Vers « une nette expansion en Europe » : Netflix, le point sur le plus grand service de sVOD

 

Les rumeurs autour de Netflix vont et viennent sur la toile, si bien que l’on est près d’en perdre notre latin. Ce service de streaming vidéo à la demande disponible dans un poignée de pays, dont sa terre natale, les USA, mais aussi notamment au Canada, devrait finir par se lancer sur le Vieux Continent au cours de l’année 2014, à en croire la lettre trimestrielle que la firme a envoyé à ses actionnaires. Faisons le point sur cette offre qui fêtera cette année ses 17 printemps.

Netflix

Le terme Netflix revient régulièrement dans la presse, mais il ne vous évoque pas grand chose ? C’est bien normal, puisque rares sont encore les marchés qui peuvent bénéficier de ce service.

 

Qui est Netflix ?

Créé en 1997 à Stanford, le fameux Netflix n’est autre qu’un service de streaming vidéo à la demande, ce que l’on désigne par l’acronyme un peu barbare « sVOD » dans la langue de Molière. Attention, il ne s’agit pas simplement d’un système de location de films ou séries que l’utilisateur peut payer au coup par coup. Au contraire, celui-ci s’abonne à une formule mensuelle facturée 7,99 dollars et qui lui permet, soit via son téléviseur connecté, soit via ses appareils mobiles – smartphone, tablette – d’accéder à un catalogue de contenus vidéo. Notez tout de même que cette offre n’est pas illimitée en termes de support, puisqu’il n’est possible d’utiliser un compte Netflix que sur deux appareils simultanément ; toutefois, en ajoutant quelques dollars, un abonnement à 11,99 dollars permet aux familles d’utiliser Netflix sur quatre terminaux.

Si j’évoquais plus haut la disponibilité de Netflix aux USA, son berceau natal, et au Canada, où le service a été lancé en 2000, certains pays d’Europe ont déjà pu goûter au service de Reed Hastings (PdG de Netflix). L’Amérique latine est servie depuis un peu plus de deux ans. Le Royaume-Uni et l’Irlande sont concernés depuis janvier 2012. Tandis que la fin de cette même année a vu Netflix arriver dans les pays scandinaves : la Finlande, la Norvège, la Suède et le Danemark. Dernière contrée concernée : les Pays-Bas, ajoutés à la liste en septembre 2013.

Pour ceux qui nous liraient depuis l’un des pays en question, voici le lien de l’application Netflix pour Android :

 

Les spécificités des marchés européens

On s’attend à une sortie de Netflix dans de nouveaux marchés européens, dont notamment la Belgique et la France. Toutefois, du moins dans le cas de l’Hexagone, il existe quelques spécificités qui ne facilitent pas la tâche… sans oublier que de nouveaux lancements ont un prix. Les lancements de 2011-12 ont entraîné des pertes financières à hauteur de 70 millions de dollars pour Netflix. La faute à la création d’infrastructures et à la négociation d’accords coûteux en Grande Bretagne et en Irlande.

Dans le cas précis de la France, la sVOD (Subscription Video on Demand, de son nom complet) est régie par une législation différente de celle de la VOD (vidéo à la demande), et ce au niveau des délais de diffusion. Il faut en effet respecter un délai de 36 mois entre la sortie d’un film en salles et sa diffusion en sVOD, tandis qu’il ne dépasse pas les 4 mois dans le cadre de locations VOD. Notez qu’aux USA, la donne est bien différente, puisque les délais de diffusion sont contractuels et propres à chaque film (généralement environ 9 mois), tandis que les séries bénéficient d’accords spécifiques, parfois assortis de droits de diffusion exclusifs. C’est peut-être là l’intérêt majeur d’une plateforme de sVOD en France où, Hadopi ou pas, le téléchargement de séries fait presque partie des « traditions du Net », en témoignent les chiffres de téléchargement relatifs à la série Games of Thrones en 2013. Si vous aviez le malheur de vous connecter à Twitter juste après sa diffusion américaine, vous pouviez être sûr que des dizaines d’âmes charitables vous raconteraient le dénouement de chaque épisode, ô rage.

Le rapport Lescure, en 2013, préconisait une réduction des délais imposés aux services de sVOD hexagonaux à 18 mois après la sortie des films en salle. Il y a quelques jours, le Centre National du Cinéma le rejoignait, recommandant cette même réduction des délais dans le rapport d’une commission dirigée par René Bonnell. Reste cependant à passer des conseils à la législation, ce qui ne sera pas une mince affaire. Si le lancement de services de sVOD en Europe ne vont pas sans heurt, aux USA, la donne n’est pas plus évidente : même si la sVOD est ancrée dans les usages, elle souffre de la campagne des chaînes payantes, lesquelles lui reprochent de mener une concurrence déloyale.

Rapport Lescure

Qu’attendre de Netflix en 2014 ?

Il y a quelques semaines, un compte Twitter belge aux couleurs de Netflix apparaissait en ligne. Et aujourd’hui, voilà que l’on prend connaissance d’une lettre de Netflix à ses actionnaires, alors même que Fleur Pellerin, qui a rencontré Reed Hastings au CES de Las Vegas, avait laissé filer un « rien ne s’oppose à la venue de Netflix en France« .

Netflix vient d’annoncer ses dernier résultats trimestriels, où il annonce compter 44 millions de clients et une nette progression financière (1,18 milliard de dollars de chiffre d’affaires et 48 millions de bénéfice). Il n’hésite pas à envisager l’acquisition de 4 millions de nouveaux clients d’ici la fin du premier trimestre 2014. Par le biais d’un nouveau lancement : « Nous prévoyons, plus tard cette année, de nous embarquer dans une nette expansion en Europe« , indique la firme, qui prévoit d’augmenter ses revenus internationaux de 60 % au premier trimestre 2014 par rapport à la même période il y a un an.

Il ne reste plus aux amateurs de sVOD qu’à espérer que les différents rapports français sur le sujet portent leurs fruits afin que Netflix puisse compter la France parmi ses nouveaux territoires à conquérir.  Gageons que ce ne sera pas du tout cuit : si rares sont encore les services de sVOD hormis Canal Play Infinity et consorts, Netflix devra parvenir à se faire connaître du grand public. Ses tarifs pourraient d’ailleurs l’aider, puisque c’est le prix de 7,99 euros qui a été retenu dans les pays nordiques.


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