
Bien connu pour ses drones qui dominent le marché, DJI s’aventure depuis peu sur le terrain de l’énergie nomade. L’idée de départ est simple : proposer des solutions pour recharger rapidement ses propres appareils sur le terrain et permettre aux créateurs de travailler loin de toute prise électrique.
Après deux premiers modèles, les Power 500 et 1000, la marque monte logiquement en gamme avec la Power 2000. Avec ses 2048 Wh de capacité, elle se dote surtout d’un onduleur puissant de 3000 W qui change la donne. Il promet d’alimenter sans problème de l’électro-portatif exigeant ou même une plaque à induction.
Avec ce nouveau flagship, DJI ne se contente plus de son propre écosystème et vient se frotter directement aux acteurs bien installés du secteur, comme EcoFlow et Bluetti.
| Modèle | DJI Power 2000 | EcoFlow DELTA 2 Max | Bluetti AC200P |
| Capacité | 2048 Wh | 2048 Wh | 2000 Wh |
| Puissance de Sortie max | 3000 W | 2400 W | 2000 W |
| Technologie Batterie | LFP | LFP | LFP |
| Tension Solaire (Voc) | 12-30 V | 11-60 V | 35-150 V |
Prise en main : il faut des bras
Le design est à l’image de la marque : fonctionnel, sobre et d’une qualité d’assemblage irréprochable. Le châssis, probablement un mélange de polycarbonate et d’ABS haute densité, arbore une teinte gris foncé avec une finition légèrement granuleuse.
C’est un choix judicieux qui non seulement confère un aspect très qualitatif, mais se révèle aussi très pratique à l’usage, résistant bien aux traces de doigts et aux petites rayures inévitables d’une vie nomade. Rien ne craque, les poignées intégrées sont robustes, mais il faut s’employer pour arracher la Power 2000 et ses 22 kg. DJI propose d’ailleurs un diable pliable en option, pour tracter l’engin.

L’écran OLED se lit facilement, même dehors par beau temps où il ajuste automatiquement la luminosité. Il affiche les infos essentielles : le pourcentage de batterie, la puissance qui entre ou qui sort. Basique, mais c’est ce qu’il faut pour savoir où on en est sans sortir son téléphone.

Là où DJI marque un point, c’est dans le regroupement de toute la connectique sur une seule et même face. C’est un détail plutôt pratique à l’usage. Une fois la Power 2000 installée dans un espace confiné, comme sous une banquette de van, plus besoin de la tourner ou de la sortir pour brancher un nouvel appareil.
Connectique : AC, USB et prises propriétaires
Les quatre prises secteur 230 V sont espacées pour accueillir de gros transformateurs sans qu’ils se gênent. On compte par ailleurs quatre ports USB-C, capables de délivrer jusqu’à 65 W et 140 W (Power Delivery 3.1), pour recharger par exemple un MacBook Pro 16 pouces à pleine vitesse, tout en chargeant un drone, un smartphone et un appareil photo.
C’est la promesse d’un workflow sans interruption pour les créatifs en déplacement.
Le cœur de la stratégie de DJI, ce qui fait à la fois sa force et sa faiblesse, ce sont ses deux ports oranges SDC. Ces connecteurs propriétaires sont très pratiques pour qui vit dans l’univers DJI, mais pour qui voudrait y connecter un appareil spécialisé (chargeur voiture sur alternateur ou module MPPT de marque tierce, par exemple), c’est une limitation. Ne comptez pas bricoler un câble maison pour charger la Power 2000 avec un booster DC-DC, ça ne fonctionne pas, tout appareil branché à ces ports SDC devant être certifié par DJI.

L’écosystème d’accessoires SDC : la liste complète
Et des accessoires à connecter à ces ports SDC, il y en a tout un écosystème. DJI propose aussi des batteries esclaves chaînables —via leurs ports SDC — pour porter l’autonomie jusqu’à 22 528 Wh. Voici la liste des modules SDC proposés par DJI, chacun ayant une fonction bien précise :
En entrée (pour recharger la Power 2000) :
- Module adaptateur pour panneau solaire DJI Power (MPPT) : C’est le module indispensable pour la charge solaire. Il convertit le courant des panneaux (jusqu’à 3) pour le rendre compatible avec la station, dans la limite de 400 W cumulés (et d’une tension à vide de 30 V max par panneau).
- Câble d’alimentation de voiture vers SDC DJI Power : il permet de recharger la station via la prise 12V/24V allume-cigare d’un véhicule, mais avec une limitation à 100 W en entrée. Autrement dit, il faut un temps fou pour recharger la Power 2000 de cette manière, environ 20 heures. Cela suppose de beaucoup rouler.
- Chargeur super rapide pour véhicule de 1 kW DJI Power : connecté à la batterie 12 V d’un véhicule, il permet de recharger via alternateur la Power 2000, avec une puissance de 500 ou 1000 W et par ailleurs de maintenir chargée la batterie du véhicule. DJI fournit un câble de 5 m et son fusible pour tirer une ligne depuis la batterie moteur.

