À quoi servent les batteries solaires, et sont-elles réellement rentables ?

 
Simple effet de mode, ou véritable utilité ? Si le marché des batteries est en pleine expansion, voyons ensemble à quoi ces batteries peuvent servir au quotidien, et si elles sont rentables.
Anker Solix Solarbank 3 Pro

En quelques années, le marché des batteries solaires a explosé sur le marché français. Après les batteries portables de type EcoFlow, idéales pour des installations nomades ou provisoires, le secteur des batteries stationnaires se développe à vitesse grand V. La situation est telle que même le Powerwall de Tesla, jusqu’ici réservé à nos voisins européens, est désormais disponible dans l’Hexagone.

Dans cet article, revenons sur l’utilité de ces différentes batteries, et surtout sur leur rentabilité réelle. 

Le rôle d’une batterie solaire

De manière générale, le marché des batteries solaires se divise en deux catégories :

  • Les modèles portables, d’une capacité dépassant rarement les 5 kWh,
  • Les modèles stationnaires, de quelques kWh à plusieurs dizaines de kWh.

Le rôle des batteries de petite capacité, comme les EcoFlow River Pro, Bluetti Apex 3 et autre Jackery Explorer 2000 est plutôt évident : pouvoir profiter d’une quantité importante d’électricité à peu près n’importe où et n’importe quand. Elles remplacement, en quelque sorte, les groupes électrogènes.

Ces batteries ont l’avantage de pouvoir être rechargées en voiture grâce à une prise allume-cigare, sur une prise domestique ou même via des panneaux solaires. Une fois chargées, elles permettent d’alimenter de nombreux équipements grâce à leurs différentes prises intégrées. Il peut s’agir d’un simple ordinateur, d’un frigo ou même d’une machine à café pour les plus puissantes.

La EcoFlow Delta Pro 3 affiche une capacité de 4 kWh

Outre ces batteries nomades, dont la puissance peut parfois dépasser les 5 kWh, un autre marché se développe : celui des batteries solaires stationnaires. Les rôles de ces batteries sont multiples, en voici quelques usages. 

Une alimentation de secours en cas de coupure de courant

Le rôle d’alimentation de secours est un argument souvent mis en avant pour des batteries de toutes tailles, qu’elles soient stationnaires ou nomades. En fonction des modèles, de leur puissance et de leur capacité, ces batteries sont capables de réalimenter certains équipements de la maison en attendant que le réseau EDF soit de nouveau disponible.

Attention : En cas de coupure de courant, avant de réalimenter votre logement via une batterie ou un groupe électrogène, pensez à couper votre disjoncteur général, pour éviter tout risque pour les techniciens du gestionnaire de réseau.

Optimiser l’utilisation de sa propre production solaire, et les heures creuses

C’est le principal intérêt des batteries stationnaires solaires : les associer à une centrale photovoltaïque pour en optimiser la production. Elles ont ainsi pour rôle de stocker le surplus d’énergie qui n’est pas directement consommée pendant les heures les plus ensoleillées, pour permettre sa réutilisation lorsque la centrale solaire ne produit plus d’électricité. Dans ce cas de figure, les batteries font grimper le pourcentage d’autoconsommation de la production solaire, permettant ainsi une moins grande facture d’électricité. 

On estime que pour une centrale de 3 000 Wc, environ 20 % à 30 % de la production est directement utilisée par l’utilisateur, tandis que le reste est injecté sur le réseau national. Le recours à une batterie permet d’augmenter ce pourcentage, pour parfois atteindre jusqu’à 85 % d’autoconsommation.

Sur un aspect purement financier, certaines batteries permettent également de réduire la facture d’électricité en se rechargeant pendant les heures creuses, puis en permettant à l’utilisateur de profiter de cette électricité pendant les heures pleines. 

L’épineuse question de la rentabilité

Jusqu’à présent, Enedis incitait les particuliers à revendre le surplus de leur production photovoltaïque grâce à des tarifs de rachat attractifs, qui permettaient de rentabiliser leur installation entre 15 et 20 ans.

