Deux assistants, deux approches (complètement différentes)
Adobe a choisi deux stratégies opposées pour ses deux produits phares.
Dans Express, l’assistant prend la forme d’un mode dédié complet. Vous basculez dans ce mode, vous tapez vos prompts textuels pour générer images et designs, puis vous revenez aux outils classiques si besoin. C’est une rupture franche avec l’interface habituelle.
Dans Photoshop (en bêta fermée), l’assistant s’installe sagement dans la barre latérale. Plus classique. Il comprend vos calques, sélectionne automatiquement des objets, crée des masques, supprime des arrière-plans. Les tâches répétitives qu’on fait déjà depuis des années, mais en mode conversationnel.
Adobe permet aussi aux utilisateurs de Photoshop d’exploiter les fonctionnalités de remplissage génératif grâce aux modèles d’IA tiers de Google et de Black Forest Labs.
Alexandru Costin, VP de l’IA générative chez Adobe, justifie cette différence par les publics ciblés. Express vise les étudiants et les pros pressés qui veulent du rapide. L’idée : basculer entre deux mondes selon le besoin. Photoshop garde son approche pro avec l’assistant en soutien, pas en chef d’orchestre.
Adobe teste deux modèles pour voir lequel colle vraiment aux usages. Intelligent ou prudent.
Ce qui pourrait vraiment servir
La plupart des assistants IA qu’on nous vend depuis deux ans sont souvent des gadgets. Gadget dans le sens ou ce n’est pas simple de continuer à faire le même travail en les intégrant naturellement. Mais ici, quelques fonctions semblent légitimement utiles.
La sélection automatique d’objets et la création de masques dans Photoshop, par exemple. Si l’IA comprend vraiment la structure de vos calques et fait ça proprement, cela fait gagner un temps précieux. Créer des masques complexes à la main, c’est l’enfer. Si l’assistant le fait en trois secondes via une simple phrase, on signe.
L’automatisation des tâches répétitives aussi. Supprimer 50 arrière-plans sur une série de produits, harmoniser des couleurs sur un batch de photos… Ouais, ça peut aider. C’est moins sexy que « créer une œuvre d’art avec un prompt magique », mais c’est ce qui compte au quotidien.
Là où ça devient discutable : le mode assistant complet d’Express. Combien de gens vont vraiment créer des designs entiers juste avec du texte, sans jamais toucher aux outils classiques ? L’idée est séduisante pour les non-designers, mais dès que vous voulez un contrôle précis (et vous le voudrez), vous revenez aux outils normaux. Donc à quoi bon le mode dédié ?
« Ils agissent comme des coéquipiers compétents : ils prennent en charge les tâches qui vous détournent de votre métier, vous permettant ainsi d’accomplir davantage tout en gardant le contrôle de votre créativité »
Un point notable quand même : Adobe permet de choisir des modèles tiers pour le remplissage génératif. Gemini de Google, FLUX.1 de Black Forest Labs… Vous n’êtes pas coincés avec la sauce Adobe uniquement. C’est rare qu’une boîte laisse le choix comme ça.
Après avoir sélectionné leur image et demandé à Generative Fill (par exemple, décrire un objet à insérer ou remplacer un objet ou une personne existante), les utilisateurs peuvent basculer entre Gemini 2.5 Flash de Google, Flux.1 Kontext de Black Forest et le modèle d’image Firefly d’Adobe.
Project Moonlight et ChatGPT : vaporware premium
Passons maintenant à la partie marketing pur jus.
Adobe annonce « Project Moonlight », un assistant qui coordonne différents outils Adobe entre eux et se connecte à vos réseaux sociaux pour « mieux comprendre votre style ». Premier stade de développement. Bêta privée.
Adobe « étudie également » une intégration d’Express dans ChatGPT via l’API d’OpenAI.
Ces annonces ont surtout un but : rassurer les investisseurs et montrer qu’Adobe ne dort pas pendant que tout le monde fait de l’IA. Pour vous, utilisateur ? Peu d’impact immédiat. Project Moonlight sonnera peut-être génial dans 18 mois. Ou rejoindra le cimetière des prototypes oubliés.
Adobe suit le mouvement, ni plus ni moins. Les fonctions concrètes peuvent aider. Le reste sent bon le teasing marketing pour prouver qu’on fait de l’IA comme tout le monde.
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