- Chargeur super rapide solaire/pour véhicule de 1,8 kW DJI Power : également connecté à la batterie d’un véhicule, il recharge la Power 2000 depuis l’alternateur jusqu’à 600 W et intègre un module solaire MPPT de 1200 W max. Là aussi, un câble de 5 m est fourni.
En sortie (pour alimenter d’autres appareils) :
- Câble d’alimentation SDC vers XT60 DJI Power : il fournit une sortie 12 V au format XT60.
- Câble d’alimentation SDC vers prise de chargeur de voiture DJI Power : il transforme un port SDC en une prise allume-cigare 12 V femelle, pour brancher des appareils comme une glacière, dans la limite de 10 A (soit 120 à 130 W max).
- Câbles de recharge rapide pour drones DJI : Il en existe plusieurs, dédiés à chaque modèle pour optimiser la vitesse de charge en courant continu, jusqu’à plus de 200 W.
Le revers de cette médaille, c’est le verrouillage. Le fait de devoir passer par un adaptateur propriétaire pour une fonction aussi basique qu’une prise 12V, intégrée en natif chez les concurrents pourra agacer, même si le câble est facturé 20 euros. A contrario, cela permet également de ne payer que pour les fonctions dont on a besoin.
Performances : des chiffres convaincants
DJI annonce 4000 cycles de charge/décharge avant que la capacité ne tombe sous les 80 %. C’est très bien. Cela représente plus de 10 ans d’usage quotidien.
Mais le gros atout, c’est clairement l’onduleur. Avec 3000 W de puissance continue, il place la Power 2000 dans le haut du panier.

La plupart de ses concurrentes directes oscillent entre 2000 et 2400 W. Ces Watts supplémentaires constituent un réel confort. Ils permettent d’alimenter sans crainte les appareils les plus énergivores, même en simultané.
Scie circulaire, meuleuse, perforateur, machine à café, sèche-cheveux, plaque à induction… Rien ne lui fait peur. L’onde « sinusoïdale pure » de la Power 2000 garantit en outre une compatibilité parfaite avec les appareils électroniques les plus sensibles (enceinte amplifiée, téléviseur, ordinateur fixe..).
Une capacité réelle proche de celle annoncée
Pour vérifier la promesse de capacité, j’ai procédé à une décharge complète avec un fer à repasser, contrôlée via un wattmètre. Sur les 2048 Wh nominaux annoncés, j’ai pu extraire 1945 Wh utiles sur les prises 230 V. Cela correspond à un rendement très élevé de 95 %. Concrètement, cela signifie que très peu d’énergie est perdue en chaleur lors de la conversion du courant.
Quant à la charge secteur, elle nécessite 1h15 à pleine puissance pour passer de 0 à 100 %. La vitesse de charge peut être réduite pour préserver la durée de vie des composants.

