« Plutôt que d’arrêter le solaire, accélérons sur les batteries » : ce fournisseur d’électricité sonne l’alarme en France

Lors d’une conférence de presse tenue le 28 mai dernier, Catherine MacGregor, la patronne d’Engie, a mis les pieds dans le plat : « Il faut qu’on développe aujourd’hui les moyens de stockage pour aller chercher les bénéfices de ce solaire qui est bon marché et abondant. Donc, plutôt que d’arrêter le solaire, accélérons sur les batteries » comme le relaye Contexte.

L’intervention n’est pas anodine. Elle intervient dans un contexte de repli net du soutien politique au photovoltaïque, aussi bien côté particuliers qu’industriels. Dernier exemple en date : l’arrêté tarifaire S21 publié fin mars, qui rebat les cartes pour tous ceux qui veulent produire leur propre électricité solaire.

Le solaire attaqué sur tous les fronts

Avec la baisse drastique de la prime à l’autoconsommation et du tarif de rachat du surplus (passé de 12,7 à seulement 4 centimes par kWh), produire pour revendre n’est tout simplement plus rentable pour les particuliers. La conséquence est directe : sans stockage, une grande partie de l’électricité produite part dans le réseau à bas prix, ce qui allonge le retour sur investissement et réduit donc le rendement de l’installation.

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Côté professionnels, ce n’est guère mieux. Depuis le 1er avril, une caution de 10 000 euros est exigée pour les projets photovoltaïques supérieurs à 100 kWc. Une décision présentée comme un moyen de filtrer les projets non viables, mais qui complique sérieusement la donne pour les petites collectivités et les acteurs modestes.

Et comme si cela ne suffisait pas, même les surfaces les plus évidentes pour accueillir du solaire sont concernées par des reculs. L’obligation de couvrir les parkings extérieurs avec des panneaux photovoltaïques a été assouplie. Désormais, un ombrage végétalisé peut suffire. Une porte de sortie discrète pour les grandes enseignes qui rechignent à investir.

Le stockage comme colonne vertébrale du solaire

Pour Engie, le problème n’est pas tant qu’il y ait trop de solaire, mais plutôt qu’on ne sait pas quoi en faire au bon moment. Et c’est là que les batteries entrent en scène.

Le stockage permet non seulement de lisser la production (en gardant l’énergie pour les heures de pointe) mais aussi de sécuriser le réseau en réduisant les appels de puissance soudains. Un sujet critique à l’heure où les projets solaires se multiplient sans garantie d’être bien intégrés.

Sauf que pour l’instant, le cadre réglementaire français ne suit pas. Ni objectifs nationaux clairs en matière de stockage (le fameux PPL), ni mécanisme de rémunération spécifique, ni incitation forte au couplage entre panneaux et batteries. Les développeurs de projets hybrides (panneaux + batteries) ne s’y retrouvent donc pas forcément financièrement. Ou du moins, ils ne perçoivent pas les bons signaux pour le moment.

Une tendance de fond chez les particuliers

Chez les particuliers pourtant, les batteries solaires sont en train de passer de luxe accessoire à allié indispensable. Avec la chute du tarif de rachat, mieux vaut consommer ce que l’on produit. Et sans batterie domestique, cela reste limité aux heures ensoleillées. Comme le montre notre dossier complet sur le sujet, de nombreux produits sont déjà sur les rangs pour occuper ce marché encore balbutiant.

Pour aller plus loin
Pourquoi les batteries solaires deviennent désormais incontournables en France pour les particuliers

Accélérer sur les batteries est une condition sine qua non pour que le solaire tienne ses promesses dans la transition énergétique. Si le gouvernement souhaite réellement faire du photovoltaïque un pilier de sa stratégie, il devra cesser de sabrer les aides d’un côté tout en négligeant les maillons indispensables du système, comme le stockage.