Cartes SIM intégrées dans les iPad : vers un nouveau modèle économique pour les opérateurs ?

 
Apple l’a fait : la société vient de dévoiler ses iPad Air 2 et iPad Mini 3 qui comportent tous les deux une carte SIM « neutre » embarquée, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. L’objectif : court-circuiter les opérateurs.
ipad sim

La nouvelle n’a pas dû faire plaisir aux opérateurs, même ceux qui sont partenaires de l’opération. Dans les nouveaux iPad Air 2 et iPad Mini 3 en version 4G vendus aux États-Unis, Apple a intégré une carte SIM « neutre ». L’utilisateur choisit son opérateur directement depuis iOS, sans insérer la carte SIM de son opérateur. Pour le moment, cette possibilité est uniquement ouverte aux forfaits au mois ou à la demande, ce qui permet à l’utilisateur de changer d’opérateur tous les mois pour le premier ou à n’importe quel moment pour le second. Les opérateurs américains qui vendent encore de nombreux forfaits avec engagement doivent l’avoir mauvaise. Mais AT&T, Sprint, T-Mobile et Orange ont tous accepté ce partenariat avec Apple aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Avaient-ils vraiment le choix ? Oui, puisque Verizon ne fait pas partie de la fête, mais on imagine qu’Apple a su tirer les bons leviers pour attirer les concurrents.

Les opérateurs : grands perdants ?

Les opérateurs n’ont pas grand-chose à gagner de cette stratégie. En effet, le consommateur n’est plus enfermé chez un opérateur, mais peut au contraire changer à la volée, du moment qu’il n’est pas engagé. Pire, pour prendre un forfait, l’acheteur n’a même plus besoin d’être mis en relation avec l’opérateur puisqu’Apple fait l’intermédiaire. On imagine d’ailleurs qu’un pourcentage du prix des abonnements sera reversé au géant californien, comme il sait le faire avec la musique ou les applications. Pour le moment, Apple joue simplement le rôle d’intermédiaire, mais l’entreprise pourrait très bien devenir, un jour, un MVNO. L’utilisateur paierait alors un abonnement à Apple qui se débrouillerait ensuite pour choisir, à la volée, le meilleur réseau disponible. Un fonctionnement qui pourrait être très pratique pour les voyages à l’international, mais on est encore loin de cette situation.

L’arrivée de cette carte SIM embarquée n’est pas vraiment une surprise puisqu’en 2010, Apple et Gemalto, l’un des spécialistes de la carte SIM, avaient travaillé ensemble à une carte SIM intégrée dans les iPhone. Les opérateurs n’avaient pas apprécié et avaient menacé de couper les subventions pour les téléphones de la marque à la pomme. Il aura fallu attendre 4 ans pour voir arriver cette carte SIM intégrée, non pas au sein des iPhone, mais dans les iPad cellulaires. On imagine que les opérateurs n’auraient pas été aussi conciliants avec les iPhone puisque les iPad cellulaires ne sont pas aussi distribués que leur homologue Wi-Fi ou que les smartphones de la marque. D’autant plus que les iPad se servent uniquement des données et n’empiètent donc pas sur les prérogatives des forfaits voix des opérateurs. En revanche, la réponse des actionnaires ne s’est pas fait attendre puisque la valeur de Gemalto a chuté de 10 % lors de l’ouverture de la Bourse de Paris.

Les consommateurs au centre du dispositif

Du point de vue des consommateurs, la carte SIM intégrée est un rêve. Ne plus se soucier des papiers à envoyer pour changer d’opérateur, pouvoir comparer les forfaits sur une même interface, voire même se passer des opérateurs classiques si le constructeur devient MVNO. D’autant plus qu’aux États-Unis, les appareils CDMA (Verizon et Sprint) sont bloqués chez leur opérateur d’origine. Grâce aux nouveaux iPad, les clients pourront acheter leur appareil chez Sprint et passer chez les autres opérateurs en cas de besoin.

Cette idée commence petit à petit à se répandre puisqu’il y a quelques mois, les Pays-Bas avaient légalisé la vente de carte SIM indépendante des opérateurs. L’idée était à peu près semblable : vendre une carte SIM neutre, enregistrable sur n’importe quel réseau avec une modification logicielle. Ce type de carte SIM existe d’ailleurs déjà dans certains pays, par exemple en Inde ou au Pakistan, comme l’ont fait remarquer nos confrères du site TheNextWeb. Mais aucun constructeur n’a encore osé mettre en place par défaut ce système sur des produits vendus à des millions d’exemplaires. Apple réussira-t-elle à changer l’industrie de la téléphonie mobile comme il l’a fait avec celle du disque ?


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