Pourquoi cette étude qui confronte Android et l’iPhone est biaisée

 

PC contre Mac. Nintendo contre Sega. PlayStation contre Xbox. Android contre iPhone. Les confrontations technologiques existent et elles font toujours de belles audiences. Si vous êtes tombés sur cette carte, ne vous faites pas avoir.

La comparaison entre Android et iPhone est depuis longtemps au cœur de débats, pour savoir lequel est le mieux, le plus répandu et ainsi de suite. On peut ainsi comparer les parts de marché des OS grâce aux diverses études et observations, les statistiques glanées sur internet, ou encore les chiffres des opérateurs mobiles.

Récemment, une carte a été largement partagée sur les réseaux sociaux, à la suite d’un article de Demotivateur.

Ces cartes (…) sont les premières à montrer avec une grande précision qui d’Android ou d’Apple est le plus répandue dans chaque pays du monde, continent par continent.

Il s’agit d’une étude menée par Electronics Hub, dont vous pourrez trouver les détails ici. Il n’est nullement question de l’OS le plus répandu, mais plutôt quel OS est le plus apprécié dans le monde.

Pour réaliser cette étude, ils ont utilisé SentiStrength, un outil d’analyse linguistique académique. L’étude a été menée sur Twitter où ont été analysées 347 856 tweets liés à la marque dans le monde entier à propos de sentiments positifs et négatifs. SentiStrength attribue aux textes courts un score de 1 à 5.

74 des 142 pays que nous avons interrogés préfèrent Android et 65 préfèrent Apple

Les résultats obtenus leur ont permis de créer plusieurs cartes du monde où ils classent Android et l’iPhone en fonction de ce que les personnes préfèrent.

Pourquoi il faut se méfier de cette étude

Les données de Twitter ont de nombreuses qualités qui séduisent les chercheurs et autres spécialistes du marketing. Elles sont extraordinairement faciles à collectionner. De plus, elles sont disponibles en gigantesques quantités. Et, avec une simple limite de texte, elles sont simples à analyser.

En raison de ces qualités attrayantes, plusieurs centaines d’études universitaires ont été publiées à l’aide des données de Twitter, y compris de multiples tentatives pour prédire les épidémies, les résultats des élections, le box-office des films et les mouvements boursiers uniquement à partir du contenu des tweets.

Nous pouvons utiliser les données des médias sociaux pour la recherche, cela ne signifie pas que nous devrions le faire. Chaque plateforme de médias sociaux présente son propre parti pris chez les utilisateurs qui choisissent de l’utiliser.

Par exemple, les utilisateurs de Twitter ne représentent pas les personnes qui n’ont pas accès à Internet. En France, Twitter compte 16,1 millions d’utilisateurs mensuels et 5,1 millions d’utilisateurs quotidiens (Médiamétrie, 2022). Ces utilisateurs ont entre 25 et 34 ans pour 38,5 %, et ce sont des hommes à 56,4 %. En réalité, Twitter ne représente donc absolument pas le monde entier. D’autant plus que cette étude est soumise à des échantillons qui dépendent du vocabulaire utilisé, mais également de la langue dans laquelle vous tweetez.

Dans ces circonstances, toute collecte de tweets sera biaisée et les inférences basées sur l’analyse de ces tweets ne correspondront pas aux caractéristiques de la population. Bref, si vous souhaitez étudier les élites et les canaux d’influence des élites, Twitter est certainement un bon candidat. Cela comprend pareillement une forte proportion de produits technologiques comme les smartphones, en particulier les téléphones premium.

Un échantillon biaisé ne peut pas être corrigé en collectant plus de données et ces biais ont des implications importantes pour la recherche fondée sur les données de Twitter. Ce qui suggère que les données de Twitter ne conviennent pas aux études où la représentativité est essentielle, comme le sujet de l’étude d’Electronics Hub.


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