Nvidia investit 5 milliards dans Intel : l’alliance de la dernière chance

Nvidia vient d’investir 5 milliards de dollars dans Intel. Pas par altruisme, mais pour un partenariat qui pourrait bien modifier profondément le marché des processeurs. L’annonce a fait bondir l’action Intel de 30 %, et on comprend pourquoi : c’est un mouvement qui peut tout chambouler.

Cette alliance arrive à un moment critique pour les deux entreprises. Intel traverse sa pire période depuis des années : nouveau CEO depuis mars (Lip-Bu Tan), critiques sur ses liens avec la Chine, et même une participation exceptionnelle de 10 % du gouvernement américain le mois dernier pour éviter l’effondrement.

De son côté, Nvidia fait face à une crise importante en Chine. L’État chinois vient de demander à ses entreprises publiques de ne plus acheter de puces Nvidia, un coup dur dans un contexte de tensions commerciales croissantes avec Washington. Jensen Huang a besoin de montrer qu’il mise sur l’Amérique.

L’idée ? Intel va concevoir des processeurs sur mesure pour les centres de données que Nvidia intégrera à ses puces IA. En gros, au lieu de juste subir la domination de TSMC, Intel va enfin pouvoir jouer dans la cour des grands de l’IA.

Jensen Huang ne fait rien au hasard. En investissant dans Intel à 23,28 dollars l’action, il devient l’un des plus gros actionnaires du fondeur américain (environ 4 %). Mais le véritable intérêt, ce n’est pas l’investissement : c’est le partenariat technique qui va avec.

Le contexte géopolitique

Pour comprendre pourquoi c’est énorme, il faut regarder la situation des deux entreprises. Intel traverse sa pire crise depuis des décennies. L’entreprise a perdu sa suprématie technologique face à TSMC, rate le virage de l’IA, et son nouveau CEO Lip-Bu Tan fait face aux critiques de l’administration Trump sur ses supposés liens avec la Chine.

Nvidia de son côté subit une pression énorme. L’État chinois vient d’ordonner à ses entreprises publiques d’arrêter les achats de puces Nvidia, une décision qui pourrait coûter des milliards à l’entreprise. Donald Trump maintient la pression avec des restrictions sur les exportations de technologies vers la Chine, ce qui force Nvidia à jongler entre ses deux plus gros marchés.

Dans ce contexte, l’alliance Intel-Nvidia prend une dimension géopolitique claire : deux champions américains qui s’unissent face à l’adversité chinoise et aux pressions de Washington.

L’architecture x86 d’Intel, c’est ce qui fait tourner la plupart des PC et serveurs depuis des décennies. Mais ARM gagne du terrain partout : smartphones, tablettes, et maintenant serveurs et PC (merci Apple et ses puces M). Nvidia, avec ses futures puces ARM, pourrait bien accélérer cette transition.

Pour aller plus loin
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Sauf que là, plot twist : au lieu de se battre, ils s’allient. Intel garde son expertise x86 et ses usines, Nvidia apporte sa tech IA et ses connexions ultra-rapides. Ensemble, ils peuvent créer des serveurs IA plus performants que ce qui existe aujourd’hui.

Ce que ça donne concrètement

Le partenariat promet « plusieurs générations » de produits communs. Pour les centres de données, Intel va créer des processeurs spécialement pensés pour travailler avec les GPU Nvidia. Les deux puces pourront communiquer à des vitesses inédites grâce à la tech propriétaire de Nvidia.

Pour le grand public, Intel pourrait intégrer des puces graphiques Nvidia personnalisées dans ses processeurs PC. De quoi donner un avantage face à AMD sur les ordinateurs portables et fixes.

Cette collaboration pourrait aussi relancer la fonderie d’Intel, cette activité de fabrication de puces pour d’autres entreprises qui peine à décoller. Si Intel prouve qu’elle peut produire des puces de qualité pour Nvidia, d’autres clients pourraient suivre.

Au final, ce partenariat Nvidia-Intel bouleverse les équilibres. Intel récupère de la crédibilité IA, Nvidia diversifie ses fournisseurs et gagne des points politiques, et ensemble ils créent une alternative sérieuse à TSMC.