L’application DJI Home : des options et des stats
La DJI Power 2000 se pilote via l’application DJI Home. La connexion s’établit en Bluetooth pour un contrôle à proximité, ou en Wi-Fi, ce qui autorise un accès à distance si la station est reliée à un réseau domestique ou nomade.
L’app affiche en temps réel le pourcentage de batterie, la puissance en entrée et en sortie, une estimation de l’autonomie restante et la température interne.
Suivi énergétique
On trouve aussi une section dédiée au suivi de la consommation, avec historique de l’énergie entrée et sortie sur différentes périodes (jour, semaine, mois, année). Pour l’énergie entrante, les statistiques différencient les sources d’alimentation, notamment le réseau électrique et l’énergie solaire. Pour l’énergie sortante, le suivi distingue la consommation des appareils branchés en courant alternatif (AC) et en courant continu (DC).
Contrôle à distance
Il est possible d’activer ou de désactiver à distance chaque groupe de ports : les prises 230 V (AC), les ports USB et les ports SDC. On peut aussi choisir la vitesse de recharge sur secteur, en optant pour un mode Standard (environ 1200 W) ou un mode Rapide (jusqu’à 1800 W).
Paramètres et maintenance
La section des paramètres regroupe plusieurs fonctions. On y trouve des réglages généraux comme les délais de mise en veille de l’écran ou des blocs de prises. Une section « Optimisation de l’énergie » propose des modes avancés, comme la programmation de la charge et de la décharge en fonction des heures creuses/pleines ou un mode d’autoconsommation. C’est également via l’application que s’effectuent les mises à jour du firmware de la batterie.
Sur le terrain : une journée en totale autonomie
Pour vraiment comprendre ce que cette Power 2000 a dans le ventre, je l’ai intégrée à mon quotidien nomade pendant plusieurs semaines.
À terme, elle pourrait intégrer un van (en cours d’aménagement), comme source d’énergie principale, pour alimenter une glacière à compression, une plaque à induction, une pompe à eau, de l’éclairage LED, possiblement un petit chauffage à céramique et tous les appareils électroniques mobiles courants. Elle sera couplée à des panneaux solaires et un chargeur DJI 1 kW sur alternateur.
En attendant, j’ai fait un peu de camping avec la Power 2000, qui m’a rendu la vie clairement plus agréable. Ma journée type avec elle commençait par un café, en faisant chauffer 50 cl d’eau (2 % de batterie) avec une plaque à induction (1000 W) ou avec une machine à expresso (1200 W en pic, 3-4 % de batterie).

Pour les repas, la Power 2000 est tout aussi valable : saisir des steaks à 1000 W ne coûté que 3 % de batterie environ. Pour un repas plus complet, la cuisson de pâtes fraîches dans une eau bouillante, par exemple, a nécessité 10 % de la réserve.
Elle a alimenté sans broncher mon setup de travail complet : MacBook Air, iPad, et la recharge constante des batteries de mes différents drones et appareils photo. J’attendais beaucoup de la synergie avec mon matériel, et je n’ai pas été déçu. La possibilité de recharger le pack de trois batteries du Mavic 4 Pro directement en 200 W via le câble SDC dédié est un atout. En moins de 45 minutes, mes trois batteries étaient de nouveau prêtes.
La ventilation s’active de temps à autre, surtout lors des fortes charges, mais la discrétion est globalement très satisfaisante. Au terme de chaque journée, la DJI Power 2000 affichait un peu plus de 50 % d’énergie, malgré mes multiples usages et aucune charge intermédiaire.
La recharge solaire : pratique mais lente
DJI a fourni pour ce test un panneau solaire pliable de 200 W IBCPOWER et le module MPPT standard de 400 W. Sous un soleil d’octobre à 13 h, sans nuages, j’ai mesuré une puissance d’entrée de 105 W au maximum, panneau orienté idéalement. Un résultat un peu timide, possiblement dû à sa tension à vide (Voc) assez faible de 22 V qui limite le rendement global avec le soleil plutôt bas en ce début d’automne. Néanmoins, cette puissance s’est avérée suffisante pour compenser la consommation de la glacière à compression de 40 litres qui était branchée.

Dommage que la tension max en entrée du module MPPT soit limitée à 30 V, car cela empêche de mettre en série plusieurs panneaux pour avoir une tension plus forte et optimiser la charge en début et fin de journée. Une tension plus « forte » permettrait certainement au contrôleur de la batterie de se « réveiller » plus tôt le matin, de s’arrêter plus tard le soir et de produire de l’énergie même par temps couvert. Clairement, la DJI Power 2000 n’impose pas cette limitation, c’est le module MPPT de base qui mériterait une upgrade.

Prix et concurrence
À 999 euros actuellement, la DJI Power 2000 est une option intéressante, bien qu’elle se heurte à une concurrence féroce et plus mature sur certains aspects.
EcoFlow DELTA 2 Max (environ 1300 euros) : Sa concurrente la plus directe. Avec une capacité identique et un onduleur de 2400 W, elle est moins puissante mais offre une entrée solaire plus permissive (11-60V). Elle est aussi au moment de ce test plus onéreuse.
Bluetti AC200P (environ 1 400 euros) : Moins puissante (2000 W), elle brille par son entrée solaire ultra-flexible (35-150V) qui en fait la reine de la compatibilité pour les installations solaires custom. Elle pèse toutefois 5 kg de plus que la DJI.
Anker SOLIX F2000 (environ 1200 euros) : Le challenger qui mise sur la praticité avec ses roues et sa poignée intégrées, mais au prix d’un poids et d’un encombrement supérieurs (+ 8kg).

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