L’UFC-Que choisir accuse les opérateurs de dégrader volontairement la 3G, vraiment ?

 

Les opérateurs ont encore une fois été épinglés par l’UFC-Que choisir, qui les accuse de dégrader volontairement la 3G pour promouvoir artificiellement la 4G. 

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Et l’UFC-Que choisir frappa à nouveau ! L’association de consommateurs, qui avait décidé de porter plainte contre les opérateurs (Orange et SFR) il y a quelques jours pour “pratiques commerciales trompeuses” concernant leur communication au sujet de la couverture 4G, revient à la charge. Et pour cause, l’UFC accuse maintenant les fournisseurs d’accès à Internet de dégrader volontairement leur réseau 3G au profit de la 4G. Cette pratique aurait pour but de mieux vendre la nouvelle technologie. “C’est un choix stratégique fait par les opérateurs et condamnable pour forcer leurs clients à la transhumance”, a déclaré Alain Bazot, président de l’UFC-Que choisir, lors d’une conférence de presse.

L’association s’est basée sur une étude de terrain réalisée par un prestataire de l’Arcep, pour étayer ses propos. Cette étude, qui mesure le “taux de non qualité” de l’Internet mobile en 3G, prouve que la qualité des débits descendants de la 3G s’est dégradée chez Orange et SFR. Des prestations qualifiées par Alain Bazot de “hausse spectaculaire de la non-qualité.” L’association compare les résultats obtenus avec ceux livrés par une étude similaires réalisée en décembre 2012.

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Bouygues s’en sort encore une fois indemne mais est accusé toutefois d’avoir supprimé la H+ de ses offres 3G. “Notre étude pointe la dégradation des offres 3G de Bouygues Telecom. En effet, l’opérateur ne propose plus la technologie H+ (dont le débit maximum théorique est de 42 Mbit/s) sur son catalogue pour n’offrir que de la 3G+, d’un débit maximum théorique six fois inférieur.” Or il faut rappeler que Bouygues Telecom maintient la H+ sur ses forfaits low-cost B&You.

De son côté, Free Mobile en prend pour son grade. “Les performances de Free se sont très nettement dégradées : la hausse des taux de non qualité sur son réseau propre a explosé de 16,5 points depuis notre dernière étude !” , indique l’étude. L’UFC s’interroge aussi sur les investissements réellement consentis par l’opérateur pour le déploiement de sa 3G, à l’heure où Free se préparer à l’arrivée de ses offres 4G.

Questions d’interprétation

Mais que faut-il penser des résultats obtenus par l’UFC-Que choisir ? En attendant l’étude de l’Arcep sur la qualité des réseaux, il n’est pas inintéressant de jeter un coup d’oeil au bilan mensuel de l’expérience client mobile 2G/3G et 4G réalisé par ZDNet et l’application 4GMark. Ainsi, selon cette étude,  “Orange est en haut de classement tant en débit descendant (5,54 Mb/s) que montant (1,61 Mb/s) suivi, et c’est une surprise, par Free Mobile avec un  débit descendant de 4,37 Mb/s. Bouygues Telecom et SFR sont en forte baisse avec des débits descendants de 4,16 Mb/s et de 3,80 Mb/s.” Peu satisfait des déclarations de l’UFC, Free Mobile a rétorqué, par la voix de son PDG Maxime Lombardini, que « la méthodologie de mesure retenue par UFC aurait été parfaite pour mesurer la qualité du réseau BiBop« , se référant au lointain ancêtre des smartphones. Et d’ajouter, par le biais d’un porte-parole, que l’opérateur comptait rétorquer par voie de justice aux allégations de l’associations de consommateurs.

Il ne faut pas oublier non plus que le nombre d’abonnés et de smartphones a explosé en un an. La qualité d’un réseau au final, ce sont les fréquences des antennes et le nombre de stations radio, le tout divisé par le nombre d’utilisateurs. Or, avec le nombre croissant de consommateurs et l’arrêt de déploiement d’antennes 3G, il peut sembler normal d’observer une dégradation, qui n’est pas du ressort des opérateurs. Ces derniers continuent en effet d’allouer 30 % de leurs dépenses à la maintenance des réseaux de la génération qui précède la 4G. L’UFC-Que choisir a donc tout intérêt à prendre en considération cet aspect évolutif du marché. De son côté, l’association demande à l’ARCEP, le gendarme des télécoms, de définir des « exigences sur une qualité minimale de service pour la 3G« .


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