Nous avons testé la HDR et n’en sommes pas sortis indemnes

 

La HDR est, comme la HD il y a quelques années, la prochaine étape fixée par les industriels de l’audiovisuel pour atteindre un nouveau cap en matière de réalisme. Comme pour la HD et l’UHD, la HDR est apposée fièrement sur la boîte de toutes les nouvelles TV haut de gamme, et considérée comme la technologie qui va révolutionner notre manière de voir les films. On est en droit d’être sceptique face à cette promesse quand on pense au destin de la 3D, qui n’a pas su s’introduire dans les foyers, bien que toute l’industrie ait poussé les consommateurs en ce sens. Nous avons donc testé différents contenus HDR sur des télévisions Sony et Samsung pour nous faire une idée sur ce que vaut vraiment ce HDR.

Le Dolby Vision HDR, à gauche
Le Dolby Vision HDR, à gauche

Qu’est-ce que le HDR ?

HDR est l’acronyme de High Dynamic Range, qui signifie en français Imagerie à grande gamme dynamique. Cette technologie vise à améliorer l’image en utilisant une plus large plage dynamique (la différence entre la zone la plus claire et la plus sombre de l’image) et une plus grande palette de couleurs plutôt que de multiplier les pixels, comme il était de coutume jusqu’à présent. Avec plus de couleurs disponibles et plus de nuances de luminosité, l’image peut restituer des détails qu’une simple multiplication de pixels ne peut effectuer. La HDR est donc une technique qui permet de capturer puis d’afficher sur l’écran du consommateur final une image qui contient des détails aussi bien dans les zones bien éclairées que sur les zones sombres pour une même scène.

Imaginez une scène où l’on voit dans un désert, à contre-jour, une roche qui dessine une zone sombre avec son ombre. Quand une TV classique (LDR) n’affiche qu’une zone noire en lieu et place de l’ombre, la TV HDR permet de distinguer les grains de sable dans cette zone sombre, en plus de faire ressortir le soleil sur le reste de l’image, qui ne sera pas brûlée.

SDR vs HDR

La HDR demande un matériel complet supportant les normes HDR10 ou Dolby Vision HDR, sur lesquelles on reviendra plus tard. À l’heure où nous écrivons ces lignes, on trouve plusieurs modèles de téléviseurs estampillés HDR chez la majorité des grands constructeurs ainsi que d’autres produits comme le Samsung Galaxy Note 7, la Nvidia Shield Android TV et la Xbox One S, bien qu’aucun jeu supportant le HDR ne soit encore disponible.

HDR10 vs Dolby Vision HDR

Il existe actuellement deux normes HDR différentes. La première, HDR10, est ouverte : n’importe quel équipement répondant aux critères peut se déclarer HDR sans avoir à payer un tiers pour en profiter. Cette norme est la plus répandue, à défaut d’être la plus performante. Elle est mise en avant par l’organisme CEA qui regroupe de nombreux acteurs du domaine.

8 bits vs 10 bits

L’association de trois couleurs primaires, rouge, vert et bleu, compose une couleur. Sur une TV LDR, chacune des couleurs primaires est codée sur un octet (8 bits), ce qui permet d’afficher 256 nuances différentes par couleur pour un total de 16 millions de combinaisons. Les TV HDR10 codent les couleurs sur 10 bits, permettant 1024 teintes différentes par couleur, soit plus d’un milliard de couleurs.

Dolby a de son côté développé sa propre solution de HDR, plus performante, mais aussi plus exigeante en matière de composants. En effet, si les critères de base sont plus ou moins identiques, et la manière de créer du contenu Dolby Vision ou HDR10 se ferait sensiblement de la même manière, Dolby dispose de deux spécificités techniques qui lui donnent l’avantage sur la qualité : un rendu des couleurs en 12 bits (qui autorise 68 milliards de couleurs différentes) et une puce dédiée dans chaque téléviseur. Cette puce a la tâche bien particulière d’adapter le contenu aux performances du téléviseur. Comme tous n’ont pas les mêmes caractéristiques, cette puce va permettre de procéder aux réglages directement sur le contenu pour tirer le meilleur parti de chaque écran.

Précisons que la définition stricte du HDR concerne uniquement une image disposant d’une plus grande plage dynamique. Les normes Dolby Vision HDR et HDR10 abordent toutefois la question de l’espace colorimétrique pour pouvoir afficher davantage de couleurs à l’écran. Les normes HDR10 et Dolby Vision HDR imposent ainsi le support de l’espace colorimétrique Rec. 2020 qui permet de supporter largement plus de couleurs que le profil sRGB utilisé sur les moniteurs classiques ou du profil DCI utilisé au cinéma.

