Et si l’Autopilot de Tesla devenait interdit aux États-Unis ? Ce n’est pas impossible

 

Tesla est sous le feu des projecteurs aux États-Unis depuis quelques jours, mais pas pour les bonnes raisons. En effet, l’enquête de la sécurité routière américaine (NHTSA) sur l’Autopilot de Tesla pourrait déboucher sur une interdiction de son utilisation outre-Atlantique dans le pire des cas.

Tesla model 3 Propulsion-3
Source : Anthony Wonner – Frandroid

La fonctionnalité Autopilot est un argument majeur pour l’achat d’une voiture électrique Tesla. Il s’agit de différents systèmes d’aides à la conduite, permettant d’atteindre une conduite semi-autonome très poussée aux Etats-Unis (quasiment de niveau 3 même s’il faut conserver les mains sur le volant) aux États-Unis avec le FSD (Full-Self-Driving) en bêta, et de niveau 2 dans le reste du monde. Le système n’est pas infaillible, et même si Tesla et la NHTSA ont conclu que l’Autopilot réduisait le risque d’accrochage, on voit parfois passer des accidents spectaculaires impliquant des voitures de la marque. Et ce sont notamment ces accidents qui inquiètent la NHTSA, l’organisme de sécurité routière américain.

L’Autopilot se désactive 1 seconde avant l’accident

L’heure est grave pour Tesla aux États-Unis : le pré-rapport de l’enquête de la NHSTA sur plusieurs accidents impliquant des Tesla a débouché sur une conclusion fort étonnante. En effet, sur 16 accidents, l’Autopilot s’est désactivé moins d’une seconde avant le premier impact. Pour le moment, l’enquête ne précise pas si ce déclenchement est le fait de l’Autopilot ou si c’est à cause d’une action du conducteur (comme un freinage ou un coup de volant) qui aurait désactivé le système de conduite semi-autonome. Précisons que le désengagement de l’Autopilot ne désactive pas les aides comme le freinage d’urgence automatique. À moins que l’enquête ne nous informe du contraire, ce qui serait fort étonnant.

Quoiqu’il en soit, la désactivation de l’Autopilot moins d’une seconde avant l’impact laisse planer le doute sur les motivations de Tesla. En effet, à chaque accident mortel, on se souvient que la firme d’Elon Musk prend la parole pour annoncer que la voiture n’avait pas l’Autopilot actif lors de l’accident. Ce qui est vrai si celui-ci a été désactivé juste avant l’impact… encore reste-t-il à savoir les raisons précises de ce fonctionnement pour le moins étrange. On espère ainsi que ce ne soit pas une manière pour la marque de se dédouaner de toute responsabilité en cas d’accident.

L’enquête de la NHTSA, qui couvre 840 000 véhicules aux États-Unis, doit permettre de savoir si l’Autopilot de Tesla augmente les risques d’accident, en diminuant l’attention du conducteur. Elle est censée durer une petite année au maximum et pourrait déboucher sur le rappel de tous les véhicules en circulation pour « réparer » le problème. On imagine que cela serait fait via une mise à jour OTA des véhicules. Dans cette hypothèse, Tesla pourrait être obligé de modifier le fonctionnement de son Autopilot, pour qu’il puisse par exemple ne plus se désactiver avant l’impact ou pour que le conducteur soit obligé d’être plus attentif lors de son utilisation.

Des freinages fantômes sur l’autoroute

Le timing de cette enquête tombe mal pour Tesla, puisque la NHTSA étudie également de nombreuses plaintes de conducteurs victimes de freinages fantomes (phantom braking). Une situation qui intervient lorsque la voiture freine d’elle-même et de manière forte, pensant éviter un accident, alors qu’il n’y a aucun risque. Cela est souvent dû à ses caméras qui placent mal certains ouvrages (comme des ponts) dans l’espace ou qui confondent des ombres avec des véhicules. Un comportement qui arrive généralement sur autoroute, à vitesse élevée, et qui peut donc se révéler dangereux si une voiture colle la Tesla qui subie un freinage fantôme. Le constructeur américain doit répondre sur le sujet à la NHTSA d’ici au 20 juin. Et si Tesla était obligé d’utiliser à nouveau des radars sur ses voitures ?

Top 1 pour les accidents de voitures semi-autonomes

Enfin, pour ne rien arranger, la sécurité routière américaine vient également de publier une étude qui ne va pas dans le sens de Tesla. L’étude répertorie le nombre d’accidents aux États-Unis impliquant une voiture ayant son système de conduite semi-autonome (ou autonome) activé dans les 30 secondes précédentes le crash. Et malheureusement, Tesla se retrouve à la première place du classement, avec 273 accidents contre 90 pour Honda et 10 pour Subaru. Une situation qui n’a rien d’anormale, et qui n’est pas forcément alarmante, car il y a environ 800 000 Tesla dotées de l’Autopilot aux États-Unis. Le nombre n’est pas précisé pour Honda et Subaru, mais il devrait être largement inférieur puisque les systèmes de conduites semi-autonomes des deux constructeurs (Honda Sensing et Subaru EyeSight) ne sont pas intégrés de base.

Des systèmes sous surveillance

Pour résumer, les systèmes d’aides à la conduite semi-autonome comme l’Autopilot de Tesla permettent, a priori, de réduire les accidents ou leur gravité. Mais comme le prouve certains accidents, ces systèmes ne doivent pas diminuer l’attention du conducteur et celui-ci doit être prêt à reprendre le volant à tout moment. C’est d’ailleurs les consignes de tous les constructeurs automobiles, tant que le niveau d’autonomie 5 n’aura pas été atteint. On espère toutefois que l’Autopilot de Tesla ne sera pas bridé aux États-Unis, comme il l’est actuellement en Europe.


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