cherche à dire que si l’IA continue d’exploiter la propriété intellectuelle des musiciens pour entraîner leurs modèles génératifs, la musique originale sera réduite au silence.

Un morceau fantôme pour alerter

Le titre, sobrement nommé « (bonus track) », est décrit comme ayant un début, un milieu et une fin. Selon les informations du Guardian, il commence par 55 secondes de sifflement de bande, suivies de 15 secondes de « cliquetis indéterminés » – qui pourraient être quelqu’un ouvrant une porte et arpentant la pièce – avant de s’installer dans 80 secondes de sifflements ponctués de bruissements, pour finir sur un lent fondu.

Paul McCartney a déjà exprimé ses craintes vis-à-vis de l’IA : « Nous devons être prudents […], car elle pourrait tout simplement prendre le dessus […], surtout pour les jeunes compositeurs et écrivains pour qui c’est peut-être la seule façon de faire carrière. Si l’IA anéantit cela, ce serait vraiment très triste ».

« Is This What We Want? » : un album manifeste

Ce morceau n’est pas isolé. Il s’agit d’une piste bonus ajoutée à la face B de la version vinyle de l’album « Is This What We Want? », dont la sortie est prévue pour le 8 décembre prochain.

Cet album est un projet de protestation plus large, initié par le compositeur Ed Newton-Rex. Lors de sa sortie sur les plateformes de streraming en février 2025, il a rassemblé plus de 1 000 musiciens et a réussi à se hisser dans le Top 40 britannique. Il compile des enregistrements silencieux de studios et de salles de spectacle vides pour représenter l’impact potentiel de l’IA sur les moyens de subsistance des artistes.

L’album lui-même porte un message : la liste des pistes épelle la phrase : « le gouvernement britannique ne doit pas légaliser le vol de musique au profit des entreprises d’IA ».

Le gouvernement britannique en ligne de mire

Cette montée de boucliers vise directement un projet du gouvernement britannique. Celui-ci réfléchit à une possible exception à la loi sur le droit d’auteur pour le « text and data mining ». Cette mesure permettrait aux entreprises d’IA – comme OpenAI, Google ou xAI d’Elon Musk – d’utiliser massivement des œuvres protégées pour entraîner leurs modèles, sans autorisation ni rémunération.

Le gouvernement se retrouve pris entre deux feux. D’un côté, les industries créatives, qui pèsent 125 milliards de livres sterling par an dans l’économie britannique, de l’autre, les géants américains de la tech, qui ont récemment annoncé plus de 30 milliards de livres d’investissement (principalement en datacenters).


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