
En Chine, les prix des batteries lithium poursuivent leur chute. Une tendance qui pourrait, à première vue, réjouir les clients et les industriels orientés autour de la voiture électrique.
Pourtant, derrière cette apparente bonne nouvelle, se cache une réalité plus complexe, voire même préoccupante, en particulier pour nous, Européens.
Car si les prix baissent, ce n’est pas sans conséquences pour l’industrie, l’environnement, ni même pour l’équilibre géopolitique global et nous en avons déjà eu un bel aperçu avec les récentes décisions politiques prises par l’Europe et les États-Unis envers la voiture électrique chinoise.
Une chute des prix qui s’accélère
Selon les dernières données de l’Agence Internationale de l’Énergie, le coût des cellules lithium-ion produites en Chine a baissé de près de 20 % au cours des douze derniers mois. Cette tendance s’explique en partie par une baisse des prix des matières premières comme le lithium, mais aussi par une surcapacité croissante de production en Chine.

Pékin, dans sa course à la domination technologique, a massivement investi dans les gigafactories, faisant chuter les coûts unitaires par effet d’échelle. Un mécanisme simple comme bonjour qui peut s’appliquer à bien d’autres secteurs, surtout quand il est ultra-subventionné comme en Chine.
Et c’est d’ailleurs pour cette raison, en plus d’un certain protectionnisme à peine voilé, que la France a augmenté les frais de douane pour les voitures électriques chinoises.


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À première vue, ces réductions profitent à tout le monde : les véhicules électriques deviennent plus abordables, accélérant la transition énergétique, comme le souhaite le législateur. Mais cette dynamique de baisse cache une série de risques économiques, environnementaux et stratégiques.
Des marges sous pression
L’une des premières conséquences de cette guerre des prix, c’est la pression sur les marges bénéficiaires des producteurs de batteries.
Pour rester compétitifs, certains acteurs sont tentés de rogner sur la qualité ou de retarder leurs investissements en matière de R&D. La rentabilité est un sujet majeur, pour n’importe quelle industrie, surtout pour les acteurs émergents hors de Chine. Ceux qui ne le sont pas, comme Northvolt récemment en Europe, et pourtant pionnier en la matière, risquent de disparaître, ce qui pourrait à terme nuire à la diversité du marché.
N’oublions pas également que la baisse des prix décourage les efforts de montée en gamme ou de recherche sur des technologies alternatives plus durables, comme les batteries solides ou au sodium. Ces innovations nécessitent de lourds investissements qui deviennent plus difficiles à justifier dans un contexte de baisse continue des revenus.

Et là encore, même à ce niveau, la Chine possède quelques longueurs d’avance. Quand Mercedes annonce sa première voiture avec une batterie solide en 2030, dans le meilleur des cas, le géant chinois SAIC va commercialiser dès cette année une première ébauche de cette technologie avec la batterie semi-solide de la IM L6.
Une pression accrue sur les ressources naturelles
Si les batteries deviennent plus abordables, leur production reste tributaire de matières premières critiques : lithium, cobalt, nickel… Or, la hausse de la demande encouragée par les prix bas pourrait intensifier l’exploitation de ces ressources, souvent dans des conditions environnementales et sociales controversées, même si le législateur est de plus en plus attentif au sourcing de ces matières premières, notamment avec la démocratisation du fameux « passeport pour batterie ».
En Afrique centrale, par exemple, la hausse de la demande en cobalt alimente des mines artisanales où les conditions de travail sont précaires, voire illégales. L’impact environnemental est, lui aussi, alarmant : déforestation, pollution des eaux, émissions de gaz à effet de serre liées au transport des matériaux…
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Dans le même temps, la massification de la production de batteries soulève également la question du recyclage. Malgré les efforts, l’industrie reste loin d’une boucle véritablement circulaire. En Chine, moins de 15 % des matériaux des batteries en fin de vie sont recyclés efficacement selon une étude du Tsinghua Institute for Environmental Research.
En Europe, la réglementation évolue en ce sens et des taux de recyclabilité sont déjà imposés. Certains acteurs, comme Renault par exemple, avec la Refactory de Flins qui permet le recyclage des batteries usagées, entre autres, notamment sur les Zoé.
Risques géopolitiques : une dépendance stratégique à la Chine
Cette baisse des prix renforce aussi la position de la Chine dans la chaîne de valeur mondiale des batteries. Aujourd’hui, plus de 70 % des batteries au lithium sont produites dans l’Empire du Milieu. Une domination qui inquiète les États-Unis et l’Union européenne, qui peinent à rattraper leur retard. Et au vu de la politique menée par Donald Trump actuellement, les USA ne sont pas forcément prêts d’inverser la tendance.
À mesure que les prix baissent, les autres régions du monde risquent d’abandonner leurs ambitions de souveraineté industrielle, faute de compétitivité. Un paradoxe, alors même que l’électrification des transports est devenue un enjeu de sécurité nationale. Et évidemment, en cas de manque de compétitivité, cela pourrait amener à de graves conséquences sociales et des disparitions d’emplois à la clé.
Pour le moment, en France en tout cas, c’est plutôt l’effet inverse avec la création d’emplois au sein de la « Vallée de la batterie » dans le nord du pays, où plusieurs usines de batteries se sont implantées.
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