Les États-Unis veulent scanner votre visage, vos e-mails et vos réseaux sociaux pour vous laisser entrer

 
Vous comptiez visiter New York ou la Californie l’année prochaine ? Préparez-vous à vous mettre à nu. Littéralement. Les États-Unis s’apprêtent à durcir drastiquement les règles de l’ESTA. Au menu : 5 ans d’historique Facebook, vos e-mails depuis 10 ans, et une application mobile obligatoire qui veut tout savoir de vous.

Il fallait s’y attendre, mais la pilule est difficile à avaler. Voyager aux États-Unis a été relativement facile avec l’ESTA, mais là, on change de dimension. L’agence américaine des douanes (CBP) vient de faire une grosse annonce : une proposition de réforme qui transforme chaque touriste en suspect potentiel.

L’objectif affiché ? La sécurité, évidemment. La réalité ? Une collecte de données massive, intrusive et, disons-le franchement, complètement disproportionnée.

Le strip-tease numérique obligatoire

Jusqu’à présent, donner ses réseaux sociaux était « optionnel » (avec de gros guillemets). Demain, ce sera la norme. Le projet exige que vous fournissiez 5 ans d’historique sur vos réseaux sociaux. Vous avez tweeté une blague de mauvais goût en 2021 ? Un algorithme ou un agent pourra le lire et décider si vous êtes une « menace ».

Mais attendez, ça ne s’arrête pas là. L’administration veut aussi vos adresses e-mails des 10 dernières années. Ajoutez à cela des détails complets sur votre famille (parents, enfants, frères et sœurs). C’est un fichage généalogique en règle.

Le plus inquiétant se trouve dans les « champs de données à haute valeur ajoutée » proposés. Le texte évoque calmement la collecte d’ADN, d’empreintes iris et de traits du visage. Pour l’instant, c’est une « proposition ».

La mort du site Web : un piège à données

C’est peut-être le point le plus vicieux de cette réforme. Le CBP veut fermer le site web ESTA. Vous savez, ce site moche mais fonctionnel qu’on utilisait tous. À la place ? Une application mobile obligatoire.

Pourquoi ce changement ? Officiellement, pour lutter contre la fraude. Le CBP prétend que trop de gens uploadent des photos floues ou bidouillées sur le site web. L’application, elle, utiliserait la puce NFC de votre passeport et une technologie de « détection de présence » (liveness detection) pour s’assurer que vous êtes bien vivant devant l’objectif.

En clair : vous ne pourrez plus faire une demande pour votre grand-mère sur votre PC. Il faudra un smartphone compatible, une app propriétaire, et accepter toutes les permissions qui vont avec.

Géolocalisation : la laisse électronique

Le vice est poussé jusqu’à la sortie du territoire. Le CBP teste un programme où vous signalez votre départ via l’app. Comment ? En envoyant un selfie géolocalisé. Le système vérifie via le GPS que vous êtes bien hors des frontières.

C’est techniquement brillant, mais éthiquement désastreux. On passe d’un contrôle aux frontières physique à une surveillance numérique continue. Les associations de défense des libertés, comme l’Electronic Frontier Foundation, hurlent au scandale. Elles ont raison. Chercher des terroristes en analysant 5 ans de posts Instagram de millions de touristes français ou allemands, c’est chercher une aiguille dans une botte de foin.

La situation est simple : les États-Unis construisent un mur numérique. Si cette proposition passe (et il y a peu de doutes), l’entrée sur le territoire américain se paiera au prix fort : celui de votre intimité numérique. Vous avez 60 jours pour donner votre avis, mais ne nous voilons pas la face : l’Oncle Sam a déjà décidé de tout savoir sur vous.

Pour aller plus loin
Vous voulez un Visa américain ? Il va falloir renseigner vos comptes Twitter, Instagram et Facebook


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