BYD vend des voitures électriques d’occasion à 0 kilomètre et ça ne plaît pas à la Chine

 
BYD est dans le viseur des autorités chinoises. En cause : une technique illégale qui viserait à gonfler les chiffres de ventes de voitures électriques. L’objectif : briller dans les résultats face à la concurrence.
BYD Dolphin Surf // Source : Jean-Baptiste Passieux – Frandroid

Le gouvernement chinois vient de taper du poing sur la table. Ce lundi 27 mai, plusieurs constructeurs automobiles ont été convoqués par le ministère du Commerce, soupçonnés de maquiller leurs chiffres de vente en immatriculant massivement des véhicules qui n’ont jamais roulé.

En clair : des voitures neuves, mais vendues comme de l’occasion. Une pratique qui n’est pas sans rappeler ce qu’on observe aussi en France sous un autre nom : les ventes tactiques.

Gonfler artificiellement les ventes

C’est ce qu’on appelle des « voitures d’occasion à zéro kilomètre ». Ces véhicules, tout droit sortis d’usine, sont immatriculés par les marques elles-mêmes, parfois par des concessionnaires, avant d’être remis sur le marché à prix réduit. Objectif : booster artificiellement les ventes mensuelles, atteindre des quotas internes et faire mieux que la concurrence… sur le papier.

BYD, Dongfeng ou encore Chery sont dans le collimateur du gouvernement chinois. Et pour cause : ces pratiques permettent de présenter des chiffres flatteurs sans avoir réellement conquis de nouveaux clients. Pire : elles faussent complètement la réalité du marché.

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Officiellement, cela permettrait de faire profiter les clients de bonnes affaires. Mais à quel prix ? Pour écouler ces stocks déguisés, les constructeurs cassent les prix. D’autant plus que BYD vient de se lancer dans une nouvelle guerre des prix, comme on peut le voir en Chine.

BYD Dolphin

Un modèle BYD Seagull (Dolphin Surf en France) à moins de 8 000 dollars, une Dolphin sous la barre des 10 000 : c’est la guerre dans les concessions, avec des marges sacrifiées sur l’autel du volume. Même le patron du constructeur chinois Great Wall Motors présent en Europe s’est inquiété publiquement de la situation, la comparant à la chute d’Evergrande dans l’immobilier.

On imagine que cette méthode permet à BYD de maquiller les chiffres de ventes face à Tesla. De quoi donner l’impression que le géant chinois fait mieux que l’américain ? Sachant que les deux entreprises sont au coude à coude dans les classements mensuels, c’est une possibilité.

Et en Europe ?

Ces techniques ne sont pas une exclusivité chinoise. En Europe, elles portent un autre nom : les ventes tactiques. Nous avons déjà récemment abordé ce sujet, notamment sur l’explosion des immatriculations « fantômes » de modèles électriques. Dans certains cas, plus d’un quart des véhicules soi-disant « vendus » à particuliers sont en réalité des voitures de démonstration ou de location courte durée, qui attendent leur propriétaire.

Pour aller plus loin
« La tendance a de quoi inquiéter » : pourquoi les ventes tactiques de voitures explosent

Ces pratiques, courantes chez certains groupes (y compris européens), servent souvent à maintenir des objectifs de part de marché ou à écouler des fins de série. Et avec l’arrivée massive de modèles chinois, la pression pour gonfler artificiellement les chiffres ne fait que s’amplifier.

Pékin veut faire le ménage

L’ironie, c’est que la Chine, souvent pointée du doigt pour son manque de transparence, se montre ici plus proactive que certains pays occidentaux. En convoquant les constructeurs, Pékin veut éviter une crise de confiance chez les consommateurs et les investisseurs.

Selon Reuters, “3 000 à 4 000 vendeurs sur les plates-formes chinoises de véhicules d’occasion vendaient de tels véhicules”. On parle donc de plusieurs milliers (voire dizaine de milliers ?) de véhicules concernés.

En Europe, la situation est différente : les ventes tactiques de fin d’année peuvent toutefois avoir un impact sur le montant des amendes que les constructeurs doivent payer à l’Europe en cas de dépassement des quotas CO2 (la fameuse CAFE).


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