Pourquoi le monde dérive et comment corriger la trajectoire des objectifs climatiques

 
Le monde est-il sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs climatiques ? À en croire une nouvelle étude, la réponse est non. En cause notamment, les tensions géopolitiques et l’explosion de la demande mondiale en électricité. Mais tout n’est pas encore perdu, il est encore temps de corriger la trajectoire pour éviter le pire.
Lever de Terre (1968)
Lever de Terre (1968) // Source : Nasa

Adopté en 2015, l’Accord de Paris vise à limiter le réchauffement planétaire bien en dessous de 2 °C, et idéalement à 1,5 °C. Au-delà, les impacts du changement climatique deviendraient en grande partie irréversibles. Pourtant, dix ans après sa signature, cet objectif semble désormais hors d’atteinte.

L’ONU l’a confirmé un mois avant la COP30 organisée au Brésil. « Nous ne parviendrons pas à contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C dans les prochaines années », a précisé l’organisme.

De son côté, le cabinet d’analyse Wood Mackenzie publie un scénario quelque peu alarmant, confirmant également cet échec. D’après ses projections reflétant la tendance actuelle, le monde se dirige vers un réchauffement de 2,6 °C d’ici 2060.

La hausse de la demande électrique en cause

Plusieurs facteurs favorisent cette trajectoire actuelle. D’un côté, les tensions géopolitiques persistantes freinent les progrès climatiques. De l’autre, la demande d’électricité explose sous l’effet de l’électrification massive des usages (transport, industrie, chauffage…), et surtout de la montée fulgurante de l’IA.

En 2025, les centres de données, moteurs de l’IA, ont consommé 700 TWh, soit davantage que les véhicules électriques selon Wood Mackenzie. À titre de comparaison, la France entière a consommé 450 TWh en 2024. Et cette demande ne fera qu’augmenter dans les années à venir.

Le problème, c’est que le système électrique mondial reste largement carboné. Autrement dit, chaque kilowattheure supplémentaire repose encore majoritairement sur des énergies fossiles, ce qui accroît directement les émissions et accélère le réchauffement. Or, la décarbonation de l’électricité reste encore un processus particulièrement complexe, et ne se résume pas à « un simple ajout de mégawatts », écrit le cabinet d’analyse dans son communiqué.

Contenir le réchauffement à 2 °C : possible, mais à une condition

Pour autant, un autre scénario plus optimiste établi par le cabinet d’analyse montre qu’il reste possible de limiter la hausse des températures à 2 °C, seuil supérieur fixé par l’Accord de Paris. Mais cela nécessite un engagement nettement plus ambitieux de la part des États. À ce jour, aucun des pays les plus puissants n’est en bonne voie pour atteindre ses objectifs climatiques de 2030.

Dans le scénario de la trajectoire actuelle, la Chine, l’Europe et les États-Unis représenteront 70 % des dépenses d’investissement mondiales d’ici 2040. Ces figures représentent les besoins annuels en dépenses d’investissement sur la période 2025-2040, et les comparent avec les investissements nécessaires pour un scénario « Net Zero », c’est-à-dire un réchauffement de 1,5°C. // Source : Wood Mackenzie

Pour espérer rester à +2 °C, les investissements dans la transition énergétique devraient être massivement augmentés. Wood Mackenzie estime qu’il faudrait y consacrer 4 300 milliards de dollars par an, soit 30 % de plus que les financements actuels.

À ce prix-là, la neutralité carbone pourrait être atteinte autour de 2060, avec dix ans de retard sur l’objectif de l’Accord de Paris. « Ne pas saisir cette opportunité d’atténuation exigera des investissements exponentiellement plus importants à l’avenir pour s’adapter aux risques physiques liés au réchauffement climatique et les gérer. Il faut choisir : payer maintenant ou payer plus cher plus tard », prévient le cabinet.


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