Nos observations

Nous avons profité de contenus HDR (Netflix et une démo Sony) sur deux téléviseurs récents et supportant la HDR : le Samsung 55KS7000 et le Sony XD93 sous Android TV, deux télévisions certifiées HDR10. Nous avons activé puis désactivé la HDR pour tenter de mesurer l’apport de la technologie.

Chez Samsung

Sur la dalle de Samsung, les résultats peuvent sembler défavorables au HDR. En l’occurrence, tout paraît plus sombre puisque le contenu HDR est plus contrasté et dispose d’une plus grande plage dynamique. Mais la télévision Samsung semble ne pas réussir à afficher correctement ce contenu HDR. Le phénomène est très flagrant sur les photos du lac avec les tentes qui disposent de plus de nuances de couleur en mode HDR, mais une perte de détails dans les zones sombres.


On peut aussi voir sur la tente filmée de nuit que la lumière est beaucoup plus concentrée sur sa source, donc dans la tente, plutôt que diffusée partout sur la scène et on dispose encore une fois d’une plus grande nuance de couleurs.


Chez Sony

Le Sony XD93 se comporte bien mieux quand il s’agit de HDR. Sur la scène de nuit de Marco Polo par exemple, l’écharpe du protagoniste est bien plus détaillée et l’on parvient à la distinguer alors qu’elle est pratiquement invisible en mode LDR.


Sur le plan de la villa dans The Do Over, les différences sont plus subtiles, mais bien présentes. Les pans sombres de l’image recèlent plus de détails et sont plus “clairs” quand le film est passé en HDR, comme on peut l’observer dans l’échantillon. Des différences appréciables, mais légères.


L’apport des couleurs

Nous avons comparé la même scène en mode sRGB (le mode de couleur des télévisions modernes LDR) à l’espace colorimétrique Rec 2020. Comme le montre le comparatif entre les deux images, le résultat est sans appel : le bleu du ciel est beaucoup plus riche en nuances, et le reste du tableau est coloré avec des tons plus réalistes. Le HDR au sens strict (c’est-à-dire la plus grande plage dynamique) ne suffit pas à lui seul pour apporter une image plus réalise, et l’espace colorimétrique Rec 2020 apporte indéniablement un plus à toutes les scènes en terme de couleurs.


Les limites du HDR

Que ce soit sur le téléviseur de Sony ou Samsung, il n’existe pas de solution Plug & Play. Quand aujourd’hui on branche deux équipements qui ont une caractéristique commune, ils communiquent la plupart du temps entre eux pour se partager des informations et fonctionner de manière optimale. Avec la HDR, c’est une tout autre histoire. Il faut rentrer dans les paramètres de la télévision et de l’appareil qui diffusent l’image où il est très facile de se perdre dans les menus et sous-menus. En un mot, basculer son équipement en mode HDR demande un effort qui ne devrait pas exister : c’est un retour en arrière de plusieurs années.

Nous en profitons pour aborder rapidement deux problématiques auxquelles nous avons été confrontés : en réglant la Shield de Nvidia pour un encodage des couleurs en 4:4:4 (contre 4:2:0 en mode classique), Netflix passait automatiquement en mode HD en supprimant le HDR. De même, la télévision Sony intégrait bien l’application Netflix sous Android TV, mais celle-ci n’affichait pas le contenu en 4K, ni en HDR… L’écosystème UHD et HDR n’est donc pas encore tout à fait mûr.

Un contenu rare

Pour l’instant, le contenu est extrêmement limité. Cela est amené à changer dans le futur, mais pour l’instant, il existe trop peu d’équipements ou de contenu certifié HDR. À l’exception de quelques Blu-Ray 4K, et de certains programmes Netflix, il n’existe tout simplement pas de contenu certifié HDR. Les jeux vidéo qui profiteront de la HDR n’arriveront pas encore avant quelque temps. Et à notre connaissance, les deux seuls produits grand public qui sont certifiés HDR sont la Nvidia Shield Android TV et la Xbox One S.

Notre avis

Le bilan est mitigé. Après tous ces essais, nous n’avons pas été totalement convaincus ou totalement été déçu par le HDR. Sur la plupart des contenus, les différences sont minimes s’ils sont visionnés en HDR ou non. Certaines télévisions qui sont certifiées HDR10 (à l’image de la Samsung) peinent à afficher comme il se doit le contenu HDR. En fait, l’expérience HDR sera totalement différente d’un écran à l’autre malgré une certification commune.

En revanche, quand le contenu HDR est affiché de manière optimale sur la télévision, force est de constater que le réalisme de l’image est à couper le souffle. Les couleurs, les contrastes, la luminosité localisée, tout est vraiment différent de ce que l’on peut voir avec une télévision LDR. On ne peut que regretter que ce résultat ait été obtenu avec une vidéo spécialement conçue pour mettre en avant les qualités du HDR, et non sur le premier film Netflix certifié HDR.


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