Mais en 2025, le gouvernement a fait évoluer le cadre réglementaire pour réduire le coût de rachat de l’électricité pour, au contraire, favoriser l’autoconsommation. En parallèle, le montant de la prime à l’autoconsommation, une prime destinée à faciliter l’investissement dans des panneaux solaires, a également été réduite.

Pour aller plus loin
L’arrêté S21 : ce que ça change pour l’énergie solaire en France et comment s’adapter pour en profiter

Cette nouvelle direction s’explique notamment par le fait qu’en été, une surproduction solaire déséquilibre le réseau national et engendre des prix de l’électricité négatifs. Favoriser l’autoconsommation est une manière de lisser les écarts entre la production et la consommation d’électricité.

Les 8 panneaux solaires Anker Solix IBC 455 W // Source : Vincent Sergère pour Frandroid

Dans cette même dynamique, depuis le 1er novembre 2025, EDF va faire progressivement évoluer les heures creuses. Ainsi, la majorité des utilisateurs, qui profitaient de 8 heures creuses la nuit, auront 2 périodes d’heures creuses, à savoir 5 heures la nuit minimum, et jusqu’à 3 heures en journée, pendant les pics de production d’électricité solaire.

Cette mesure a un impact direct sur les propriétaires de centrales photovoltaïques qui pouvaient profiter, jusqu’à présent, de leur propre électricité en journée, et de 8 heures creuses la nuit. Désormais, ils ne pourront plus profiter que de 5 heures creuses la nuit. 

Malgré cette tendance générale, il n’y a pas de réponse universelle à la question « une batterie solaire est-elle rentable ? ». La réponse dépend d’un grand nombre de facteurs qui sont propres à chaque installation, ainsi qu’à l’évolution de la réglementation. À titre d’exemple, à partir du 

Voici les différents paramètres qui ont une influence : 

  • Puissance de l’installation solaire. Elle conditionne non seulement la capacité de production potentielle de la centrale, mais également le montant des primes d’aides à l’installation.
  • Localisation et orientation de l’installation solaire. Une même centrale située à Aix-en-Provence et à Brest. Selon le simulateur PVGIS, une centrale de 3 kWc, orientée au sud et avec un angle de 35° pourra produire 3400 kWh par an à Brest, et 4700 kWh par an à Aix-en-Provence.
  • Le tarif de rachat de l’électricité, en cas de contrat avec EDF. Si les installations actuelles bénéficient généralement d’un tarif de 12,69 ct/kWh, les centrales installées après de 27 mars ont un tarif de 4 ct/kWh.
  • Le taux d’autoconsommation sans batterie. Si un utilisateur parvient à utiliser une grande partie de l’électricité produite par sa centrale, l’installation d’une batterie solaire sera moins intéressante.

Un exemple concret

Pour mieux comprendre l’impact des évolutions de réglementation sur la rentabilité d’une installation, rien de mieux qu’une simulation.

Prenons une installation de 3 kWc, orientée plein sud aux alentours de Brest. Selon le site PVGIS, celle-ci pourrait produire environ 3400 kWh par an. Pour un foyer consommant aux alentours de 5 000 kWh par an, voici le nombre d’années nécessaires pour rentabiliser le système.

  • Installation antérieure à 2025, avec l’ancien coût de rachat d’électricité fixé à 0,1269€/kWh, et un taux d’autoconsommation à 20% : 17 ans.
  • Installation en octobre 2025, avec le nouveau coût de rachat d’électricité fixé à 0,04€/kWh et un taux d’autoconsommation à 20% : 34 ans.
  • Installation en octobre 2025, sans contrat de rachat d’électricité, mais avec la mise en place d’une batterie de type Tesla Powerwall 3 permettant d’atteindre un taux d’autoconsommation à 85% : 26 ans.

En résumé, selon la nouvelle réglementation vis-à-vis de la production d’énergie photovoltaïque pour les particuliers, l’installation d’une batterie constitue un bon moyen d’améliorer la rentabilité du système.

