
Un tournant, un rebondissement, une révélation. Voici le genre de mots que l’on pouvait lire dans la presse en découvrant de récentes informations autour du procès de Cédric Jubillar très médiatisé en France. Or, à l’origine de ce tumulte se cache une technologie très commune (d’aucuns diraient basique) de nos smartphones. Plus précisément, on parle ici de l’activation d’une antenne-relais par un téléphone portable. Ce procédé est communément appelé le « bornage automatique ».
La révélation en question
C’est justement ce procédé qui est mis en lumière par la défense de Cédric Jubillar accusé du meurtre de son épouse, Delphine Jubillar, disparue en 2020. En effet, il a permis aux avocats de l’accusé de pointer du doigt un élément jusqu’à présent ignoré.
Avant que cette information ne soit contestée par le gendarme en charge du bornage, l’amant de la victime se trouvait vraisemblablement à proximité du domicile du couple Jubillar la nuit de la disparition de l’épouse (du 15 au 16 décembre 2020). Une révélation majeure — mais ensuite réfutée par le gendarme — puisqu’elle entrait en contradiction avec le discours de l’amant en question. Frandroid ne s’attardera pas en détail sur cette affaire judiciaire, mais il est intéressant de comprendre le fonctionnement du bornage automatique.


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Le bornage automatique : comment ça marche ?
Chaque smartphone, simplement en étant allumé (et hors mode Avion), peut se connecter à une antenne-relais pour assurer le fonctionnement de certaines fonctions ou applications, même en arrière-plan. Ce processus de « bornage » s’effectue de manière automatique et transparente. Lorsqu’un téléphone a besoin d’émettre ou de recevoir des appels, des messages, ou lorsqu’une application utilise la connexion 4G ou 5G, l’appareil recherche l’antenne la plus puissante dans son périmètre et s’y connecte.
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Le réseau de téléphonie mobile français s’organise selon un système de cellules, chacune étant desservie par une antenne-relais. Les opérateurs télécoms gèrent, au 1er octobre 2025, « 71 354 sites de réseaux mobiles autorisés en France, toutes générations confondues », selon l’ANFR.
Lorsqu’un téléphone se connecte à une cellule, l’appareil transmet automatiquement deux informations essentielles : le numéro de la carte SIM associée et l’identifiant IMEI (International Mobile Equipment Identity) unique à chaque exemplaire.
Les données enregistrées par les opérateurs
Les opérateurs téléphoniques conservent l’historique de ces connexions dans leurs systèmes. Ces enregistrements permettent de déterminer quelle antenne a été activée, à quel moment, et par quel téléphone. La précision de localisation dépend de la densité du réseau d’antennes dans une zone donnée : en milieu urbain, où les antennes sont nombreuses et rapprochées, la zone de couverture d’une cellule peut être relativement restreinte, tandis qu’en zone rurale, une seule antenne peut couvrir plusieurs kilomètres carrés.
Ainsi, dans le cadre du procès de Cédric Jubillar, France 3 Occitanie nous apprend que la défense s’appuie sur une étude des relevés de la cellule téléphonique couvrant le domicile de l’accusé et de la victime. Dans la fatidique nuit de la disparition, la cellule a été « activée par plus d’un demi-millier de numéros différents. Après le tri des données par les enquêteurs, la ligne de l’amant figure dans la liste restreinte ».
L’utilisation du bornage dans une enquête
Vous l’imaginez bien, pour les enquêtes judiciaires, l’utilisation des données de bornage téléphonique est précieuse, même si imparfaite. Pour tout un tas de raison, la connexion d’un téléphone à une antenne-relais ne permet pas, à elle seule, de confirmer la présence de son propriétaire dans une zone géographique.
Dans le cadre de l’affaire du meurtre de Delphine Jubillar, les avocats de l’accusé exploitent cette information pour distiller le doute et montrer que leur client n’est ainsi pas forcément le coupable idéal. Ils s’en servent aussi pour dénoncer une falsification de la procédure qui a abouti au renvoi de Cédric Jubillar devant la cour d’assises du Tarn.
Plus globalement, sachez que les données de différentes antennes-relais sont généralement croisées entre elles pour affiner les résultats. C’est le principe de la triangulation. Il est possible aussi de s’appuyer sur les informations de géolocalisation par satellite comme le GPS.

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