
Petite annonce, grand bruit. Qualcomm vient d’acquérir Arduino, le fabricant emblématique de cartes de développement utilisées par des millions de makers, étudiants et ingénieurs dans le monde.
Cette opération, dont les montants financiers restent confidentiels, donne immédiatement naissance à l’Arduino Uno Q, première carte combinant une puce Qualcomm et l’ouverture historique de l’écosystème Arduino. Précisons ici qu’Arduino est une entreprise italienne, elle compte garder, malgré le rachat par Qualcomm, son autonomie.
Une alliance qui fait sens sur le papier
Arduino a construit sa réputation sur la simplicité d’accès : brancher des capteurs, programmer en quelques lignes, prototyper rapidement.
Qualcomm apporte l’inverse : des systèmes sur puce (SoC) intégrant processeurs multicœurs, GPU, modem et NPU. Le mariage des deux approches vise à combler un vide entre le prototype et l’objet connecté concret.

L’Arduino Uno Q doit justement montrer concrètement cette convergence. La carte embarque un Qualcomm Dragonwing QRB2210, quadri-cœur Cortex-A53 accompagné d’un GPU Adreno, associé à un microcontrôleur STM32U585.
Cette architecture permet de faire tourner Linux, Debian, Docker et Docker Compose sur le SoC, tout en conservant la capacité de piloter capteurs et actionneurs. Et en plus, les dimensions restent compactes : 68,85 × 53,34 millimètres.

D’ailleurs, les connecteurs Arduino (shields, protocoles SPI, Qwiic) demeurent présents. Deux caméras jusqu’à 13 mégapixels chacune, ou une seule de 25 mégapixels, peuvent être connectées via USB ou MIPI-CSI. Le Wi-Fi 5.2 et le Bluetooth 5.4 assurent la connectivité sans fil. La configuration de base propose 2 Go de RAM LPDDR4 et 16 Go de stockage eMMC pour 39 euros, avec expédition dès le 25 octobre. Une variante 4 Go/32 Go suivra fin 2025 à 53 euros.
L’IA embarquée au centre du projet
Qualcomm ne cache pas ses ambitions autour de l’intelligence artificielle locale. L’Arduino App Lab, nouvel environnement de développement, donnera accès à des modèles d’IA pré-entraînés et adaptables. L’objectif n’est pas de faire tourner de gros modèles de langage localement, mais de traiter efficacement des tâches concrètes : détection d’objets par vision, reconnaissance vocale, classification d’images, mots de réveil (wake words).
Cette approche répond à des besoins réels dans l’industrie légère, la domotique avancée ou la maintenance prédictive. Un système peut désormais analyser un flux vidéo pour repérer une anomalie sur une ligne de production, compter des flux de personnes en magasin, ou détecter une intrusion sans dépendre systématiquement d’un serveur cloud distant.
Arduino promet de rester ouvert
L’annonce insiste lourdement sur l’autonomie conservée par Arduino. L’entreprise italienne affirme pouvoir continuer d’utiliser des puces d’autres fabricants : Intel, STMicroelectronics, Espressif ou tout autre fournisseur compatible avec son écosystème. La documentation complète restera accessible publiquement, comme depuis les débuts de la plateforme en 2005.
Evidemment, c’est probablement pour rassurer la communauté, historiquement méfiante envers les rachats par de grands groupes. Les makers, enseignants et petites entreprises redoutent souvent qu’une acquisition ne débouche sur un verrouillage technique ou commercial. Qualcomm semble avoir compris que la valeur d’Arduino réside précisément dans sa neutralité et son accessibilité.
Reste à observer comment cette indépendance se matérialisera concrètement. Si Qualcomm impose trop ses choix techniques ou ses modèles économiques, la communauté pourrait se détourner progressivement vers d’autres plateformes.
Face au Raspberry Pi
L’Arduino Uno Q se rapproche conceptuellement du Raspberry Pi : un système complet capable de faire tourner Linux, avec connectivité réseau et capacités multimédia. Les deux plateformes visent désormais des usages similaires, mais avec des philosophies différentes.
Pour aller plus loin
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Le Raspberry Pi privilégie la polyvalence généraliste et un écosystème logiciel très fourni. L’Arduino Uno Q mise sur l’intégration capteurs/actionneurs native et le double niveau SoC/MCU.
Pour les projets éducatifs ou les prototypes simples, cette différence peut sembler secondaire. Pour des déploiements industriels légers ou des objets connectés autonomes, l’architecture duale devient un atout : le SoC gère l’IA et les communications, le microcontrôleur garantit la réactivité temps réel sans risque de latence due au système d’exploitation.
Avec un prix à 39 euros, cela place l’Arduino Uno Q dans un segment de tarif pas cher. À titre de comparaison, un Raspberry Pi 4 modèle 2 Go coûte environ 45 euros, sans microcontrôleur dédié ni optimisations spécifiques pour l’IA embarquée.
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