
Ce matin, Le Parisien a publié une enquête citant des sources policières, affirmant que GrapheneOS est devenu le nouvel outil favori des narcotrafiquants. L’article mélange allègrement des faits divers, des fonctionnalités techniques imaginaires et des amalgames douteux.
Qu’est-ce que GrapheneOS ?
Pour ceux qui débarquent, GrapheneOS n’est pas un outil de hacker obscur sorti du Darknet. C’est un système d’exploitation mobile gratuit et open source, basé sur la version libre d’Android (AOSP).
Concrètement ? C’est un Android « durci » que vous installez vous-même sur un smartphone Google Pixel, conçu pour offrir une sécurité et une confidentialité maximales sans les mouchards de Google.
Derrière ce projet, pas de cartel ni de start-up opaque, mais la GrapheneOS Foundation, une organisation à but non lucratif basée au Canada. Le projet, initié à l’origine par le développeur Daniel Micay, est aujourd’hui une référence mondiale saluée par les experts en cybersécurité, et même recommandée par Edward Snowden.
GrapheneOS réagit
La réaction ne s’est pas fait attendre. Et elle est brutale. Les développeurs de GrapheneOS, une fondation à but non lucratif basée au Canada, ont annoncé cesser toute opération en France. Ils migrent leur infrastructure, jusqu’ici hébergée chez notre fleuron national OVHcloud, vers le Canada et l’Allemagne. Pourquoi ? Parce qu’ils estiment que le climat actuel en France est devenu hostile aux projets open source de protection de la vie privée.


Le pack 3-en-1 de pCloud (5 To + chiffrement renforcé + gestionnaire de mots de passe) perd plus de 950 euros ! C’est le moment de regrouper de manière sécurisée toutes vos photos et documents importants !
Mais attendez. Avant de crier au complot, il faut décortiquer ce qui a été dit. Car ce dossier montre une fracture béante entre la réalité technique d’un outil et la perception qu’en ont les autorités.
Le grand malentendu technique
L’article du Parisien affirme que GrapheneOS intègre des fonctionnalités dignes d’un film d’espionnage, comme un « faux Snapchat » qui effacerait le téléphone si on tente de l’analyser. C’est simple : c’est factuellement faux.
On connaît GrapheneOS. C’est un système Android « durci », open source, gratuit, que vous installez vous-même. Il n’y a ni abonnement, ni gestion à distance, ni « bouton panique » magique installé par défaut.
La confusion est grossière. La police confond le projet légitime GrapheneOS avec des revendeurs véreux qui prennent ce code open source, y ajoutent des logiciels malveillants ou des outils de dissimulation, et revendent le tout à prix d’or (parfois 2000 euros le Pixel) à des criminels.
Le projet a d’ailleurs été très clair sur X (Twitter) et Bluesky : ces fonctionnalités de « wipe » à distance ou d’icônes cachées n’existent pas dans leur code. Ils rappellent même que l’ANOM, une fausse messagerie chiffrée qui était en réalité un piège tendu par le FBI, utilisait une version modifiée de leur système.
Les autorités reprochent à GrapheneOS d’être utilisé par des criminels, alors que les services de renseignement eux-mêmes utilisent son code pour piéger ces mêmes criminels.
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La France, terre hostile ?
Au-delà de la technique, c’est le message politique qui est désastreux. GrapheneOS ne part pas seulement parce qu’ils sont vexés. Ils partent parce qu’ils se sentent menacés. Les déclarations des autorités françaises, qui laissent entendre qu’il faut « casser » le chiffrement pour les besoins de l’enquête, sont perçues comme une menace directe contre l’intégrité de leur logiciel.
Le contexte est lourd. Avec les débats européens sur le « Chat Control » (la surveillance des messageries privées) et l’arrestation récente de Pavel Durov (Telegram) en France, l’Hexagone passe pour un épouvantail numérique. GrapheneOS cite explicitement ces menaces : « Nous ne nous sentons plus en sécurité pour opérer en France« .
OVHCloud perd un client, et la France perd un peu plus de sa crédibilité en matière de neutralité technologique.
La réalité ? Les criminels utiliseront toujours des outils pour se cacher. S’attaquer aux outils open source qui protègent aussi les journalistes, les activistes, les avocats et les citoyens lambda n’arrêtera pas le trafic de drogue. Cela ne fera que fragiliser la sécurité de tout le monde. GrapheneOS a peut-être le sang chaud dans sa communication, mais sur le fond technique, leur départ est un signal d’alarme qu’on aurait tort d’ignorer.
Pour résumer : si vous utilisez GrapheneOS sur votre Pixel pour éviter que Google ne sniffe toutes vos données, rassurez-vous, vous n’êtes pas un narco. Vous êtes juste soucieux de votre vie privée. Et apparemment, en 2025, ça devient suspect.
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