Néanmoins, dans la majorité des cas, les conditions restent défavorables en comparaison à des centrales installées avant 2025, pour lesquelles le tarif de rachat de l’électricité était bien plus élevé et garanti sur 20 ans. 

De manière générale, il faut retenir que la rentabilité d’une batterie dépend principalement du pourcentage d’autoconsommation avec et sans la batterie en question.

C’est pourquoi, la mise en place d’une batterie pour des centrales photovoltaïques de faible puissance, comme les centrales plug-and-play pour balcon, est très rarement intéressante. Il est, en effet possible, d’optimiser l’utilisation de sa production en modifiant simplement ses habitudes de vie comme en faisant fonctionner le lave-vaisselle en début d’après-midi. 

À l’inverse, quitte à investir dans une batterie nomade pour voyager ou bricoler, autant choisir un modèle qui peut injecter du courant directement sur le réseau.

C’est le cas de la DJI Power 2000, qui a la capacité de se recharger automatiquement grâce à une centrale solaire pour balcon ou pendant les heures creuses, pour réinjecter le courant sur le réseau domestique. Cette démarche ne permet pas de faire significativement baisser la facture d’électricité en comparaison du prix de la batterie, mais permet de limiter le coût d’investissement. 

Panneaux solaires pour balcon Beem et Sunology

Comment bien dimensionner sa batterie solaire ?

Là encore, le dimensionnement d’une batterie solaire est une démarche complexe. Elle prend en compte une vaste nombre de paramètres qui dépendent de la situation de l’utilisateur. La capacité de la batterie se situe au carrefour de trois paramètres principaux  : 

  • La production électrique des panneaux solaires,
  • La consommation électrique du foyer,
  • Le degré d’autoconsommation visé.

Plusieurs paramètres peuvent être déterminés relativement facilement, comme la consommation électrique du foyer. Il est possible de retrouver les valeurs sur l’application du fournisseur d’énergie, ou de la consommer en estimant la conso de chaque appareil électrique du foyer. 

Ensuite, la production électrique des panneaux solaires peut être estimée via des sites comme le PVGIS, ou le plus accessible AutoCalSol, qui prennent en compte la localisation, l’inclinaison et l’orientation de l’installation solaire. 

À noter que ces deux paramètres varient en fonction de la saison. Si, en été, l’autonomie énergétique peut être atteinte relativement facilement avec une batterie, la situation en hiver peut être plus complexe. En effet, c’est à cette période que la consommation électrique est la plus importante, tandis que la production des panneaux photovoltaïques est la plus défavorable.

Le PVGIS permet même de simuler une installation hors-réseau comprenant des panneaux solaires et un système de stockage. Il permet donc de déterminer, sur une année, le nombre de jours ou la batterie sera vide.

Pour faciliter le dimensionnement, la plupart des fabricants proposent désormais des systèmes de stockage modulables et plug-and-play. Cela permet de commencer avec un module de base, et de le compléter au fur et à mesure pour atteindre le niveau d’autoconsommation souhaité. Cette solution permet également de faire évoluer le système avec la vie dans la maison. 

Utiliser sa voiture électrique comme batterie solaire ?

L’utilisation de l’électricité solaire est un véritable défi, à l’échelle d’une maison comme du pays. Non pilotable, comme l’énergie éolienne, elle nécessite une adaptation des habitudes de consommation, et une augmentation des capacités de stockage d’électricité. À l’avenir, les voitures électriques pourraient servir de batterie solaire pour optimiser l’utilisation de l’énergie solaire.

La nouvelle Renault 5 électrique est d’ailleurs dotée de la technologie bidirectionnelle V2H (Vehicle-to-Home). Cela signifie qu’elle peut non seulement se recharger, mais également fournir de l’électricité au foyer. En théorie, il serait donc possible de l’utiliser pour stocker le surplus d’énergie photovoltaïque pour le réutiliser plus tard dans la journée ou la soirée, à condition de ne pas amputer l’autonomie restante de la voiture.


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